Gaza Une frappe meurtrière a visé un entrepôt de l'ONU

ATS

13.3.2024 - 21:35

L'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens a annoncé mercredi qu'une frappe israélienne avait touché l'un de ses entrepôts dans la bande de Gaza. L'attaque a fait au moins un mort, au moment où les efforts s'accélèrent pour acheminer de la nourriture vers Gaza.

Sur le terrain, les combats se poursuivent notamment dans le sud, dans la ville de Khan Younès, où l'armée a annoncé avoir encore «intensifié ses opérations» (archives).
Sur le terrain, les combats se poursuivent notamment dans le sud, dans la ville de Khan Younès, où l'armée a annoncé avoir encore «intensifié ses opérations» (archives).
AFP

Keystone-SDA

«Au moins un employé de l'Unrwa a été tué et 22 autres blessés dans une frappe israélienne contre un centre de distribution de nourriture dans l'est de Rafah», indique un communiqué de l'Unrwa. Le ministère de la Santé du Hamas a fait état de quatre morts dans le «bombardement» de l'entrepôt. Sollicitée par l'AFP, l'armée israélienne n'a pas répondu dans l'immédiat.

«L'attaque d'aujourd'hui sur l'un des rares centres de distribution de l'Unrwa encore opérationnels dans la bande de Gaza intervient au moment où la malnutrition, voire la famine dans certaines zones, s'étend» dans le territoire, a souligné le commissaire général de l'Unrwa, le Suisse Philippe Lazzarini.

«Menace constante»

«Comment pourrons-nous poursuivre nos opérations d'aide quand nos équipes et nos entrepôts se trouvent constamment menacés?», a réagi le chef du bureau des opérations humanitaires de l'ONU (Ocha) Martin Griffiths. «Ils doivent être protégés. Cette guerre doit cesser», a-t-il ajouté.

Face à l'urgence humanitaire, plusieurs pays ont décidé de mettre en place des voies alternatives, par mer et par air, pour faire parvenir des cargaisons d'aide à la population. L'aide par voie terrestre n'entre en effet qu'au compte-gouttes dans la bande de Gaza, principalement depuis l'Egypte, soumise au contrôle d'Israël qui impose un siège total au territoire depuis le début de la guerre.

Un premier bateau chargé de 200 tonnes de vivres a quitté mardi Chypre pour Gaza en empruntant un couloir maritime mis en place par l'Union européenne. Ce navire de l'ONG espagnole Open Arms faisait route mercredi dans la Méditerranée à une allure très lente.

Un deuxième bateau prêt

Chypre, distante d'environ 370 kilomètres du territoire palestinien, a annoncé qu'un deuxième bateau était prêt à partir avec une cargaison plus importante. Les autorités du Hamas ont toutefois jugé que l'arrivée de cette aide était insuffisante face à la crise humanitaire dans la bande de Gaza.

«Vu ce qui a été annoncé, la cargaison du bateau ne dépasse pas celle d'un ou deux camions et va mettre des jours à arriver», a dit un porte-parole du gouvernement du Hamas. Selon les dernières données des autorités israéliennes, la cargaison moyenne des camions entrés dimanche à Gaza était de près de 22 tonnes. La cargaison acheminée par le bateau parti de Chypre équivaut donc à neuf camions.

«Nous ne savons pas encore où il va accoster, comment (l'aide) va atteindre la côte de Gaza» et où elle sera «inspectée» par l'armée israélienne, a encore dit le responsable du Hamas.

Bateaux américains

Quatre bateaux de l'armée américaine ont également quitté les Etats-Unis avec une centaine de soldats et l'équipement nécessaire à la construction d'une jetée et d'un quai à Gaza pour débarquer l'aide d'humanitaire. Le voyage doit prendre 30 jours environ et l'installation sera prête «d'ici 60 jours», selon les autorités américaines.

Depuis une dizaine de jours, plusieurs pays arabes et occidentaux, dont les Etats-Unis, parachutent quotidiennement des repas et des cargaisons d'aide médicale sur Gaza, en particulier sur le nord.

La situation est particulièrement grave dans cette partie du territoire, où l'aide qui arrive par le sud ne parvient que très difficilement en raison des combats et des pillages.

«Impuissance»

Mais l'ONU ne cesse d'affirmer que les envois par mer ou les parachutages ne peuvent se substituer à la voie terrestre. Selon le ministère de la Santé du Hamas, au moins 27 personnes sont déjà mortes à Gaza de malnutrition et de déshydratation.

La secrétaire générale d'Amnesty International, Agnès Callamard, a de son côté estimé que «le largage aérien, la construction d'un port, sont des signes d'impuissance et de faiblesse de la part de la communauté internationale». Pour elle, «la communauté internationale doit être prête à demander des comptes à Israël» concernant les problèmes pour acheminer l'aide par la route.

L'armée israélienne a elle autorisé mardi, pour la première fois, l'entrée de six camions du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies directement dans le nord de Gaza.

Le PAM estime qu'il faudrait 300 camions par jour pour répondre aux besoins immenses des quelque 2,4 millions d'habitants du territoire.

«Quoi qu'il en coûte»

Sur le terrain, les combats se poursuivent notamment dans le sud, dans la ville de Khan Younès, où l'armée a annoncé avoir encore «intensifié ses opérations». Les Etats-Unis, le Qatar et l'Egypte ne sont pas parvenus à arracher un accord de trêve qu'ils avaient espéré avant le début du ramadan lundi.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu se dit déterminé à vaincre le Hamas. Il a annoncé une prochaine offensive terrestre sur la ville de Rafah, où s'entassent, selon l'ONU, un million et demi de Palestiniens.

«Israël remportera cette guerre quoi qu'il en coûte. Et pour la gagner, Israël doit détruire les derniers bataillons du Hamas à Rafah», a dit M. Netanyahu.