Mauvaise influenceWashington alerte contre l'influence de Pékin et Moscou en Afrique
ATS
13.12.2022 - 22:35
Les Etats-Unis ont dénoncé mardi le rôle «déstabilisateur» de la Chine et de la Russie en Afrique, en déroulant à Washington le tapis rouge pour des dizaines de dirigeants africains et promettant des milliards de dollars d'aide dans le but affiché de regagner en influence sur le continent.
Keystone-SDA
13.12.2022, 22:35
ATS
Près d'une cinquantaine de dirigeants africains, dont certains très critiqués en matière de respect des droits humains, ont été invités à ce sommet, le second de la sorte après celui organisé en 2014 sous la présidence de Barack Obama, et que le président américain Joe Biden entend mettre à profit pour repositionner son pays sur le continent.
S'exprimant lors d'un forum sur la sécurité en présence de plusieurs dirigeants africains, le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin a d'emblée constaté que «la Chine étend son empreinte sur le continent quotidiennement (...) et cela pourrait avoir un effet déstabilisateur si ce n'est pas déjà le cas».
Quant à la Russie, elle «continue d'envoyer des armes à bas prix et des mercenaires» à travers le continent, a-t-il dit.
«La combinaison de ces activités de ces deux pays, je crois que cela mérite d'y prendre garde. Et il est clair que leur influence pourrait être déstabilisatrice», a poursuivi le chef du Pentagone.
Offensive de charme
Dans cette offensive de charme des Etats-Unis pour séduire des partenaires africains parfois réticents, les Etats-Unis ont mis la main au portefeuille, promettant de consacrer «55 milliards de dollars (51,1 milliards de francs) à l'Afrique sur trois ans», selon la Maison Blanche.
L'administration Biden doit en distiller le détail tout au long de ce sommet de trois jours dans la capitale. Mardi, elle a annoncé l'octroi de jusqu'à 4 milliards de dollars d'ici 2025 pour l'embauche et la formation de personnels soignants en Afrique, tirant les leçons de la pandémie de Covid-19.
Le premier jour du sommet a également abordé le sujet de l'exploration de l'espace avec la signature par le Nigeria et le Rwanda des accords Artemis sous l'impulsion des Etats-Unis. Il s'agit des premiers pays africains à le faire.
Le président Biden doit intervenir mercredi et jeudi devant le sommet.
Il y plaidera notamment en faveur d'un rôle accru pour l'Afrique sur la scène internationale, avec un siège au Conseil de sécurité de l'ONU, et pour que l'Union africaine soit formellement représentée au G20.
«Partenariat»
Lors d'un forum organisé en marge du sommet avec la diaspora africaine aux Etats-Unis, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a assuré mardi matin que la nouvelle stratégie des Etats-Unis se résumait à un seul mot: «partenariat».
Le tout, «en reconnaissant que nous ne pouvons pas régler seuls nos priorités partagées», a-t-il dit lors de ce forum au musée national de l'histoire et de la culture afro-américaines dans la capitale des Etats-Unis.
Cette nouvelle stratégie avait été dévoilée l'été dernier annonçant une refonte de la politique des Etats-Unis en Afrique subsaharienne, pour y contrer la présence chinoise et russe.
La Chine est le premier créancier mondial des pays pauvres et en développement et investit massivement sur le continent africain, riche en ressources naturelles.
Outre les investissements, le changement climatique, l'insécurité alimentaire – aggravée par la guerre en Ukraine – ou encore les relations commerciales et la bonne gouvernance sont au centre de la rencontre.
Conflits régionaux
Le sommet et, en marge, sa cohorte de bilatérales, est aussi l'occasion d'aborder une série de conflits, de l'Ethiopie à la République démocratique du Congo (RDC).
Le secrétaire d'Etat américain devait s'entretenir dans l'après-midi avec le président congolais Félix Tshisekedi, aux prises avec la rébellion du M23 qui s'est emparé ces derniers mois de larges pans de territoire dans l'est du pays.
La RDC accuse le Rwanda de soutenir le M23, ce que Kigali dément. Le président rwandais Paul Kagamé est également à Washington.
L'Ethiopie est aussi à l'ordre du jour en présence du Premier ministre Abiy Ahmed, un peu plus d'un mois après la signature d'un accord de paix, le 2 novembre, entre le gouvernement fédéral éthiopien et les rebelles tigréens, destiné à mettre fin à deux ans d'un conflit dévastateur.
Dans la matinée, les responsables américains se sont entretenus avec le président somalien Hassan Cheikh Mohamoud, saluant son action dans la lutte contre les islamistes radicaux shebab.
Les Etats-Unis se félicitent «de travailler aux côtés des courageuses forces somaliennes et continueront de soutenir les efforts de votre gouvernement», a affirmé Lloyd Austin, tandis que le président somalien assurait que «les shebab ne peuvent pas être défaits que militairement. Il est important aussi de mobiliser la société».