Coronavirus Vaccin: monde «mal parti» face à la pandémie selon les enquêteurs

sn, ats

19.1.2021 - 14:54

«Le monde est mal parti» en raison de l'inégalité sur le vaccin entre pays riches et pauvres, selon la coprésidente de l'investigation indépendante sur la réponse à la pandémie, Ellen Johson Sirleaf. La Prix Nobel de la paix dit aussi que l'OMS n'est pas assez armée.

Le comité indépendant chargé d'évaluer la réponse internationale à la pandémie est "déçu" par l'attitude sur les vaccins affichée par les Etats (archives).
Le comité indépendant chargé d'évaluer la réponse internationale à la pandémie est "déçu" par l'attitude sur les vaccins affichée par les Etats (archives).
ATS

«L'inégalité de l'accès au vaccin constitue l'un des exemples les plus criants des inégalités actuelles dans le monde», a dit mardi devant la presse l'ancienne présidente du Liberia. «Le monde est mal parti à la fois pour la justice et pour le contrôle des pandémies», a-t-elle encore ajouté, avant de présenter aux Etats le rapport intermédiaire sur la réponse à la pandémie. Devant ces pays, elle s'est ensuite dit «déçue».

Lundi, au début du Conseil exécutif de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le directeur général de l'institution Tedros Adhanom Ghebreyesus avait estimé qu'il était même «au bord d'une catastrophe morale». Il a demandé à ce que la vaccination démarre dans chaque pays d'ici au 7 avril, grâce à l'accélérateur Covax lancé notamment par son organisation. Seul un pays pauvre a entamé l'immunisation et certaines indications montrent que certains Etats africains ne pourraient avoir accès aux doses avant l'année prochaine.

L'évaluation indépendante sur la réponse à la pandémie avait été demandée en mai par les Etats membres. Dans le rapport intermédiaire publié il y a quelques jours, le comité présidé par Mme Johson Sirleaf et par l'ancienne Première ministre néo-zélandaise Helen Clark met en cause notamment la Chine et l'OMS. Ces deux acteurs auraient pu oeuvrer «plus vite» et de manière plus importante au début de la pandémie. Pékin a ensuite défendu sa gestion face à ces critiques.

L'OMS aurait pu déclarer plus tôt une urgence sanitaire internationale et utiliser le terme de pandémie plus rapidement, selon les enquêteurs. Mais elle dépend de l'action des Etats membres, insistent-ils. Les Etats-Unis avaient accusé l'organisation, de même que son directeur général Tedros Adhanom Ghebreyesus, d'avoir mal piloté la réponse internationale et d'être trop proche de la Chine.

Rapport final en mai

L'organisation n'est pas «habilitée face à la tâche», estime Mme Clark. «Elle n'a pas le droit d'accéder à un pays, de mener des investigations» sans la collaboration des membres.

Tant qu'elle ne sera pas mieux dotée, elle ne pourra que «difficilement» faire suivre aux Etats les indications requises «à temps» en cas d'urgence sanitaire, renchérit de son côté l'ancienne présidente libérienne. Au centre des discussions, de nombreux acteurs demandent une réforme du Réglement sanitaire international, lancé en 2007. Le financement de l'OMS est aussi insuffisant, affirment Mme Clark et Mme Johnson Sirleaf.

L'ancienne présidente libérienne se dit toutefois convaincue que la situation liée à cette pandémie poussera les Etats à collaborer davantage face aux prochaines pandémies. Le panel doit rendre ses conclusions finales en mai devant l'Assemblée mondiale de la santé à Genève.

Retour à la page d'accueil