Venezuela La police pointée du doigt pour des «exécutions extrajudiciaires»

sn, ats

10.3.2021 - 16:52

Keystone-SDA, sn, ats

La police vénézuélienne a tué plus de 200 personnes depuis début janvier, selon les enquêteurs indépendants de l'ONU. Devant le Conseil des droits de l'homme à Genève, ceux-ci ont dit mercredi avoir identifié des dizaines d'arrestations arbitraires présumées récentes.

La Mission internationale d'établissement des faits sur le Venetuela dénonce l'attitude du président Nicolas Maduro face aux violations dans son pays (archives).
La Mission internationale d'établissement des faits sur le Venetuela dénonce l'attitude du président Nicolas Maduro face aux violations dans son pays (archives).
ATS

«Nous allons mener des investigations sur les circonstances» des décès attribués à une unité d'élite controversée de la police, la FAES, a affirmé la présidente de la Mission internationale d'établissement des faits sur le Venezuela, Marta Valinas. En trois jours en janvier, celle-ci a mené ce qui semble constituer l'une des interventions policières «les plus meurtrières», avec plus de 600 fonctionnaires déployés.

Les indications préliminaires laissent penser que certains de ces décès sont des «exécutions extrajudiciaires». L'ONU et la Suisse ont appelé à plusieurs reprises au démantèlement de l'unité d'élite à laquelle des milliers d'exécutions extrajudiciaires sont reprochées depuis le début de la crise politique.

Dans son rapport en septembre dernier, la Mission avait estimé que de possibles crimes contre l'humanité avaient été perpétrés. Et elle avait mis en cause directement la responsabilité du président Nicolas Maduro et de deux de ses ministres.

Depuis, les élections parlementaires de début décembre ont été dénoncées par la communauté internationale comme «inéquitables». Les soutiens du président contrôlent désormais plus de 90% des sièges et ont lancé récemment une commission pour mener des investigations sur les actes du précédent Parlement piloté par l'opposition.

Maduro visé par les trois enquêteurs onusiens

«La répression continue» contre les opposants, a affirmé Mme Valinas. Les trois enquêteurs onusiens ont identifié plusieurs dizaines de nouvelles arrestations arbitraires présumées depuis septembre. Selon des ONG, plus de 100 personnes ont été interpellées dans des manifestations.

La Mission continue de mener des investigations sur des cas de torture et a reçu également des indications de violences sexuelles contre des détenus. Au moins un prisonnier est décédé récemment parce qu'il n'a pas reçu les soins qu'un tribunal avait pourtant imposés.

Autre problème, le régime s'en prend de plus en plus aux ONG et aux organisations humanitaires. La Mission veut également évaluer si les autorités judiciaires ont contribué à l'impunité pour les actes qu'elle dénonce.

Et Mme Valinas cible le président Maduro qui continue de minimiser la situation «et nier toute attitude répréhensible». Mercredi, le gouvernement vénézuélien a lui rejeté une «politisation» des trois enquêteurs mandatés par l'ONU.