Arts, culture, et spectaclesLausanne: la musique s'ouvre aux personnes sourdes et aveugles
gsi, ats
13.1.2024 - 18:06
Mozart et Beethoven ont résonné pour un public bien particulier samedi au casino de Montbenon. L'Orchestre de chambre de Lausanne (OCL) y a donné un concert pour des personnes sourdes et aveugles.
Keystone-SDA, gsi, ats
13.01.2024, 18:06
13.01.2024, 18:47
ATS
C'est l'Union centrale suisse pour le bien des aveugles (UCBA) qui a eu l'idée d'un tel concert, afin de marquer le 100e anniversaire de son service pour les personnes atteintes de surdicécité.
Un double handicap, visuel et auditif, qui ne doit pas empêcher de vivre «l'émotion de la musique.» Comment? Au travers des vibrations des instruments, explique Carol Lagrange, co-directrice marketing et communication de l'UCBA, interrogée par Keystone-ATS.
En chaussettes
Huit personnes souffrant de divers degrés de surdicécité ont pu monter sur scène samedi, chacune s'installant à côté d'un musicien. Elles ont enlevé leurs chaussures et certaines ont pu toucher l'instrument: deux façons de percevoir au mieux les vibrations.
Dans la salle cette fois-ci, équipée de boucles magnétiques, une soixantaine d'autres spectateurs ont pu ressentir ces vibrations en tenant dans la main un ballon de baudruche.
L'événement a été organisé en collaboration avec l'association L'Art d'Inclure. Son origine remonte au visionnage d'une vidéo d'un concert en Russie, lors duquel des personnes sourdes et aveugles avaient pris place sur scène. «Nous avons trouvé l'idée géniale en matière d'inclusion», raconte Carol Lagrange.
Instruments graves
L'UCBA a ensuite approché l'OCL et son chef Renaud Capuçon qui ont été «emballés» par le projet, poursuit la responsable. L'orchestre lausannois cherche justement, via sa série de concerts de «L'OCL pour tous», à rencontrer des publics dits «empêchés». A plusieurs reprises ces dernières années, ses musiciens ont joué pour des personnes en situation de handicap ou de rupture sociale, allant même jusqu'à se produire à la prison d'Orbe.
Le choix musical est, à chaque fois, pensé pour répondre au mieux à ce public atypique. En l'occurrence samedi, l'OCL a joué le concerto pour violon no 5 de Mozart et à la symphonie no 1 de Beethoven.
Pour les personnes présentes sur scène, il a aussi fallu tester les instruments qui produisaient le plus de vibrations, soit ceux au registre le plus grave, indique Carol Lagrange. L'OCL a ainsi retenu deux violoncelles, deux contrebasses, deux cors et deux bassons.
Sensibilisation
Outre les personnes en situation de handicap, des proches de l'UCBA et d'Art d'Inclure – bénévoles, donateurs, partenaires divers – ont pu assister à ce concert privé, qui a réuni quelque 350 spectateurs. Les autorités politiques ont aussi été invitées, à l'instar de la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider, de la ministre vaudoise Rebecca Ruiz et du municipal lausannois David Payot.
«L'objectif d'un tel concert consiste également à sensibiliser les autorités et le grand public à la problématique de la surdicécité, mais aussi à la nécessité de l'inclusion culturelle», souligne Carol Lagrange. Les invités ont ainsi pu participer, au début du concert, à une expérience de simulation de surdicécité avec des lunettes et des boules Quies.
A noter finalement que la démarche de l'UCBA s'inscrit dans une volonté générale de rendre certains concerts plus «inclusifs». Plusieurs initiatives ont été lancées ces derniers mois, comme par exemple avec un autre orchestre lausannois, le Sinfonietta. Celui-ci met à disposition des gilets vibrants pour ses spectateurs sourds ou malentendants.