Bélarus Varsovie propose des fonds pour le Bélarus

ATS

17.9.2020 - 18:46

Svetlana Tikhanovskaïa va rencontrer lundi à Bruxelles les ministres des Affaires étrangères des pays de l'UE
Svetlana Tikhanovskaïa va rencontrer lundi à Bruxelles les ministres des Affaires étrangères des pays de l'UE
Source: KEYSTONE/EPA/Piotr Nowak

La Pologne a lancé jeudi l'idée d'un fonds européen de stabilisation pour le Bélarus, d'au moins un milliard d'euros (1,08 milliard de francs). La dirigeante de l'opposition bélarusse va pour sa part rencontrer à Bruxelles les chefs de la diplomatie des pays de l'UE.

La proposition intervient quelques jours après celle du président russe Vladimir Poutine, le principal allié du chef de l'Etat bélarusse autoritaire Alexandre Loukachenko, lui promettant un prêt de 1,5 milliard de dollars.

Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a parlé d'un «nouveau plan Marshall», en référence à un projet qui avait permis aux États-Unis d'injecter une aide financière considérable en Europe occidentale à l'issue de la Seconde Guerre mondiale.

«Ce fonds devrait être significatif ... au moins un milliard d'euros à ce stade», a déclaré M. Morawiecki lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue lituanien à Vilnius.

Soutenir les entreprises

Le plan devrait consister à attribuer des fonds aux petites et moyennes entreprises et à soutenir les exportateurs biélorusses sur les marchés européens, et viserait à ouvrir l'économie de ce pays.

M. Morawiecki compte présenter officiellement ce plan au Conseil européen des 24 et 25 septembre. Selon lui, d'autres pays de la région, membres de l'UE, l'ont déjà approuvé.

La proposition intervient après des semaines de manifestations sans précédent et violemment réprimées, contre le règne de 26 ans de M. Loukachenko.

Protestation des journalistes

Des journalistes ayant été aussi pris pour cible par le régime, certains médias bélarusses indépendants ont diffusé jeudi des espaces vierges à la place réservée aux images, pour protester contre l'emprisonnement de deux photographes pendant 11 jours pour avoir couvert des manifestations.

«Nous exigeons que la pression sur les journalistes cesse», a déclaré tut.by, un média biélorusse indépendant de premier plan. «Nous lutterons pour nos droits.»

Les protestations ont éclaté à la suite de l'élection présidentielle du 9 août dont la victoire est revendiquée aussi bien par M. Loukachenko que par sa rivale Svetlana Tikhanovskaïa.

Rencontre à Bruxelles

Mme Tikhanovskaïa qui, depuis, s'est réfugié en Lituanie va rencontrer lundi à Bruxelles les ministres des Affaires étrangères des pays de l'UE, a annoncé jeudi un porte parole du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

L'opposante a averti que l'économie de son pays se trouvait au «bord d'un abîme», alors que des entreprises privées bélarusses, notamment celles de son secteur technologique dynamique, ont commencé à se chercher des opportunités pour délocaliser leurs activités dans des pays voisins.

Jeudi, Mme Tikhanovskaïa a indiqué qu'elle préparait une liste de membres des forces de l'ordre du régime, responsables de violences et d'arrestations arbitraires, en vue d'éventuelles poursuites.

«J'exhorte les forces de sécurité à arrêter la violence et à rejoindre le peuple biélorusse. Si vous ne le faites pas, vous n'échapperez pas à un procès et à une punition justes», a-t-elle déclaré dans un communiqué.

L'UE envisage des sanctions

L'UE travaille sur des sanctions contre ceux qu'elle tient pour responsables d'avoir truqué le vote et réprimé les manifestations.

Les trois États baltes – l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie – ont déjà inscrit sur leurs listes de personnes indésirables M. Loukachenko et 29 hauts fonctionnaires de la commission électorale, des ministères et de la police bélarusses.

Alexandre Loukachenko s'est tourné une nouvelle fois vers la Russie pour en obtenir le soutien et a promis de renforcer les liens avec Moscou, lors d'une réunion cette semaine avec Vladimir Poutine à Sotchi. M. Poutine, qui tient à unifier la Russie et le Bélarus, a accompagné ses propositions d'aide d'appels à une intégration plus étroite.

La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a déclaré jeudi que M. Loukachenko avait promis une réforme constitutionnelle visant à «libéraliser le système politique».

«Nous savons que des travaux en ce sens sont déjà engagés», a déclaré Mme Zakharova, ajoutant que la Russie s'attendait à ce que la situation au Bélarus se normalise «dès que possible».

Retour à la page d'accueil