Les cliniques privées des Grangettes et de La Colline à Chêne-Bougeries (GE) ont vu leurs pratiques bouleversées en raison de la lutte contre le coronavirus. Elles se sont largement réorganisées pour soutenir les HUG, expliquent leurs responsables dans une interview publiée par la Tribune de Genève.
Depuis que les deux cliniques détenues par Hislanden accueillent les patients non-Covid des Hopitaux universitaires de Genève (HUG), le profil de leurs patients a complètement changé en 48 heures. «Nous avons suspendu les opérations non urgentes et accueillons des cas complexes,» explique Véronique Lambert, responsable médicale des deux établissements jeudi dans le quotidien genevois.
«Il n’y a plus qu’un hôpital cantonal à Genève, dont nous sommes une unité. On en a rêvé pendant vingt ans; on l’a fait en deux jours!» s'exclame-t-elle.
Sur pause
Le 16 mars, le Conseil fédéral a fixé l’arrêt des interventions non urgentes. Cliniques et cabinets se sont mis en pause, sauf pour les urgences. «Spontanément, nous nous sommes placés en soutien des HUG et avons mis nos infrastructures à disposition», ajoute Gilles Rufenacht, directeur des deux établissements hospitaliers.
Les urgences des Grangettes et de La Colline accueillent désormais les ambulances 24h/24. «Nous avons également créé un centre de dépistage Covid, qui a pu réaliser jusqu’à 150 tests par jour», relève Mme Lambert.
Multiples pathologies
Concernant le profil des patients transférés des HUG , «nous accueillons de multiples malades chroniques qui souffrent d’un problème supplémentaire. Par exemple une personne en insuffisance cardiaque atteinte d’un problème infectieux compliqué», observe-t-elle.
«Nous recevons aussi des cas qui relèvent traditionnellement du milieu académique, comme une pathologie neurologique aggravée par une crise d’épilepsie. Enfin, nous avons les pathologies psychosociales et les problèmes d’addiction, habituellement traités aux HUG».
De leur côté, les cliniques ont repoussé des interventions: «La chirurgie esthétique, certaines opérations orthopédiques, les tunnels carpiens ou les hernies peuvent attendre. Mais si un patient souffre énormément d’une hernie, on l’opérera. Une commission chirurgicale décide au cas par cas», relate le directeur.
70% d'assurés de base
Interrogé sur le vide actuel des cliniques, Gilles Rufenacht détaille la situation: «Nous avons 33 patients en médecine interne (8 d’habitude) et 40 en chirurgie (deux fois moins que d’ordinaire). Avec sa maternité pleine, la clinique des Grangettes fonctionne à 60% de sa capacité. La Colline, entièrement dédiée à la chirurgie, fonctionne à 50% de sa capacité. La proportion d’assurés est inversée: nous avons 70% d’assurés de base».
«Il y aura des conséquences financières et le canton a dit vouloir nous soutenir. Mais notre préoccupation première est de répondre au besoin sanitaire», ajoute le directeur.
«Le conseiller d’Etat Mauro Poggia parle de grand respect mutuel. J’ai toujours considéré que nous avions un rôle d’intérêt public. L’Etat et l’Hôpital se sont rendu compte que nous nous préoccupions de l’intérêt général», relève-t-il, à l'heure où la forte rivalité entre hôpital public et cliniques privées semble oubliée.
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