Royaume-Uni Une minute de silence, un an après le premier confinement

ATS

23.3.2021 - 14:56

Le plus endeuillé d'Europe, le Royaume-Uni a observé une minute de silence mardi pour rendre hommage à ses 126'000 morts de la pandémie. Il y a un an, le premier confinement a été mis en place et le pays a traversé une période parmi les «plus difficiles» de son histoire.

Le plus endeuillé d'Europe, le Royaume-Uni a observé une minute de silence mardi pour rendre hommage à ses 126'000 morts de la pandémie. (archives)
Le plus endeuillé d'Europe, le Royaume-Uni a observé une minute de silence mardi pour rendre hommage à ses 126'000 morts de la pandémie. (archives)
KEYSTONE/EPA/ANDY RAIN

Ce triste anniversaire a été marqué à travers le pays au moment où une campagne de vaccination anti-Covid massive, l'une des plus avancées au monde, offre l'espoir d'une porte de sortie après les strictes restrictions instaurées début janvier, pour la troisième fois.

A midi (12h00 GMT), le pays s'est figé dans le silence, au Parlement, devant les hôpitaux et ailleurs, pour saluer les morts et les soignants de première ligne, avant que ne résonnent les cloches d'église.

«Alors que nous attendons impatiemment un avenir meilleur ensemble, aujourd'hui nous marquons une pause pour penser au chagrin et au deuil qui continuent d'être ressentis par tant de gens et de familles», a indiqué la reine Elizabeth II, dans un message accompagnant un bouquet de fleurs envoyé à l'hôpital londonien où a récemment séjourné son époux, le prince Philip.

Dans le cadre de cette «Journée de la réflexion», les Britanniques sont également invités à allumer une lumière sur leur pas de porte à 20h00 tandis que s'illumineront des monuments nationaux, comme le London Eye à Londres.

Volte-face de Boris Johnson

Le soir du 23 mars 2020, le Premier ministre Boris Johnson s'était résolu à annoncer, dans le sillage d'autres pays européens, le confinement immédiat du Royaume-Uni, qui comptait alors plus de 330 morts, avec la fermeture des écoles, musées, restaurants, et l'obligation de rester chez soi.

Alors critiqué pour sa désinvolture face au virus, le dirigeant conservateur se vantait encore trois semaines plus tôt d'avoir serré les mains de malades du Covid-19 lors d'une visite à l'hôpital.

Un an plus tard, le pays en est à son troisième confinement, décrété début janvier pour enrayer une vague très mortelle attribuée à un variant anglais plus contagieux. Il affiche plus de 126'000 morts, le bilan le plus lourd en Europe, et plus de 4,3 millions de contaminations.

Constatant que l'année écoulée avait «testé la détermination et résistance» des Britanniques, le prince Charles, touché par une forme légère du Covid-19, a estimé qu'ils émergeaient de ce moment «avec une confiance renouvelée les uns envers les autres».

Enquête publique

Boris Johnson, qui avait été hospitalisé en soins intensifs avec la maladie, a appelé les Britanniques à «réfléchir à l'année passée, l'une des plus difficiles de l'histoire de notre pays».

Le ministre de la Santé Matt Hancock a estimé «essentiel» de tirer les leçons de l'année écoulée. Il s'est toutefois montré réticent à l'instauration d'une enquête publique réclamée par le chef de l'opposition travailliste, Keir Starmer, sur la gestion de la crise par le gouvernement conservateur, régulièrement mis en cause pour son approche chaotique.

L'exécutif a toutefois réussi le tour de force d'avoir administré une première dose à plus de la moitié des adultes, dont Elizabeth II, depuis le lancement de la campagne d'immunisation début décembre, soit près de 28 millions de personnes. Il compte en profiter pour lever très progressivement les restrictions d'ici à fin juin.

Des limitations drastiques seront toutefois maintenues aux frontières pour éviter d'importer des variants potentiellement plus résistants aux vaccins, alors que Boris Johnson a prévenu que la vague actuellement observée sur le continent européen risquait de toucher aussi son pays.

Bras de fer

Cet anniversaire intervient en plein bras de fer sur les fournitures du vaccin AstraZeneca, l'un des deux utilisés au Royaume-Uni avec le Pfizer/BioNTech, avec l'Union européenne, qui a menacé de bloquer les exportations des doses produites sur son territoire. Londres a estimé qu'une telle mesure serait «contre-productive», Boris Johnson appelant lundi à la «coopération internationale» en matière de vaccins.

Mais même si les vaccins peuvent endiguer la propagation du virus, le Royaume-Uni risque, à défaut de réformes urgentes, de continuer à ressentir les effets de la pandémie pendant une décennie au moins en termes de santé et de précarité, a prévenu la British Academy, académie nationale des sciences humaines et sociales.