Le ton se durcitUn sommet du G7 pour presser la Russie et s'unir face à la Chine
ATS
16.5.2023 - 07:02
Les dirigeants du G7 se réunissent cette semaine à Hiroshima (ouest du Japon) pour durcir le ton face à la Russie 15 mois après son invasion de l'Ukraine et adopter une ligne commune vis-à-vis de la superpuissance chinoise.
Keystone-SDA
16.05.2023, 07:02
ATS
Ce sommet de trois jours, à partir de vendredi, des principales démocraties industrialisées couvrira tous les domaines, de l'énergie à l'intelligence artificielle, mais l'accent sera mis sur les failles permettant à Moscou d'atténuer l'impact des sanctions du G7 sur son économie.
Les chefs d'Etat et de gouvernement devraient se montrer prudents à l'égard de Pékin, en affichant d'un côté leur unité sur Taïwan et en voulant rendre les chaînes d'approvisionnement moins dépendantes de la Chine, tout en s'efforçant d'éviter d'attiser les tensions.
La réunion des ministres des Affaires étrangères du G7 en avril s'était concentrée sur Pékin avec une mise en garde contre ses «activités de militarisation» en mer de Chine méridionale.
Les chefs de la diplomatie du G7 avaient alors également insisté sur le fait qu'il n'y avait «aucun changement» de leur position sur Taïwan après que le président français Emmanuel Macron, au retour d'un voyage en Chine, eut déclaré que l'Europe devrait éviter d'être prise dans «des crises qui ne sont pas les (siennes)».
Le sommet de Hiroshima devrait approuver le retrait de chaînes d'approvisionnement cruciales de l'influence chinoise. Washington a déjà adopté une approche ferme sur le sujet, bloquant l'accès de Pékin aux semi-conducteurs les plus avancés et aux équipements nécessaires à leur fabrication, et a convaincu Tokyo et La Haye de faire de même.
Une réduction des risques
L'Europe doit «recalibrer» ses relations avec la Chine, a déclaré la semaine dernière le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. «Nous recherchons une approche multidimensionnelle de nos relations économiques avec la Chine», a aussi souligné lundi la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Mais «cette approche se caractérise par une réduction des risques et non par un découplage», a-t-elle assuré.
Mme von der Leyen a cité des exemples précis de tentatives chinoises de coercition économique visant la Lituanie, le Japon et l'Australie. «Nous sommes les plus vulnérables à la coercition (...) là où les dépendances s'accumulent. C'est pourquoi nous prenons des mesures», a-t-elle ajouté, estimant que les matières premières essentielles constituaient un domaine d'action.
Membre non énuméré du G7 en tant qu'organisation supranationale, l'Union européenne a déjà récemment irrité Pékin en proposant de restreindre ses exportations de technologies sensibles à huit entreprises chinoises soupçonnées de réexpédier ensuite ces produits vers la Russie.
Le sommet de Hiroshima devrait préconiser des mesures similaires pour combler les failles des sanctions que les pays du G7 (Etats-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Canada) ont imposées à la Russie.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui vient de faire une tournée en Europe, s'adressera au sommet en vidéoconférence. «Je m'attends à ce que les questions clés soient le respect et l'application des sanctions, en particulier dans les pays du Sud non alignés, et l'abaissement potentiel du plafond des prix du pétrole (russe, NDLR), que l'Ukraine réclame», estime Maria Snegovaya, spécialiste de la Russie au Centre d'études internationales et stratégiques (Csis) de Washington.
Messages anti-occidentaux
Une liste inhabituellement longue d'invités non membres du G7 a été établie. Les dirigeants de l'Inde, du Brésil et de l'Indonésifigurent parmi les participants.
Si la guerre en Ukraine a redonné de l'importance au G7, le Japon et d'autres pays de ce groupe estiment que des efforts supplémentaires sont nécessaires pour attirer des Etats non alignés qui hésitent à prendre parti.
Le G7 ressent d'autant plus ce besoin d'ouverture que le G20 est lui dans l'impasse, la Chine et la Russie s'opposant à toute référence à la guerre en Ukraine.
Le Japon estime que la Chine et, dans une moindre mesure, la Russie, voient leur influence augmenter dans les pays du Sud grâce à l'aide économique et à leurs «messages anti-occidentaux», observe Chris Johnstone, un autre expert du Csis.
Selon des responsables nippons, le G7 à Hiroshima devrait aussi faire une déclaration sur le désarmement nucléaire, un sujet cher au Premier ministre japonais Fumio Kishida, qui a choisi d'organiser le sommet dans cette ville ravagée par la première bombe atomique de l'histoire en 1945, tout en étant son propre fief électoral.