Israël Vers une coalition en Israël?

ATS

19.9.2019 - 17:48

Quel premier ministre pour Israël? Benjamin Netanyahu (à gauche) ou Benny Gantz (à droite)? Ce sera au président israélien Reuven Rivlin (au centre) de trancher.
Quel premier ministre pour Israël? Benjamin Netanyahu (à gauche) ou Benny Gantz (à droite)? Ce sera au président israélien Reuven Rivlin (au centre) de trancher.
Source: Keystone/EPA/ABIR SULTAN

Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui joue sa survie politique, a pris Israël par surprise jeudi: il a appelé Benny Gantz à la formation d'un gouvernement d'union nationale, deux jours après un scrutin n'ayant pas réussi à départager les deux rivaux.

Benny Gantz a répondu vouloir lui aussi un gouvernement d'union afin de sortir le pays de l'impasse politique, mais avec lui à sa tête. M. Netanyahu affirmait encore mercredi que le pays n'avait que deux choix: soit un gouvernement de droite dirigé par lui, soit un «gouvernement dangereux qui repose sur les partis arabes», une attaque indirecte contre M. Gantz qui a promis d'ouvrir des discussions avec les partis arabes dans l'espoir d'arriver à une coalition.

Mais, jeudi matin, coup de tonnerre: le «roi Bibi», au pouvoir sans discontinuer depuis une décennie, a changé son fusil d'épaule et proposé des discussions directes avec son principal rival.

«Lors des élections, j'ai appelé à la mise en place d'un gouvernement de droite. Malheureusement, les résultats montrent que cela n'est pas possible. Le peuple n'a pas tranché entre les deux blocs. Par conséquent, il n'y a pas d'autre choix que de former un gouvernement d'union, aussi large que possible», a déclaré M. Netanyahu dans un message vidéo.

Les deux hommes se sont serré la main jeudi lors d'une cérémonie à Jérusalem marquant le troisième anniversaire de la mort de l'ancien premier ministre et prix Nobel de la paix Shimon Peres.

«Je t'appelle, Benny»

Deux jours après les législatives, les résultats créditent le Likoud de M. Netanyahu de 31 sièges sur les 120 de la Knesset (parlement) contre 33 pour le parti Kahol Lavan («Bleu-blanc») de M. Gantz. En ajoutant leurs alliés respectifs et potentiels, des partis religieux et/ou très marqués à droite pour M. Netanyahu, et des formations à gauche ou arabes pour M. Gantz, le compteur marque 55/56 députés dans chaque camp, sous la barre des 61 pour obtenir une majorité.

«Benny, nous devons mettre en place un gouvernement d'union le plus large possible aujourd'hui. Le peuple attend de nous deux que nous prenions nos responsabilités et que nous agissions en coopération», a argué M. Netanyahu.

«C'est pourquoi je t'appelle, Benny. Rencontrons-nous aujourd'hui, à n'importe quel moment, pour faire avancer ce processus (...) Nous n'avons pas le droit d'aller vers une troisième élection. Je suis contre. L'ordre du jour: un gouvernement d'union large, aujourd'hui».

Le président Reuven Rivlin a félicité M. Netanyahu de «s'être joint à l'appel» pour un «gouvernement d'union». En Israël, le président confie la tâche de former le gouvernement à un élu après avoir consulté l'ensemble des partis au parlement. Or les consultations pour le prochain gouvernement débuteront dès dimanche, ont précisé jeudi les services de Reuven Rivlin.

Position de force?

Mais le rapprochement Netanyahu-Gantz pose déjà une question-clé: qui des deux hommes forts pour être premier ministre? «Je vais former ce gouvernement avec moi à sa tête (...). Nous écouterons tout le monde mais n'accepterons pas qu'on nous dicte des choses», a répondu M. Gantz à Netanyahu, avant une réunion avec les cadres de sa formation.

«Le parti Bleu-blanc a gagné et, à l'heure où je vous parle, nous avons 33 sièges alors que Netanyahu n'a pas obtenu la majorité suffisante pour former une coalition comme il l'espérait», a ajouté M. Gantz, un ancien chef de l'état-major de l'armée, sans répondre directement aux appels au dialogue de l'actuel premier ministre. Dans ses éventuelles discussions avec Benny Gantz, Benjamin Netanyahu dispose d'une carte maîtresse: l'unité de ses troupes.

Le stratège Netanyahu ne discute pas uniquement au nom de son parti, le Likoud, mais aussi au nom de l'ensemble du «bloc» de droite, incluant la liste de droite radicale Yamina et les formations ultra-orthodoxes Shass et Judaïsme unifié de la Torah. Mais son jeu compte aussi un point faible: la justice doit l'auditionner début octobre pour «corruption», «abus de confiance» et «malversations».

Pour l'instant, M. Netanyahu n'est pas inculpé, mais il cherche à obtenir une immunité du parlement. S'il était inculpé dans ces affaires, il pourrait rester premier ministre, mais pas simple ministre selon les lois en vigueur en Israël. Or, M. Gantz avait répété par le passé qu'il refuserait de servir dans un gouvernement où le premier ministre est inculpé ou condamné pour de tels actes.

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