Duel incertain Une dure campagne s'ouvre pour Macron et Le Pen

ATS

11.4.2022 - 11:51

Emmanuel Macron et Marine Le Pen entament lundi une campagne acharnée en vue du second tour de l'élection présidentielle française. Ils doivent convaincre des électeurs peu emballés par ce duel et aux réactions imprévisibles.

Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont deux semaines pour convaincre les électeurs.
Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont deux semaines pour convaincre les électeurs.
ATS

«Rien n'est joué», «c'est une nouvelle campagne qui commence»... Les deux camps ont insisté sur l'importance des deux prochaines semaines avant le second tour, pour lequel les sondages prévoient une victoire d'Emmanuel Macron beaucoup plus étriquée qu'en 2017.

Le président sortant est arrivé en tête du premier tour dimanche soir avec 27-28% des voix, contre 23-24% pour sa rivale d'extrême droite. Il recueillerait entre 54% et 51% des voix au second tour, contre 46-49% pour son adversaire, selon des sondages réalisés dimanche après le premier tour.

«Rien n'est joué»

Le président-candidat repart dès lundi en terres lepénistes à Denain (Nord). Après une campagne jugée trop courte et prudente avant le premier tour, il sera mardi à Mulhouse, et à Strasbourg qui a voté à plus d'un tiers pour Jean-Luc Mélenchon.

De son côté, Marine Le Pen a prévu lundi de réunir ses cadres à Paris pour faire le point sur la stratégie du second tour. Avant de tenir mardi une conférence de presse sur la «démocratie» et l'"exercice du pouvoir».

«Cette élection, il va falloir aller la chercher, parce que rien n'est joué», a reconnu lundi matin le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal sur France Inter.

Juste après sur la même radio, le président du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, s'est dit convaincu que sa candidate bénéficierait d'un fort report des suffrages parmi «les 70% de Français qui ont voté contre» le président sortant. Il a dit ne «pas croire» au «front républicain» contre son parti.

Appel à l'aide de Pécresse

Trois candidats malheureux à gauche, l'écologiste Yannick Jadot, le communiste Fabien Roussel et la socialiste Anne Hidalgo ont explicitement appelé leurs électeurs à voter Emmanuel Macron. La candidate LR Valérie Pécresse a annoncé pour sa part son intention de voter «en conscience» pour Emmanuel Macron.

Les deux finalistes vont devoir mobiliser les électeurs alors que le premier tour a été marqué par une forte abstention de 25,14% et une désagrégation spectaculaire des deux partis de gouvernement de la Ve République, qui ont réalisé le pire score de leur histoire: avec moins de 2% pour la socialiste Anne Hidalgo et moins de 5% pour Mme Pécresse, vainqueur de la primaire de la droite à l'automne.

La candidate LR a lancé lundi un appel à une «aide d'urgence» pour «boucler le financement» de sa campagne. «Il en va de la survie des Républicains, et au-delà de la survie de la droite républicaine», a-t-elle lancé devant la presse depuis le siège du parti.

Cohabitation Mélenchon-Macron?

En principale ligne de mire des deux candidats, figurent les électeurs du candidat de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon, arrivé troisième sur les talons de Mme Le Pen avec près de 22% des voix.

Le leader de La France Insoumise (LFI) a répété dès dimanche soir que «pas une voix» ne devait aller à l'extrême droite, sans pour autant appeler à voter M. Macron. Une position réitérée lundi matin par son numéro 2 Adrien Quatennens, pour qui «l'extrême droite n'est en aucun cas une option. Le peuple n'a rien à gagner d'une victoire de Marine Le Pen».

Il a toutefois ajouté que «la responsabilité totale de ce qui va se passer au second tour incombe au principal protagoniste, Emmanuel Macron». L'ambition de LFI est désormais d'"imposer une cohabitation» à M. Macron à l'issue des législatives de juin, a-t-il précisé.

Chasse aux électeurs de gauche

La chasse aux électeurs de gauche est lancée. Lundi matin, M. Attal a insisté sur le bilan social de M. Macron, qui a pourtant du mal à se débarrasser de l'étiquette de «président des riches». «On a beaucoup fait pour réduire les fractures», a assuré M. Attal.

Jordan Bardella a de son côté estimé que «beaucoup de ceux qui ont voté pour Jean-Luc Mélenchon ne veulent pas de la retraite à 65 ans, ne veulent pas remettre la politique de la France entre les mains de cabinets privés et voteront pour Marine Le Pen au second tour».