Culture L'artiste Sylvie Moreillon joue à «Pigeon vole»

nt, ats

25.12.2021 - 10:55

L'artiste vaudoise Sylvie Moreillon a troqué ses outils et son pinceau pour le dessin. Dans un petit ouvrage intitulé «Les insolent-e-s de Colombine», sa plume affuble le pigeon de traits et de pensées bassement humaines.

L'artiste Sylvie Moreillon vient de publier un petit opus visant à combattre la morosité ambiante "Les insolent-es de Colombine".
L'artiste Sylvie Moreillon vient de publier un petit opus visant à combattre la morosité ambiante "Les insolent-es de Colombine".
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Keystone-SDA, nt, ats

Dans cet opus préfacé par Laurent Flutsch, l'artiste évoque avec tendresse et malice ces volatiles mal aimés, représentants malgré eux de la banalité du quotidien. «Les pigeons ont la réputation d'être stupides. Mais ils nous ressemblent beaucoup», raconte-t-elle à Keystone-ATS.

Sylvie Moreillon revendique son zoo centrisme, le pigeon étant un «délicieux prétexte» pour parler des humains, de la crise actuelle, des dérives de la société: ce drôle d'oiseau est agaçant, prétentieux, bruyant, fanfaron, colonisateur. Voire même harceleur de rue, lorsqu'il bombe le torse en poursuivant une congénère, sourit-elle.

Garder le bec hors de l'eau

Dessinés d'un trait sur sa tablette, l'artiste n'a pas voulu en faire des caricatures: «Ces bestioles sont jolies, mais elles excèdent», observe l'artiste. A travers elles, la Lausannoise se rit d'elle-même et de ses semblables, l'occasion de «garder le bec hors de l'eau et d'éviter la soupe à la grimace» dans ces temps difficiles.

Lui faisant écho, son éditeur, l'Aubonnois Daniel Luthi (édition du Bourg) a choisi les citations qui accompagnent les dessins. Colombine, alias Sylvie Moreillon, et ses volatiles sont également sur facebook chaque semaine. Les pigeons, qui suivent l'actualité, s'y manifestent, histoire d’échapper au livre.

Une obsession qui date

Voilà plus de dix ans que l'artiste s'intéresse à ces oiseaux nicheurs: «depuis l'époque où la ville de Lausanne a décidé de leur faire la guerre», se remémore-t-elle. A partir de 2008, pour «remplacer ceux qui disparaissent», elle constitue une armée d'une centaine de pigeons en terre cuite.

Parmi eux, un Moritz se reposant, la tête dans les plumes, un Pierre-Yves au poitrail rebondi ou encore un Jean-Yves Pidoux au plumage frisottant. Ils se sont notamment perchés à l'Hôtel-de-Ville de Lausanne lors d'une exposition consacrée aux oiseaux.

Artiste protéiforme

Fille d'architecte, passionnée par le milieu de la construction, également férue d'archéologie, Sylvie Moreillon expose depuis une vingtaine d'années. Elle a abordé de nombreux thèmes, dont plusieurs liés au monde de la construction.

L'artiste a notamment magnifié le travail des haveuses et autres machines de chantier, dans le cadre du forage du M2. Elle s'est également récemment penchée sur le mystère des serrures et l'intimité des caves.