Violences en Nouvelle-CalédonieNouvelle nuit d'émeutes - un mort
ATS
15.5.2024 - 07:35
Une personne est décédée par balle dans la nuit de mardi à mercredi à Nouméa lors des émeutes qui secouent l'archipel de Nouvelle-Calédonie depuis lundi et qui ont également fait «des centaines de blessés».
15.05.2024, 07:35
15.05.2024, 08:20
ATS
Les émeutes se sont poursuivies pour la deuxième nuit consécutive en Nouvelle-Calédonie, donnant lieu à de nombreuses interpellations. Dans le même temps, l'Assemblée nationale a adopté la révision réformant le corps électoral, une réforme décriée par les indépendantistes.
Le haut-commissariat de la République française a annoncé mercredi plus de 140 interpellations durant ces émeutes. De «graves troubles à l'ordre public sont toujours en cours», a-t-il ajouté, faisant état de «nombreux incendies et pillages de commerces, d'infrastructures et d'établissements publics, dont plusieurs écoles et collèges».
Des «centaines» de personnes ont été blessées dans les violences, dont une «centaine» de policiers et gendarmes, a déclaré mercredi le ministre de l'Intérieur et des Outre-Mer Gérald Darmanin sur RTL.
Les «circonstances» dans lesquelles une personne a été tuée par balles dans la nuit de mardi à mercredi restent à «préciser», a ajouté le ministre. Des «dizaines» de «maisons, d'entreprises» ont été brûlées, a-t-il également annoncé.
Le président français Emmanuel Macron a condamné le «caractère indigne et inacceptable» des violences. «Les choix des anciens et l'histoire de la Nouvelle-Calédonie imposent à chacun aujourd'hui de condamner toutes ces violences sans ambiguïté et d'appeler au calme alors que les discussions sur l'avenir doivent reprendre», a-t-il écrit dans un courrier aux représentants du territoire français du Pacifique.
Un décès par balle
«Des trois blessés admis aux urgences, il y en a un qui est mort, victime d'un tir par balle. Pas d'un tir de la police ou de la gendarmerie, mais de quelqu'un qui a certainement voulu se défendre», a déclaré le représentant de l'Etat devant la presse, sans autres détails sur les circonstances de sa mort.
«Je vous laisse imaginer ce qui va se passer si des milices se mettaient à tirer sur des gens armés», a poursuivi M. Le France, déplorant une situation qu'il a qualifiée d'«insurrectionnelle» dans l'archipel.
«L'heure doit être à l'apaisement (...) l'appel au calme est impératif», a martelé le représentant de l'Etat.
Le Haut-commissaire a également fait état de plusieurs «échanges de tirs de chevrotine entre les émeutiers et les groupes de défense civile à Nouméa et Paita» et d'une «tentative d'intrusion à la brigade (de gendarmerie) de Saint-Michel».
Les forces de l'ordre ont mené un total de 140 interpellations dans la seule agglomération de Nouméa, selon un nouveau bilan dressé par Louis Le Franc.
Révision adoptée
Un peu plus tôt dans la nuit, les députés à Paris ont adopté, après le Sénat, le texte du gouvernement par 351 voix contre 153. M. Macron a averti que les deux chambres du Parlement se réuniraient en congrès «avant la fin juin» pour adopter définitivement la révision constitutionnelle si indépendantistes et loyalistes ne se mettent pas d'ici là d'accord sur un texte plus global «qui dépasse le seul dégel [du corps électoral, ndlr] et tienne compte du chemin parcouru et des aspirations de chacun».
Si un accord est trouvé pour une révision constitutionnelle plus large, un «nouveau projet de loi constitutionnelle» sera déposé par le gouvernement, a précisé le président. Les discussions pourront notamment porter sur l'organisation de l'autodétermination future et sur la répartition des compétences entre les provinces et le gouvernement de Nouvelle-Calédonie.
Ce projet de loi constitutionnelle vise à élargir le corps électoral aux élections provinciales, cruciales dans l'archipel. Les partisans de l'indépendance jugent que ce dégel risque de «minoriser encore plus le peuple autochtone kanak».
Le corps électoral actuel se limite essentiellement aux électeurs inscrits sur les listes pour une précédente consultation en 1998 et à leurs descendants, excluant de facto les résidents arrivés après 1998 et de nombreux natifs. Un électeur sur cinq est ainsi privé du droit de vote aux élections provinciales, cruciales dans ce territoire où les provinces exercent de nombreuses compétences transférées par l'Etat français