ONU Une ONU polarisée ancre la pression sur le Bélarus et la Birmanie

sn, ats

24.3.2021 - 19:28

L'ONU veut des élections «libres» et «régulières» au Bélarus. Après un mois de travaux, le Conseil des droits de l'homme à Genève a aussi maintenu mercredi sa surveillance sur la Birmanie. Ses discussions auront montré une polarisation grandissante entre puissances.

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KEYSTONE/Salvatore Di Nolfi

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Confrontés aux tensions politiques, mais aussi au manque de liquidités pour l'organisation et les mécanismes des droits humains, les Etats membres n'auront pas lancé de nouveau mécanisme international indépendant. Des ONG ou, dans le cas du Bélarus, l'opposante en exil Svetlana Tikhanovskaïa, demandaient de tels dispositifs.

Sur le Bélarus comme sur le Sri Lanka, la Haute commissaire aux droits de l'homme Michelle Bachelet et son bureau seront chargés de collecter et de préserver des preuves des exactions perpétrées, considérées par certains comme de possibles crimes contre l'humanité. Sur le premier, les Etats membres sont allés un peu plus loin que lors du débat urgent de septembre dernier.

Ils ont demandé des élections «libres» et «régulières» aux autorités bélarusses, plusieurs mois après la reconduction controversée du président Alexandre Loukachenko. Autre situation très exposée, ils ont à nouveau condamné le coup d'Etat en Birmanie et ont ciblé le recours excessif à la force.

Ils ont à nouveau réclamé la libération des milliers de détenus, dont le président Win Myint et la cheffe du gouvernement élu Aung San Suu Kyi. Le Conseil des droits de l'homme appelle les dirigeants militaires à laisser entrer sur leur territoire l'émissaire de l'ONU, la Zurichoise Christine Schraner Burgener, et le rapporteur spécial Thomas Andrews.

«Humilité» de l'administration Biden

De son côté, le chef du Mécanisme international indépendant d'investigation sur la Birmanie (MIII) a relevé qu'il continuait à recueillir des indications sur de possibles crimes contre l'humanité. Mme Schraner Burgener et M. Andrews avaient tous deux estimé que les actes perpétrés pourraient équivaloir à telles atrocités.

Dix ans après le début d'un conflit qui a fait près de 390'000 victimes, les Etats membres ont aussi prolongé la Commission d'enquête internationale indépendante sur la Syrie. De même que celle sur les droits de l'homme au Soudan du Sud.

Depuis un mois, les discussions auront également montré l'augmentation de la polarisation entre grandes puissances au sein de l'instance et sur les droits humains. Une situation attendue avec le retour de quatre des cinq membres permanents du Conseil de sécurité au sein de l'instance onusienne et celui des Etats-Unis comme observateurs.

Après le retrait sous Donald Trump, Washington aura affiché la volonté du président Joe Biden de relancer la collaboration multilatérale de son pays. Candidat à un siège au Conseil dès l'année prochaine, le gouvernement américain a brandi une «humilité» et une ouverture aux critiques sur les violences policières contre les Afro-Américains.

Il a même piloté une déclaration commune avec plus de 150 pays, dont la Suisse, contre le racisme systémique. Un message que le chargé d'affaires américain Mark Cassayre aura multiplié ces dernières semaines devant l'instance onusienne et dans une campagne médiatique.

Chine et Russie largement visées

De quoi égratigner en revanche les Etats comme la Russie et la Chine qui, selon lui, refusent de parler des violations chez eux. Là aussi, les Etats-Unis ont lancé avec des dizaines d'autres Etats, dont la Suisse, une déclaration conjointe pour que les responsabilités soient établies quel que soit le pays.

S'ils redeviennent membre, ils «pousseront pour que le Conseil aborde les situations des droits de l'homme» partout, dit M. Cassayre qui promet que l'administration Biden maintiendra son attention sur les activités à Genève. Pékin aura elle rendu coup pour coup aux attaques sur le Xinjiang où sont internés plus d'un million d'Ouïghours.

Plus largement, la session a montré l'importance grandissante des déclarations conjointes, remarquées ces dernières années sur l'affaire Khashoggi ou contre la Chine. L'Egypte, l'Ethiopie, pour la situation au Tigré, ou la Russie pour l'affaire de l'opposant Alexeï Navalny auront été ciblées. «Les déclarations conjointes sont un outil parmi d'autres», estime M. Cassayre. Elles permettent de «réunir un plus grand nombre de pays» mais ne remplacent pas les décisions des résolutions.

Et le Conseil aura montré une fois de plus qu'il s'adapte aux restrictions liées à la pandémie. Pour la première fois, les discussions auront été menées entièrement en ligne et les votes à distance. Aucun problème n'a été observé.