UkraineZelensky sur le front sud, autre enjeu du conflit
ATS
18.6.2022 - 20:12
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est rendu samedi auprès des forces qui contiennent l'offensive russe dans le sud du pays. Dans l'est, des combats «féroces» se poursuivaient pour Severodonetsk, pilonnée depuis des semaines par l'armée russe.
18.06.2022, 20:12
18.06.2022, 21:07
ATS
Volodymyr Zelensky, qui était resté durant des semaines barricadé à Kiev au début du conflit quand la capitale était menacée par l'armée russe, s'est rendu selon la présidence auprès des troupes dans les régions de Mykolaïv et Odessa, dans la bande côtière du pays convoitée par Moscou au bord de la mer Noire.
Il a remercié les soldats, qui contiennent la poussée des troupes russes, soutenues à l'est depuis la Crimée annexée, pour leur «service héroïque».
«Il est important que vous soyez vivants. Tant que vous êtes vivants, il y a un mur ukrainien solide qui protège notre pays», leur a-t-il dit.
Une vidéo, diffusée par la présidence, l'a montré à Mykolaïv avec le gouverneur local, Vitaliy Kim, devant la façade béante du siège de l'administration régionale, touché par une frappe russe en mars qui avait fait 37 morts.
Cible de Moscou
Cette ville portuaire et industrielle de près d'un demi-million d'habitants avant la guerre est toujours sous contrôle ukrainien, mais elle est proche de la région de Kherson, presque entièrement occupée par les Russes. Une frappe russe y a fait deux morts et 20 blessés vendredi.
Elle reste une cible de Moscou car elle se trouve sur la route d'Odessa, le plus grand port d'Ukraine, à 130 km au sud-ouest près de la Moldavie, lui aussi toujours sous contrôle ukrainien et au centre des discussions sur l'exportation bloquée des millions de tonnes de céréales ukrainiennes.
La Russie explique que les eaux sont minées, et contrôle cette zone de la mer Noire malgré les tirs de missiles ukrainiens contre ses navires. Les Occidentaux accusent eux le pouvoir russe de menacer le monde d'une famine et d'instrumentaliser les céréales comme ils le font avec les hydrocarbures.
«La Russie a transformé la mer Noire en zone de guerre, bloquant les expéditions de céréales et d'engrais en provenance d'Ukraine» tout en appliquant des «quotas» à ses propres exportations a dénoncé samedi le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, accusant Moscou de «chantage».
«Il est impératif de permettre la reprise des exportations ukrainiennes par bateau», pour éviter une «catastrophe alimentaire mondiale», a-t-il ajouté.
Combats féroces dans le Donbass
Plus au nord, des combats acharnés font rage près de Severodonetsk, dans la région du Donbass, partiellement contrôlée par des séparatistes prorusses depuis 2014 et dont la Russie, après avoir échoué à prendre Kiev dans les premières semaines de son offensive lancée le 24 février, s'est fixé pour objectif de prendre le contrôle total.
«Les batailles les plus féroces se déroulent près de Severodonetsk», où les Russes «essaient de percer», a déclaré samedi le gouverneur de la région orientale de Lougansk, Serguiï Gaïdaï.
Le gouverneur a également déclaré que Lyssytchansk, la ville voisine, était «lourdement bombardée». Les Russes «ne peuvent pas s'en approcher et c'est pourquoi ils ne font que tirer sur la ville avec des frappes aériennes».
Les habitants de Lyssytchansk se préparaient à être évacués: «Nous abandonnons tout et nous partons. Personne ne peut survivre à une telle frappe», a déclaré une habitante, Alla Bor, professeur d'histoire.
Serguiï Gaïdaï a par ailleurs fait état de «davantage de destruction» encore à l'usine chimique assiégée Azot à Severodonetsk, où se cachent plus de 500 civils, dont 38 enfants.
Cinq morts à Donetsk
Les autorités prorusses de Donetsk, capitale de la «république» autoproclamée du même nom dans la partie du Donbass qui échappe au contrôle de Kiev depuis 2014, ont de leur côté affirmé que des bombardements ukrainiens sur la ville avaient fait cinq morts et 12 blessés parmi la population civile.
«Des bombardements massifs de l'ennemi visent la capitale de la République», ont indiqué dans un communiqué les forces militaires séparatistes, affirmant que plus de 200 obus d'artillerie de calibre 155 – celui de l'Otan – étaient tombés samedi sur plusieurs districts de Donetsk.
C'est enfin au nord, depuis le Bélarus d'où les forces russes avaient attaqué le 24 février en direction de Kiev, que les Ukrainiens craignent à nouveau une offensive. Mercredi, Volodymyr Zelensky a ordonné de vérifier les lignes de défense dans cette zone, selon Oleksiï Danilov, secrétaire du Conseil de la sécurité et de la défense nationale.
L'armée ukrainienne, qui a obtenu cette semaine la promesse de nouvelles armes lourdes occidentales – dont des canons Caesar promis jeudi par le président français Emmanuel Macron -, compte sur ces armements pour faire reculer les Russes.
Dans un entretien publié cette semaine par le National Defense Magazine, une publication américaine spécialisée, le général Volodymyr Karpenko, chef de la logistique de l'armée de terre ukrainienne, a reconnu que l'Ukraine avait perdu depuis le 24 février «environ 50%» de ses armements.
«Nous avons besoin d'armes lourdes», a répété dans le même magazine le vice-ministre de la Défense Denys Charapov, soulignant que les armes reçues jusqu'à présent «couvrent 10 à 15% des besoins» de l'Ukraine.
Pas de négociations avant août
Ce n'est qu'après avoir repoussé les forces russes que l'Ukraine sera prête à engager de nouvelles négociations avec Moscou, ce qui devrait se produire fin août, a déclaré David Arakhamia, le chef de la délégation ukrainienne, à l'antenne ukrainienne de la radio américaine Voice of America.
«Un accord a minima (pour des négociations, ndlr), ce serait si nous les repoussions ou s'ils repartaient de leur plein gré aux positions qu'ils occupaient avant le 24 février» et le début de l'offensive, a-t-il dit.
A Kiev, des centaines de personnes ont assisté samedi aux obsèques de Roman Ratouchny, 24 ans, tué au combat dans l'Est et qui fut une figure du mouvement pro-européen du Maïdan, qui avait conduit à la chute du président pro-russe Viktor Ianoukovitch en 2014, après qu'il avait renoncé, sous la pression de Moscou, à la signature d'un accord d'association avec l'UE.