La Maison Blanche va mettre fin aux briefings de renseignement sur la sécurité des élections auprès des parlementaires américains. Cela au grand dam des démocrates qui l'accusent de chercher à couvrir une ingérence russe en faveur de la réelection de Donald Trump.
Cette décision, prise à deux mois de l'élection présidentielle, survient alors que Donald Trump accuse les démocrates de faire fuiter des informations sensibles.
«Sans doute Schiff le fourbe, mais aussi d'autres, FONT FUITER l'information vers les Fake News», a tweeté samedi le locataire de la Maison Blanche, en référence à Adam Schiff, le président de la commission du Renseignement à la Chambre des représentants. Sans apporter de preuve à cette accusation, qu'il a déjà formulée plusieurs fois lors de son mandat.
Le Congrès aura toujours accès à des rapports écrits classifiés, mais les législateurs ne pourront plus interroger les fonctionnaires du Bureau du directeur du renseignement national (ODNI) sur ce qu'ils apprennent.
Outils de contrainte
Les démocrates du Congrès ont réagi avec fureur, qualifiant cette décision de «honteuse» et accusant Donald Trump de vouloir dissimuler une ingérence russe dans les élections de novembre.
Adam Schiff et Nancy Pelosi, la présidente démocrate de la Chambre des représentants, ont demandé aux services de renseignements de reprendre leurs briefings. «S'ils ne sont pas disposés à le faire, nous examinerons toute la panoplie d'outils dont la Chambre dispose pour contraindre à la diligence», ont-ils affirmé dans un communiqué.
Proche de Trump
Le DNI John Ratcliffe, qui supervise et coordonne les activités de la CIA, de la NSA et de 15 autres agences de renseignements, a détaillé les raisons de cette décision dans une lettre, datée du 28 août, adressée aux responsables parlementaires des deux grands partis et révélée samedi par la presse américaine.
«Je pense que cette approche permet de garantir, dans la mesure du possible, que les informations fournies par le bureau du DNI au Congrès en soutien de vos responsabilités de surveillance sur la sécurité électorale, l'influence étrangère maligne et l'ingérence électorale ne soient ni mal comprises ni politisées», a-t-il écrit.
«Cela permettra également de mieux protéger nos sources et nos méthodes ainsi que les renseignements les plus sensibles contre d'autres divulgations non autorisées ou abus», a ajouté M. Ratcliffe. Ce dernier est un ex-parlementaire républicain du Texas, proche de Donald Trump qui l'a nommé fin février à la tête des services de renseignements.
Précédent de 2016
Le chef de cabinet de la Maison Blanche, Mark Meadows, a déclaré lors d'une visite avec le président en Louisiane et au Texas, frappés par un ouragan, que «la dernière fois que des briefings ont eu lieu, quelques membres sont sortis et ont parlé à la presse, divulguant des informations qu'ils n'auraient pas dû divulguer».
La commission sénatoriale du renseignement, dirigée par les républicains, a publié au début du mois d'août le rapport le plus détaillé à ce jour sur l'ingérence russe en 2016.
Selon elle, l'ancien directeur de la campagne présidentielle de Donald Trump en 2016, Paul Manafort, a partagé des informations confidentielles avec un membre des services secrets russes, faisant peser une menace «grave» pour les Etats-Unis.
Le rapport décrit également comment, à plusieurs reprises, l'équipe de Donald Trump a cherché l'aide de Moscou et de WikiLeaks pour salir la campagne de sa rivale démocrate Hillary Clinton.