Selon Josep BorrellUne victoire de Moscou en Ukraine serait un échec pour Trump
AFP
11.11.2024
Une victoire de la Russie dans la guerre contre l'Ukraine représenterait un échec pour les États-Unis, a déclaré lundi à Kiev à l'AFP le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, sur fond d'inquiétudes quant à la poursuite de l'aide américaine à ce pays sous Donald Trump.
AFP
11.11.2024, 16:10
Marc Schaller
«Il est certain que ce ne serait pas une victoire pour les dirigeants américains si l'Ukraine s'effondre et que Poutine gagne la guerre», a prévenu M. Borrell dans un entretien accordé à l'AFP.
Josep Borrell est le premier haut fonctionnaire de l'Union européenne à visiter Kiev depuis le triomphe du républicain à la présidentielle américaine la semaine dernière.
Sa visite intervient aussi à un moment difficile sur le front pour les forces ukrainiennes, épuisées par bientôt trois ans d'invasion russe à grande échelle.
Les Ukrainiens s'inquiètent
La réélection de Donald Trump a mis les nerfs en pelote en Ukraine et en Europe, qui craignent qu'il ne mette fin au soutien américain, crucial pour Kiev.
Lors de sa campagne, M. Trump a mis en doute le maintien de l'aide militaire et financière américaine à l'Ukraine et déclaré qu'il pourrait conclure un accord rapide pour mettre fin à cette guerre.
Ce dernier voyage de M. Borrell en Ukraine avant son départ de ce poste en décembre vise à rassurer Kiev sur le soutien de l'Europe.
Le Kremlin a démenti lundi l'information du journal américain Washington Post selon laquelle Donald Trump et Vladimir Poutine se seraient entretenus par téléphone la semaine dernière au sujet de la guerre en Ukraine.
M. Borrell a dit n'avoir aucune indication que les deux hommes s'étaient déjà parlés, mais a ajouté qu'ils se parleraient «certainement».
«Ce n'est pas une surprise», a-t-il déclaré, soulignant que des dirigeants européens tels que le chancelier allemand Olaf Scholz avaient également déclaré qu'ils étaient prêts à parler à Poutine. «Cela fait partie du jeu».
«Je ne peux pas anticiper quelle sera la position des États-Unis»
L'Europe a dépensé conjointement environ 125 milliards de dollars pour soutenir l'Ukraine depuis l'invasion russe de 2022, tandis que les États-Unis ont débloqué plus de 90 milliards de dollars, selon les estimations de l'Institut de Kiel.
«Je ne peux pas anticiper quelle sera la position des États-Unis», a déclaré Borrell. «Mais permettez-moi de dire une chose: nous devons échapper à la logique selon laquelle les États-Unis agissent et que nous, l'Europe, réagissions, nous devons avoir notre propre capacité d'action».
Sur le champ de bataille, les troupes ukrainiennes cèdent du terrain depuis des mois face aux forces russes, plus nombreuses et mieux armées.
L'objectif d'aider l'Ukraine, candidate officielle à l'adhésion à l'UE, à gagner la guerre reste «exactement» le même, a insisté M. Borrell.
Et l'objectif de Poutine consiste à mettre «la société ukrainienne sous la botte de la domination russe», a-t-il lancé. «C'est existentiel» et les Ukrainiens «doivent donc résister».
M. Borrell, qui a visité une usine produisant des drones pour l'armée ukrainienne lors de sa visite, a par ailleurs estimé que l'UE devrait augmenter son aide à l'industrie militaire ukrainienne afin de réduire la dépendance du pays des livraisons occidentales.
L'UE a déjà investi 400 millions d'euros pour aider à renforcer la production militaire de l'Ukraine.
«Il est beaucoup plus efficace de soutenir les Ukrainiens dans le développement de leur propre capacité industrielle», a-t-il déclaré.