Zurich La «polémique médiatique et politique» pourrait faire fuir la Fondation Bührle 

ATS

5.11.2025 - 17:42

La pression médiatique et politique exercée ces dernières années sur la Collection Bührle, à Zurich, en raison de la provenance controversée de ses oeuvres a laissé des traces au sein de la fondation éponyme. Celle-ci n'exclut pas de quitter la ville et d'exposer les oeuvres prestigieuses ailleurs à l'avenir.

Une femme contemple l'œuvre « L'Homme à l'ombrelle » de Claude Monet, à gauche, à côté de l'œuvre « Le phare de Honfleur » de Claude Monet, à droite, au Kunsthaus Zurich, le jeudi 20 juin 2024 à Zurich, en Suisse. Le Kunsthaus Zürich vend le tableau « L'Homme à l'ombrelle » de Claude Monet : il s'est mis d'accord avec les héritiers d'un collectionneur juif. Ce dernier avait dû vendre l'œuvre pour se financer sa fuite devant le régime nazi, comme l'a annoncé mercredi le Kunsthaus. (KEYSTONE/Michael Buholzer)
Une femme contemple l'œuvre « L'Homme à l'ombrelle » de Claude Monet, à gauche, à côté de l'œuvre « Le phare de Honfleur » de Claude Monet, à droite, au Kunsthaus Zurich, le jeudi 20 juin 2024 à Zurich, en Suisse. Le Kunsthaus Zürich vend le tableau « L'Homme à l'ombrelle » de Claude Monet : il s'est mis d'accord avec les héritiers d'un collectionneur juif. Ce dernier avait dû vendre l'œuvre pour se financer sa fuite devant le régime nazi, comme l'a annoncé mercredi le Kunsthaus. (KEYSTONE/Michael Buholzer)
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Keystone-SDA

Au registre du commerce, la Fondation Bührle a supprimé, il y a deux semaines, le fait que ses activités étaient établies «en ville de Zurich». Cette démarche pourrait la dispenser, un jour, de présenter sa collection dans la plus grande ville de Suisse. Depuis 2021, cette dernière est exposée au Kunsthaus, à l'exception de la période actuelle en raison de travaux qui doivent durer jusqu'en 2027.

Résiliation du contrat de prêt possible

Le Kunsthaus et la Fondation Bührle sont liés jusqu'en 2034 par un contrat de prêt de la collection. Une résiliation est toutefois possible. Dans un tel cas, les oeuvres retourneraient auprès de la fondation et ne seraient plus exposées à Zurich, précise cette dernière dans la demande de modification qu'elle avait soumise au conseil qui la régit. La Fondation Bührle a rendu public ce document.

Depuis que la Collection Bührle est exposée au Kunsthaus, la «polémique médiatique et politique» est «sans précédent», déplore la fondation dans le document disponible en ligne. Cette dernière doit faire face aux «reproches les plus massifs», de celui de «mauvais comportement éthique et moral» à celui d'antisémitisme.

«Ingérence» politique «sans précédent»

De plus, la fondation et la Société des arts qui chapeaute le Kunsthaus ont été «forcées» de rendre publics le contrat de prêt permanent de la collection et d'en négocier un nouveau, déplore la Fondation Bührle. Dans ce cadre, la ville de Zurich a posé ses conditions au niveau du contenu. Pour la fondation, il s'agit d'une «ingérence des autorités» dans une institution privée et culturelle, «sans précédent dans le domaine jusque-là libéral» des musées suisses.

La ville de Zurich examine actuellement si la modification dans le registre du commerce «touche à ses intérêts», indique à Keystone-ATS un porte-parole du dicastère présidentiel. Elle décidera ensuite si des mesures s'imposent. Une plainte de sa part devant le tribunal administratif en serait une possibilité.

Traçage des oeuvres revu et corrigé

La prestigieuse collection, réunie par le marchand d'armes zurichois Emil Bührle entre 1936 et 1956, compte 633 oeuvres. La fondation avait identifié des anciens propriétaires juifs dans 41 cas. L'an dernier, les recherches des experts indépendants ont révélé une vingtaine de cas supplémentaires de ce type, marqués par un changement vraisemblable de propriétaire entre 1933 et 1945.

Des vérifications de leur traçage sont en cours. Cinq tableaux ont été décrochés, l'été dernier, des parois de l'exposition pour cette raison.