Une carte d'identité pour voterUn premier vrai test pour la majorité de Rishi Sunak
fazw
4.5.2023 - 09:34
Les électeurs votent jeudi en Angleterre dans un scrutin local test pour le Premier ministre Rishi Sunak et les conservateurs au pouvoir, en difficulté avant des législatives prévues pour l'année prochaine.
Keystone-SDA, fazw
04.05.2023, 09:34
04.05.2023, 21:24
ATS
Plus de 8000 sièges sont en jeu dans 230 collectivités locales à travers l'Angleterre. Les bureaux de vote ont ouvert à 07h00 (08h00 en Suisse) et fermeront à 22h00 (23h00 en Suisse) avec une exigence inédite, celle de présenter une pièce d'identité pour pouvoir voter.
Ce changement crée des remous et a été dénoncé par ses opposants comme une menace sur la démocratie en raison du nombre d'électeurs qui risquent d'être exclus. Dans les rangs des travaillistes, certains députés dénoncent une décision destinée à contrer l'avance qui est la leur, selon les sondages.
L'association Electoral Reform Society, opposée à cette nouvelle obligation, a affirmé avoir constaté «des exemples innombrables» d'électeurs empêchés de voter. Mais l'Association of Electoral Administrators, qui rassemble les administrateurs locaux des scrutins, a assuré en début d'après-midi que le vote se déroulait «aussi bien que d'habitude».
Pas de miracle attendu
Ces élections, dont le taux de participation est traditionnellement bas, sont les premières pour Rishi Sunak, arrivé au pouvoir fin octobre après la succession de scandales de l'ère Boris Johnson et les 49 jours chaotiques de Liz Truss à Downing Street.
Rishi Sunak n'attend pas de miracle. «Nous avons toujours dit que ce serait des élections difficiles pour nous», a déclaré, mercredi, le Premier ministre.
Selon le spécialiste des sondages John Curtice, politologue à l'université écossaise de Strathclyde, une avance de plus de dix points des travaillistes sur les conservateurs laisse augurer une victoire de l'opposition lors des élections générales qui doivent se tenir d'ici à fin 2024. Leur date n'est pas encore fixée.
Le souvenir de Blair et Cameron
Avant d'arriver au pouvoir, respectivement en 1997 et 2010, le travailliste Tony Blair et le conservateur David Cameron avaient tous deux remporté des succès avec une avance à deux chiffres aux élections locales précédant les élections générales, a souligné M. Curtice sur la BBC.
Lors de leur dernier face-à-face d'avant scrutin, mercredi au Parlement, le chef de l'opposition, Keir Starmer, s'en est pris aux conservateurs, au pouvoir depuis treize ans. Il a évoqué les prêts de deux millions de Britanniques qui vont devoir payer davantage pour leur emprunt parce que le parti de Rishi Sunak «a utilisé leur argent comme un casino», en référence aux conséquences des décisions financières hasardeuses de Liz Truss qui ont fait bondir les taux d'intérêt. En réponse, Rishi Sunak lui a opposé les «impôts locaux plus élevés» et les «promesses brisées» des travaillistes.
Plus ou moins de 1000 sièges perdus?
Les enquêtes d'opinion montrent que les électeurs sont principalement préoccupés par l'inflation, qui dépasse les 10% depuis des mois, et la crise du système public de santé, frappé par des grèves à répétition, et notamment un mouvement des infirmières.
Les sondages les plus défavorables prédisent une perte de 1000 élus pour les conservateurs. Ces derniers estiment qu'un recul en deçà du millier de sièges équivaudrait à une victoire.
Les résultats sont attendus très progressivement au fil de la journée, vendredi, à la veille du couronnement du roi Charles III à l'abbaye de Westminster.
Un «focus group», un groupe de discussion d'électeurs destiné à sonder l'humeur de l'opinion publique, a livré un verdict cinglant sur les conservateurs, bien que Rishi Sunak s'en sorte un peu mieux personnellement. Invités par le cercle de réflexion «More in Common» (Plus en commun) à décrire l'état du Royaume-Uni en un mot, les participants ont cité «cassé», «pagaille», «bazar», «difficultés» et «crise».
Et même parmi les élus locaux Tories, souvent considérés comme des soutiens de Boris Johnson, certains semblent peu convaincus par l'actuel Premier ministre. Selon un sondage du cabinet Savanta publié jeudi, un quart d'entre eux se disent «insatisfaits» de la direction du parti, et un tiers «insatisfaits» de la direction du pays.