Le social-démocrate italien David Sassoli a été élu mercredi à la présidence du Parlement européen. Sa nomination intervient au lendemain de l'accord au forceps conclu par les dirigeants des 28 à Bruxelles pour répartir les postes clés de l'UE.
L'ancien journaliste de télévision, eurodéputé depuis 2009, succède pour un mandat de deux ans et demi à son compatriote Antonio Tajani (PPE, droite) au perchoir de l'assemblée, où les rapports de forces politiques ont été chamboulés par les élections de fin mai.
Ce candidat surprise a été élu à Strasbourg à l'issue du deuxième tour d'un vote à bulletins secrets, avec 345 voix (sur 667 votes considérés comme valides), après être déjà arrivé en tête d'un premier round, mais sans la nécessaire majorité absolue des votes exprimés. L'Italien avait pour concurrente la députée écologiste allemande Ska Keller (119 voix au deuxième tour), l'Espagnole d'extrême-gauche Sira Rego (43) et le conservateur eurosceptique tchèque Jan Zahradil (160).
«Relancer notre projet d'intégration»
«Nous devons avoir le courage de relancer notre projet d'intégration, nous devons faire évoluer notre Union» pour qu'elle soit plus réactive «aux exigences des citoyens», a déclaré M. Sassoli dans l'hémicycle juste après l'annonce de son élection.
La question migratoire a été l'un des premiers dossiers mis en avant par le nouveau président. «Il faut modifier le Règlement de Dublin», a-t-il insisté, en référence à cette législation confiant la responsabilité d'une demande d'asile aux pays de première entrée dans l'UE. Et qui fait peser un fardeau disproportionné sur des pays comme l'Italie ou la Grèce.
Le PPE, dont le groupe au Parlement est le plus large (182 députés) devant celui des sociaux-démocrates (154), n'avait pas présenté de candidat pour ce poste, prenant acte du partage des hauts-postes européens décidé la veille par les 28 à Bruxelles. Le groupe libéral du Parlement, Renew Europe (108 députés), où siègent les macronistes français, avait pris la même décision.
La présidence du Parlement faisait partie des hautes fonctions de l'UE à se répartir équitablement entre grandes familles politiques européennes, même si le poste est beaucoup moins convoité que celui de président de la Commission.
Soutien de Manfred Weber
Pour succéder au Luxembourgeois Jean-Claude Juncker début novembre, les dirigeants des Etats membres sont tombés d'accord mardi, à l'issue d'un sommet marathon, sur le nom de la ministre allemande Ursula von der Leyen, une proche de la chancelière Angela Merkel.
Prenant acte de l'attribution de ce poste au PPE, groupe dont il est le chef, l'Allemand Manfred Weber s'était dit «prêt à soutenir» le candidat du groupe concurrent des sociaux-démocrates pour le perchoir du Parlement.
M. Weber a ainsi renoncé à se présenter lui-même après avoir déjà jeté l'éponge pour la tête de la Commission. Il estimait pourtant que ce dernier poste lui revenait, en tant que candidat tête de liste («Spitzenkandidat») du parti ayant recueilli le plus de voix aux élections européennes de mai.
Mais c'était sans compter sur l'hostilité de plusieurs dirigeants d'Etats membres, et surtout celle du président français Emmanuel Macron face à un candidat jugé sans envergure suffisante pour la fonction.
Timmermans écarté
Les sociaux-démocrates du Parlement européen ont également fustigé le «paquet» conclu par les dirigeants des 28, même s'ils héritent du poste de chef de la diplomatie pour l'Espagnol Josep Borrell.
Ils jugeaient que la présidence de la Commission devait revenir à l'un des leurs, le Néerlandais Frans Timmermans. Mais ce dernier a pâti notamment de la fronde des pays du groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, République tchèque, Slovaquie).
Pour la présidence de la Commission, les jeux ne sont pas encore faits pour Mme von der Leyen, qui s'est rendue mercredi après-midi au Parlement européen où elle a participé à une réunion du PPE. Son choix par les 28 doit en effet recevoir le feu vert de la majorité du Parlement européen, lors d'un vote programmé à Strasbourg la semaine du 15 juillet.
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