Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté mercredi ses alliés occidentaux à inviter Kiev à rejoindre l'Otan dans le cadre de son «plan de victoire» pour mettre fin à l'invasion russe. Le Kremlin a immédiatement rejeté les propositions ukrainiennes.
Keystone-SDA
16.10.2024, 14:28
16.10.2024, 14:39
ATS
«Le premier point est une invitation de l'Otan, dès maintenant (le président russe Vladimir) Poutine doit voir que ses calculs géopolitiques sont perdants», a déclaré M. Zelensky lors d'un discours devant le Parlement ukrainien, alors que la Russie a déclenché son invasion en février 2022 notamment pour empêcher un rapprochement entre Kiev et l'Alliance atlantique.
Après des mois de préparation en secret et une tournée européenne expresse, M. Zelensky a présenté son plan au Parlement, censé aboutir à une «fin juste et rapide» courant 2025, rejetant l'idée de céder des territoires à Moscou en échange de la paix, malgré un manque critique d'hommes et de ressources.
«La Russie doit perdre la guerre contre l'Ukraine. Il ne peut y avoir de gel (du front). Il ne peut y avoir d'échange concernant le territoire de l'Ukraine ou sa souveraineté», a-t-il dit.
Kiev et ses alliés doivent «forcer la Russie à participer à un sommet de la paix», a-t-il insisté, en référence à un sommet qu'il aimerait organiser en novembre, mais dont la date reste incertaine.
Moscou serait invitée, contrairement à une première édition en juin. Pour M. Zelensky, il s'agit de donner à Moscou le choix entre «un processus diplomatique honnête», ou faire face aux moyens de dissuasion militaire qu'aura l'Ukraine grâce à l'Occident.
Annexe secrète
Pour cela, il réclame à ses alliés occidentaux des moyens de dissuasion non-nucléaires, la capacité de frapper en profondeur le territoire russe et une invitation à rejoindre l'Otan.
«L'Ukraine propose de déployer sur son territoire un ensemble complet de mesures de dissuasion stratégique non-nucléaires, qui sera suffisant pour protéger l'Ukraine de toute menace militaire de la part de la Russie», a-t-il dit mercredi. Ce point est détaillé dans une «annexe secrète» qui a été présentée aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, à la France, à l'Italie et à l'Allemagne.
Les Occidentaux refusent pour l'instant d'autoriser Kiev à utiliser librement en territoire russe les missiles qu'ils livrent, craignant une escalade, alors que M. Poutine a, lui, brandi plusieurs fois la menace d'un recours à l'arme nucléaire. M. Zelensky, qui présentera son plan jeudi à un sommet de l'UE, a aussi demandé d'inviter son pays à rejoindre l'Otan, même si l'adhésion elle-même peut se faire plus tard.
Le Kremlin a immédiatement rejeté ce plan. «Le seul plan de paix, qui puisse être, c'est la compréhension par le régime de Kiev que sa politique est sans perspective et qu'il est nécessaire de se réveiller», a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Moscou réclame la reddition de l'Ukraine, sa démilitarisation et cinq régions: Lougansk, Donetsk, Kherson, Zaporijjia en plus de la Crimée annexée en 2014.
Les forces ukrainiennes reculent depuis des mois dans le Donbass, l'est de l'Ukraine, dont la conquête est la «priorité» de M. Poutine, qui avance sans compter ses pertes et dispose de réserves de munitions bien supérieures.
Le président ukrainien cherche à reprendre la main dans l'est, grâce notamment à une offensive lancée dans la région russe de Koursk en août, à la frontière entre l'Ukraine et la Russie. Si l'opération a certes été une humiliation pour la Russie, sur le plan militaire, elle n'a pas fait faiblir les assauts russes dans le Donbass.
Cette dernière a encore revendiqué mercredi la conquête du village de Nevské dans la région de Lougansk, et celui de Krasniï Yar, à une douzaine de kilomètres de Pokrovsk, noeud stratégique ukrainien que Moscou tente de conquérir.