Crise sociale Violences en Guadeloupe: Macron appelle au calme

vf

22.11.2021 - 19:38

Le président Emmanuel Macron a lancé lundi un appel au calme face à la «crise très explosive» en Guadeloupe. L'île des Antilles françaises est en proie à une crise sociale liée à l'obligation vaccinale et marquée par des violences urbaines et des pillages.

L'Union générale des travailleurs de Guadeloupe (UGTG), en pointe de la contestation, a appelé samedi «à poursuivre la mobilisation et à renforcer les piquets de revendications populaires»
L'Union générale des travailleurs de Guadeloupe (UGTG), en pointe de la contestation, a appelé samedi «à poursuivre la mobilisation et à renforcer les piquets de revendications populaires»
KEYSTONE/AP Photo/Dominique Chomereau-Lamotte

Keystone-SDA, vf

Le premier ministre français, Jean Castex, qui devait rencontrer lundi soir les élus locaux pour chercher la voie d'un apaisement, tiendra finalement une visioconférence après avoir été déclaré à nouveau cas contact via l'une de ses filles âgée de 11 ans et testée positive, ont annoncé ses services.

La Guadeloupe, frappée de plein fouet par l'épidémie de Covid-19 cet été, est secouée depuis une semaine par un mouvement né de la contestation de l'obligation vaccinale des soignants, qui a dégénéré en crise sociale émaillée de nombreuses violences, pillages de commerces et dégradations dans la nuit de jeudi à vendredi.

Plus tôt, en marge d'un déplacement dans le nord de la France, le chef de l'Etat a assuré la Guadeloupe de la «solidarité» de la nation et demandé de «ne rien céder au mensonge et à la manipulation par certains de cette situation».

«On ne peut pas utiliser la santé des Françaises et des Français pour mener des combats politiques» et «il faut que «l'ordre public soit maintenu», a-t-il souligné, insistant sur «une adhésion croissante à la vaccination» sur l'île, malgré l'opposition d'une «toute petite minorité».

Face à une situation se détériorant rapidement, le gouvernement français a envoyé 200 policiers et gendarmes, ainsi que 50 membres des forces spéciales du GIGN et du Raid, portant à 2250 les forces mobilisées sur place, tandis que le préfet a instauré un couvre-feu entre 18h00 et 05h00 locale, jusqu'au 23 novembre.

«Nuit plus calme»

Après les troubles durant le week-end, le rectorat a décidé de suspendre lundi l'accueil des élèves «dans les écoles, collèges et lycées». Les cours n'ont déjà pas eu lieu vendredi.

La nuit de dimanche à lundi a cependant été plus calme que la précédente, selon la préfecture, pour qui la mobilisation des forces de l'ordre «a permis d'empêcher dans les centre-villes et en zone rurale, la majorité des tentatives de regroupement et d'atteinte aux biens».

«Il y a eu beaucoup de barrages mais peu de pillages», a confirmé une source policière.

Pour autant, des «exactions continuent à cibler des commerces alimentaires» et à «dégrader les axes de circulation», détériorant les conditions de vie de la population guadeloupéenne», selon la préfecture. Onze personnes ont été interpellées.

Le procureur de la République a confirmé à l'AFP des informations de presse sur le vol d'armes et de munitions à la station des gardes-côtes de la Douane de Pointe-à-Pitre, dans la nuit du 19 au 20 novembre, sans donner plus de détail.

«Plus de 80 commerces ont été pillés», avait précisé lundi matin un responsable local, décrivant une «situation assez insurrectionnelle».

«Renforcer les piquets»

L'Union générale des travailleurs de Guadeloupe (UGTG), en pointe de la contestation, a appelé samedi «à poursuivre la mobilisation et à renforcer les piquets de revendications populaires».

Lundi, sur un barrage de Mare-Gaillard, agglomérat de carcasses de voitures, palissades, troncs d'arbres et pneus, Pascal, 55 ans, explique que la dizaine de personnes présentes «attend les décisions» qui sortiront de la réunion entre l'exécutif et les élus ultramarins. Ils seront plus nombreux au fil de la journée, surtout si rien de concret n'en débouche, promet Pascal.

Depuis l'été, le taux de vaccination a progressé en Guadeloupe, avec désormais un taux de près de 90% des soignants vaccinés, et approchant 50% dans la population générale – loin toutefois des plus de 75% de vaccinés en métropole.

Par ailleurs, en Martinique, île voisine des Antilles, poids lourds et taxis paralysaient lundi une bonne partie de l'activité économique à l'appel d'organisations syndicales protestant notamment contre l'obligation vaccinale des soignants.