Au moins une personne est morte d'après une ONG dans une des manifestations spontanées qui ont éclaté lundi au Venezuela, ponctuées d'échauffourées, après la réélection du président Nicolas Maduro. L'opposition affirme pouvoir «prouver» sa victoire.
Maria Corina Machado (gauche), leader de l'opposition et Edmundo Gonzalez (droite), le candidat de l'opposition à la présidentielle.
Des manifestants ont appelé Nicolas Maduro à "rendre le pouvoir".
Des manifestants ont brûlé ou piétiné des affiches à l'effigie du président.
Les manifestants, qui ont lancé des pierres, ont été dispersés par des tirs de grenades lacrymogènes alors qu'ils se rapprochaient du centre de la capitale Caracas.
Un mort dans les manifestations après la réélection de Maduro - Gallery
Maria Corina Machado (gauche), leader de l'opposition et Edmundo Gonzalez (droite), le candidat de l'opposition à la présidentielle.
Des manifestants ont appelé Nicolas Maduro à "rendre le pouvoir".
Des manifestants ont brûlé ou piétiné des affiches à l'effigie du président.
Les manifestants, qui ont lancé des pierres, ont été dispersés par des tirs de grenades lacrymogènes alors qu'ils se rapprochaient du centre de la capitale Caracas.
«Au moins une personne a été tuée dans (l'Etat de) Yaracuy (nord-ouest) et 46 personnes sont détenues» à la suite des événements post-électoraux, a écrit sur X Alfredo Romero, directeur de l'ONG Foro Penal, spécialisée dans la défense des prisonniers politiques.
«Qu'il rende le pouvoir maintenant», ont lancé lundi des milliers de manifestants dans plusieurs quartiers pauvres de Caracas. Certains ont brûlé des affiches à l'effigie du président, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Fraude «massive»
«C'est la fraude la plus massive au monde», s'insurge Luis Garcia, 23 ans, dans la foule des protestataires à Pétaré, dans l'est de Caracas. «Pour la liberté de notre pays! Pour l'avenir de nos enfants. Que Maduro s'en aille!», crie Marina Sugey, 42 ans.
Les manifestants, qui ont lancé des pierres, ont été dispersés par des tirs de grenades lacrymogènes alors qu'ils se rapprochaient du centre de la capitale.
Nicolas Maduro a été officiellement proclamé lundi président du Venezuela par le Conseil national électoral (CNE). Balayant les critiques de l'opposition et de la communauté internationale, il a dénoncé une tentative d'imposer un «coup d'Etat fasciste au Venezuela».
«Preuves de la victoire»
Lundi soir, la cheffe de l'opposition Maria Corina Machado, qui n'avait pu se présenter au scrutin car déclarée inéligible par le pouvoir, a assuré devant la presse que l'opposition avait les moyens de «prouver» la victoire de son candidat Edmundo Gonzalez Urrutia, discret diplomate qui l'avait remplacée au pied levé.
L'opposition a réuni 73% des bordereaux de résultats des bureaux de vote et selon elle, M. Gonzalez Urrutia a obtenu 6,27 millions de voix, contre 2,7 millions à Nicolas Maduro, proclamé vainqueur par le CNE.
Mme Machado a affirmé que ces «preuves de la victoire» ont été fournies à «des dirigeants» dans le monde et qu'elles seraient mises en ligne pendant la nuit.
La veille, le chef du CNE avait dénoncé une «agression contre le système de transmission des données qui a retardé» le décompte. Ces décomptes par bureaux de vote que réclament l'opposition et la communauté internationale ne sont pas disponibles. Le parquet a ouvert une enquête, évoquant l'implication de Mme Machado dans ce «piratage».
51,2% pour Maduro
Selon les résultats officiels du CNE, M. Maduro, héritier de l'ancien président Hugo Chavez (1999-2013), a été réélu pour un troisième mandat consécutif de six ans avec 5,15 millions de voix (51,2%). Edmundo Gonzalez Urrutia, 74 ans, en a recueilli un peu moins de 4,5 millions (44,2%), d'après le CNE.
L'opposition, qui espérait mettre fin à 25 années de pouvoir chaviste, avait aussitôt rejeté ce résultat. «Nous allons nous battre pour notre liberté», a assuré lundi soir M. Gonzalez Urrutia, rappelant à «toutes les institutions» leur «devoir constitutionnel de respecter la volonté populaire».
Il a néanmoins estimé que les «manifestations» du jour ne contribuaient pas à «l'objectif». A ses côtés, Mme Machado a préféré appeler à des «assemblées populaires» mardi à travers le pays.
Crise diplomatique
Si M. Maduro a reçu le soutien de la Russie et de la Chine ainsi que de ses alliés habituels (Cuba, Nicaragua, Honduras et Bolivie), il semble être isolé avec l'afflux de réactions négatives ou sceptiques de la communauté internationale.
Neuf pays d'Amérique latine (Argentine, Costa Rica, Equateur, Guatemala, Panama, Paraguay, Pérou, République dominicaine, Uruguay) ont ainsi appelé dans une déclaration commune à un «réexamen complet avec la présence d'observateurs électoraux indépendants».
Le Brésil et la Colombie, deux pays de gauche, ont demandé une vérification du dépouillement alors que les Etats-Unis ont affirmé «craindre que le résultat annoncé ne reflète pas la volonté ou le vote du peuple vénézuélien».
Caracas a réagi à cette levée de boucliers en retirant son personnel diplomatique de sept pays d'Amérique latine (Argentine, Chili, Costa Rica, Panama, Pérou, République dominicaine et Uruguay), estimant que leur position «porte atteinte à la souveraineté nationale».
Le Venezuela a aussi annoncé suspendre à partir de mercredi les vols avec le Panama et la République dominicaine, dénonçant des «actions d'ingérence» de ces gouvernements.
«Un désastre»
«Ce n'est pas le résultat idéal pour Maduro», a estimé Rebecca Hanson, de l'Université de Floride. «En termes d'acquisition d'une certaine légitimité internationale – ce qui était un objectif de M. Maduro -, cette élection a été un désastre».
La campagne et le scrutin se sont déroulés dans une ambiance tendue, l'opposition dénonçant de nombreuses intimidations et arrestations.