Débat présidentiel Voile, Russie, Europe... Vifs échanges entre Macron et Le Pen

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20.4.2022 - 21:39

Les deux finalistes à la présidentielle Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont démarré leur débat sur les chapeaux de roue mercredi soir. Ils se sont dès le départ affronté notamment sur le pouvoir d'achat et les prix de l'énergie, à quatre jours du second tour. Les temps forts du débat ci-dessous.

Les débats ont été très vifs dès le départ entre le président sortant et Marine Le Pen.
Les débats ont été très vifs dès le départ entre le président sortant et Marine Le Pen.
ATS

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«Le plus grand atout de la France c'est son peuple», a déclaré la candidate RN, première à intervenir dans le débat, en soulignant que cela «fait des années que je vais à leur rencontre».

«Depuis cinq ans, je les ai vus souffrir, s'inquiéter d'un déclassement et d'une précarité qui reste généralisée», a-t-elle ajouté. Pour sa part, le président sortant a insisté sur cette période «de crise sans précédent» citant la pandémie de Covid-19 et la guerre sur le sol européen en Ukraine.

«Les inquiétudes sont là», a-t-il dit en ajoutant avoir «essayé de prendre les bonnes décisions». «Et je veux continuer de le faire parce que je crois d'abord que nous devons et nous pouvons rendre notre pays plus indépendant et plus fort par son économie, par le travail, par la recherche, l'innovation, par sa culture», a-t-il dit.

Russie: les accusations d'Emmanuel Macron

  • Emmanuel Macron a accusé Marine Le Pen de «dépendre du pouvoir russe» et «de monsieur Poutine» pour avoir «contracté un prêt auprès d'une banque russe». Le RN continue de rembourser un prêt de 9 millions d'euros à un créancier lié à d'anciens militaires russes.
  • «Vous parlez à votre banquier quand vous parlez de la Russie, c'est ça le problème madame Le Pen», a déclaré le président candidat, la cheffe de file du RN répondant être «une femme absolument et totalement libre».

Voile: "Le Pen pousse à la guerre civile"

  • Le président sortant Emmanuel Macron a accusé sa rivale d'extrême droite de pousser à la «guerre civile», après que celle ci eut confirmé son projet d'interdire le voile islamique dans l'espace public si elle est élue présidente.
  • «Ce que vous proposez est une trahison de l'esprit français, vous poussez des millions de nos compatriotes hors de l'espace public», a déclaré M. Macron. Ce serait «une loi de rejet», a-t-il lancé, sa rivale rétorquant que ce serait «une loi de défense de la liberté».
  • Mme Le Pen, qui avait ces derniers jours semblé revenir sur ce projet, a confirmé mercredi soir qu'elle était «pour l'interdiction du voile dans l'espace public». «Il s'agit de libérer les femmes, de faire reculer l'idéologie islamiste», a-t-elle assuré. «Je lutte contre l'idéologie islamiste», a-t-elle dit. «Je suis pas contre l'Islam, qui est une religion qui a toute sa place» en France, a-t-elle insisté.

Macron et Le Pen s'écharpent sur l'Europe

  • Le président sortant accuse son adversaire de «mentir sur la marchandise» tandis que la candidate de l'extrême droite considère n'avoir «jamais vu les dirigeants français défendre les intérêts des Français» dans l'UE.
  • «L'Europe, c'est pas tout ou rien, ce n'est pas ‹on prend tout et on ne dit rien ou alors on ne prend rien›», a entamé Mme Le Pen, en disant «souhaiter rester dans l'Union européenne», mais «profondément la modifier pour faire émerger une ‹alliance européenne des nations›».
  • «Il y a toute une série de politiques de l'Union européenne avec lesquelles je suis en désaccord», a poursuivi celle qui concourt pour la troisième fois à l'élection présidentielle, en citant «la multiplication des accords de libre-échange où l'on vend des voitures allemandes, en sacrifiant des éleveurs à la concurrence des poulets du Brésil ou du boeuf du Canada», en référence au projet d'accord de libre-échange avec le marché américain.
  • «Quel poulet du Brésil?», a demandé M. Macron rappelant qu'il s'était «opposé» à l'accord de l'UE avec le Mercosur car «quand, nous, on demande à nos agriculteurs des choses, on demande la même chose en face».
  • «Ce que vous décrivez, ça ressemble à une bande à part», lui a rétorqué M. Macron, en l'accusant de «mentir sur la marchandise». «L'Europe est une copropriété, on ne peut pas décider seul de ripoliner la façade. Vouloir changer tout seul un club, c'est faire bande à part», a-t-il insisté.

Mains serrées

Les deux adversaires se sont serrés la main en entrant sur le plateau pour un débat de 2h30, arbitré par les journalistes vedettes des chaînes françaises TF1 et France 2, Gilles Bouleau et Léa Salamé. L'un, Emmanuel Macron, est à gauche de l'écran, l'autre, Marine Le Pen, à droite, soit le positionnement inverse d'il y a cinq ans.

La candidate RN était arrivée la première vers 19h45 dans les studios d'enregistrement, se déclarant «sereine» et disant vouloir profiter du débat pour «expliquer aux Français mon projet, le vrai».

Peu après, le président sortant est entré à son tour sur les lieux, accompagné de son épouse Brigitte. Il s'est dit «concentré et prêt pour un débat qui doit nous permettre à l'un et à l'autre d'expliquer nos idées, nos projets pour la France, de clarifier aussi tout ce qui doit l'être, de part et d'autre».

Remobiliser

«Je crois qu'on est conscient de l'importance de ce moment, j'ai aussi à répondre de tout ce que nous avons fait durant les 5 années qui viennent», a-t-il ajouté dans un lapsus qu'il espère prophétique. Après moult tractations et tirages au sort de ce rendez-vous incontournable de toute présidentielle, c'est la candidate RN qui s'est exprimée en premier et qui a conclu le débat.

Egalement tiré au sort, le pouvoir d'achat a été le premier thème abordé. Il reste la principale préoccupation des Français, selon un sondage Ipsos/Sopra Steria auprès de plus de 12'000 personnes et publié mercredi.

Selon les experts, l'exercice ne bouleverse habituellement pas les dynamiques d'intentions de vote. Mais il pourrait servir à remobiliser certains électorats et «déplacer davantage de voix que ce qu'on a observé depuis le début de la Ve République», indique Brice Teinturier, directeur général délégué d'Ipsos France.

D'autant qu'une éventuelle forte abstention pourrait brouiller le jeu dimanche. Quelque 69% des sondés se disent certains d'aller voter, selon le sondage Ipsos, soit une baisse de six points par rapport à l'enquête des 30 avril et 1er mai 2017.

Avantage au président sortant

A quatre jours du second tour, les sondages donnent invariablement l'avantage au président sortant, avec 54 à 56,5% des intentions de vote contre 43,5 à 46% pour Marine Le Pen. Soit un écart de 8 à 12 points. Un écart plus serré qu'en 2017 donc, quand M. Macron l'avait emporté avec une avance de 32 points (66% contre 34%).

Les deux candidats divergent sur l'Ukraine, les relations avec la Russie, comme quasiment tout le reste: des retraites à l'écologie en passant par le port du voile, les libertés publiques et les institutions, le pouvoir d'achat et l'Union européenne.