Exposition à Lausanne L'influence décisive du Japon dans l'oeuvre d'Edouard Vuillard

ll, ats

21.6.2023 - 14:09

La Fondation de l'Hermitage revisite l'oeuvre d'Edouard Vuillard sous l'angle du japonisme, dont la mode déferle à la fin du 19e siècle. Une centaine de ses oeuvres dialoguent avec estampes et objets du pays du Soleil-Levant. A voir à Lausanne jusqu'au 29 octobre.

«L'exposition a été pensée à partir d'une oeuvre de notre collection, 'La Maison de Roussel à La Montagne' (vers 1900)», a expliqué mercredi devant la presse Sylvie Wuhrmann, directrice de la Fondation de l'Hermitage. Ce petit format délicat montre l'influence cruciale des arts japonais dans la production du maître nabi.

Dans ce paysage, Edouard Vuillard (1868-1940) intériorise librement plusieurs codes des estampes: il propose une vue en plongée, un cadrage resserré et un «travail magnifique sur l'ombre qui est ici presque dentelée», détaille Corinne Currat, conservatrice adjointe.

Nouvelles perspectives

Cette ample exposition s'est construite à partir de prêts de 61 entités, dont des pointures comme la Tate et le musée d'Orsay. Elle revient sur 25 ans de création du peintre, entre 1890 et 1914, qui était aussi un collectionneur d'estampes. Cet intérêt pour l'art du Japon lui ouvre de nouvelles perspectives, loin de tout exotisme.

Pour «Deux femmes sous la lampe» (1892), Vuillard travaille «en aplat, sans mise en perspective, presque en ombre japonaise, ce qui contraste avec les éléments de décoration», observe Marina Ferretti, commissaire scientifique de l'exposition. L'artiste ne va jamais copier l'art nippon, mais il en tirera différents enseignements selon les oeuvres et les périodes.

Juxtapositions

Formats originaux, juxtaposition de surfaces décoratives, contours soulignés, touches de rouge et arabesques ponctuent les oeuvres. L'artiste apprécie les scènes d'intérieur, montrant sa mère, sa soeur ou ses amis. «La soupe d'Annette» (vers 1900) est «construit comme un puzzle de motifs décoratifs», relève Sylvie Wuhrmann. De format allongé, le tableau «Dans le jardin de Vallotton» se «lit» de droite à gauche, comme un manga.

Salle après salle, l'exposition s'intéresse aussi à l'univers du spectacle – Vuillard était un passionné de théâtre -, aux arts décoratifs – il voulait abolir la hiérarchie entre arts appliqués et beaux-arts -, à la nature et à la photographie. Un ensemble de tableaux des amis nabis du peintre, comme Pierre Bonnard, Maurice Denis et Félix Vallotton, complète le parcours.

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