Vote historique La Ville de Moutier saura le 28 mars si elle devient jurassienne

hs, ats

21.3.2021 - 09:55

Keystone-SDA, hs, ats

Le 28 mars, le corps électoral de Moutier (BE) dira pour la seconde fois lors d'un scrutin présenté comme le plus surveillé de l'histoire suisse s'il veut rejoindre le canton du Jura ou s'il préfère rester Bernois. L'issue de ce vote historique s'annonce très serrée et les regards se portent déjà sur l'après 28 mars.

Laurent Coste, porte-parole, parle lors d'une conference de presse du comite "Moutier, ville jurassienne" a l'occasion du lancement officiel de la campagne en faveur du rattachement de Moutier au Canton du Jura le vendredi 23 octobre 2020 a Moutier. 
Laurent Coste, porte-parole, parle lors d'une conference de presse du comite "Moutier, ville jurassienne" a l'occasion du lancement officiel de la campagne en faveur du rattachement de Moutier au Canton du Jura le vendredi 23 octobre 2020 a Moutier. 
KEYSTONE/Jean-Christophe Bott

«Voulez-vous que la commune de Moutier rejoigne la République et Canton du Jura? C'est la question posée aux 4440 ayants droit, soit 87 de moins que lors du vote de 2017. Ce scrutin doit mettre un terme définitif à la Question jurassienne, une question qui date de plusieurs décennies.

Le vote du 18 juin 2017, qui avait débouché sur une majorité de 137 voix en faveur du transfert dans le canton du Jura, a été invalidé par la justice bernoise en raison de dysfonctionnements en lien avec le registre électoral et la communication des autorités municipales. Près de quatre ans plus tard, les Prévôtois s'apprêtent à répéter cet exercice démocratique dans un contexte différent.

Campagne à distance

En raison des restrictions sanitaires, les mouvements Moutier ville jurassienne et MoutierPlus ont mené une campagne à distance. A défaut d'événements festifs, ils ont multiplié les interventions sur les réseaux sociaux et dans le courrier des lecteurs. Autonomistes comme antiséparatistes se veulent confiants à l'approche du vote.

Les arguments avancés tant par Moutier ville jurassienne que par MoutierPlus n'ont guère évolué depuis 2017. Les deux comités de campagne ont cherché à convaincre les indécis et surtout à séduire les nouveaux votants, que ce soient des jeunes ayant acquis le droit de vote ou de nouveaux arrivants, soit quelque 800 personnes.

Enjeu du premier vote, l'Hôpital de Moutier assure que sa pérennité est assurée, quel que soit le choix des Prévôtois. Mais les camps autonomistes et antiséparatistes étalent leurs différends au sujet de la future liste hospitalière. L'établissement a réaffirmé son impartialité dans le cadre de la campagne.

Arguments connus

Le comité non séparatiste MoutierPlus rappelle les avantages pour la population à rester bernoise. Optant pour une campagne positive, il souligne que la cité prévôtoise bénéficierait de plus d'opportunités dans le canton de Berne qu'en rejoignant le voisin jurassien, tant sur le plan fiscal qu'économique.

Pour Moutier ville jurassienne, un oui le 28 mars répond à un choix du coeur synonyme d'avenir meilleur et de paix retrouvée pour les Prévôtois. Aux yeux des sympathisants autonomistes, un transfert dans le canton du Jura permettrait à la ville de faire entendre sa voix et de rayonner.

Pour ne pas être accusés de jeter de l'huile sur le feu, le Conseil municipal de Moutier et les Gouvernements jurassien et bernois ont fait preuve de retenue. Personne ne veut commettre de faux-pas. Les gouvernements se sont engagés à s'abstenir de toute campagne proactive.

Vote irréprochable

Les cantons de Berne et du Jura veulent clore une fois pour toutes la Question jurassienne sitôt le cas de Moutier réglé. Ils ont donc pesé de tout leur poids pour que le processus se déroule d'une manière irréprochable pour éviter des recours qui prolongeraient l'incertitude tout en ravivant les tensions.

Un appel entendu par la Confédération qui a renforcé les mesures de surveillance pour que le verdict ne puisse pas être contesté. Il en va de la crédibilité des institutions suisses. Le vote du 18 juin 2017 était déjà censé être le plus surveillé de l'histoire suisse.

Jamais un vote communal n'a été organisé en Suisse avec des règles aussi pointues sous l'égide et avec le soutien de la Confédération. Il y aura six observateurs fédéraux pour contrôler les opérations de dépouillement ainsi que dix collaborateurs de l'Office fédéral de justice (OFJ) pour vérifier les cartes de légitimation.

Suivi du registre électoral

La Chancellerie bernoise et la commune de Moutier assurent un suivi systématique du registre électoral pour prévenir les domiciliations fictives. Ce contrôle se poursuivra jusqu'à l'entrée en force du résultat. L'objectif est de restaurer la confiance et d'éviter d'éventuels recours en lien avec le registre.

Depuis le 8 mars, les électeurs peuvent envoyer leur bulletin par correspondance à l'OFJ à Berne ou le déposer dans le container scellé à l'Hôtel de Ville. Les observateurs fédéraux ont aussi remis les enveloppes de vote en mains propres aux pensionnaires des établissements médicaux-sociaux.

Craintes pour l'après 28 mars

Si tout un dispositif a été mis en place pour s'assurer du bon déroulement du vote, l'après 28 mars suscite en revanche certaines craintes. Si le non devait l'emporter, des militants autonomistes pourraient se sentir floués et exprimer leur colère dans la rue, estimant que leur victoire du 18 juin 2017 leur a été volée.

Les Gouvernements jurassien et bernois ainsi que la Municipalité de Moutier ont lancé des appels au calme et au respect. La police cantonale bernoise va déployer un dispositif pour assurer l'ordre et la sécurité de cette journée sensible sur les plans politique et sanitaire.