Le Grand Conseil vaudois s'est penché mardi sur l'initiative réclamant d'inscrire dans la Constitution cantonale la gratuité des transports publics. Le débat a suscité d'innombrables interventions et reprendra la semaine prochaine.
«Depuis dimanche dernier, l'ensemble du réseau de trains, de bateaux et de bus est gratuit au Luxembourg, un pays qui a un PIB et un nombre d'habitants (600'000) comparables à ceux du canton de Vaud», a déclaré l'auteur de l'initiative, le député Vincent Keller (EP – Ensemble à gauche et POP). «J'espère que le canton suivra cette sage voie», a-t-il ajouté.
Un tiers des coûts
Ayant fait ses preuves en Estonie et dans une vingtaine de villes européennes, la gratuité des transports publics répond efficacement à des enjeux d’ordre social, écologique et de décongestion du trafic, note le député. Elle favorisera le transfert modal, le tout pour une perte de recettes de billetterie estimée entre 300 et 400 millions.
Les transports en commun sont déjà largement subventionnés par la Confédération et le canton, à hauteur de 65%. Les usagers paient le 35%. C'est ce montant qui doit être pris en charge. Les deux tiers du chemin sont faits, a ajouté son camarade d'EP Marc Vuilleumier.
Les partisans de l'initiative proposent un financement par les impôts, sachant que les finances et l’économie vaudoise se portent au mieux. Les déductions fiscales pour frais de transport doivent être supprimées et les entreprises participer à l'effort collectif au moyen d'une taxe.
Coût et incivilités
Si des membres des Vert'libéraux et de PDC Vaud libre ont estimé que l'idée méritait d'être creusée, les partis gouvernementaux ont étalé nombre d'arguments contre. Notamment le coût global pour les contribuables et la crainte des incivilités dans les dits transports, comme l'a relevé la PLR Pierrette-Roulet Grin.
Les Verts eux aussi ne soutiennent pas l'initiative. Le député Etienne Räss estime qu'il manque une étude avec de vrais chiffres et qu'un postulat eût été plus approprié.
Selon lui, les partisans de l'initiative égrènent des idées reçues. D'après une étude de l'OFS, la gratuité n'entraînerait pas de transfert modal. La première raison du choix du transport est la simplicité et la commodité, le coût ne viendrait qu'en 7e position.
Pas une mesure sociale
En outre, l'objectif ne sera pas atteint, car cela va drainer dans les transports des gens qui utilisent la marche ou le vélo. Enfin plus on a de l'argent, plus on se déplace, offrir la gratuité aux personnes qui ont des moyens, ce n'est pas une mesure sociale, a-t-il souligné. Supprimer les places de parc serait un meilleur geste pour l'environnement.
Pour le socialiste Pierre Dessemontet, le coût entre 300 et 400 millions par an est tout de même relativement important. La gratuité pourrait par ailleurs encourager la pendularité, ce qui ferait augmenter les loyers dans les zones éloignées des centres. «C'est à travers l'investissement, à travers une meilleure offre que l'on motive», estime-t-il.
Bon nombre de députés devraient encore prendre la parole sur le sujet la semaine prochaine, même si les chances d'une acceptation de l'initiative restent minces. Le même jour, les députés ont refusé une pétition demandant d'interdire la publicité pour les SUV.
Retour à la page d'accueil