Le Musée cantonal des Beaux-Arts (MCBA) s'intéresse aux différentes formes de résistance, un phénomène fondamentalement constitutif de l'art. L'exposition collective «Résister, encore» est le dernier accrochage dont Bernard Fibicher assure le commissariat avant de quitter ses fonctions en juin après 15 ans à la direction.
Dans un collage, Thomas Hirschorn juxtapose ruines antique et contemporaine.
Une sculpture matérialise le journal tenu par une combattante pro-kurde avant son décès en 1997.
Derrière la cage dorée de Michel François, quatre oeuvres que l'Américain Philip Guston sur le Ku Klux Klan.
Lausanne: résistances hétéroclites au Musée des Beaux-Arts - Gallery
Dans un collage, Thomas Hirschorn juxtapose ruines antique et contemporaine.
Une sculpture matérialise le journal tenu par une combattante pro-kurde avant son décès en 1997.
Derrière la cage dorée de Michel François, quatre oeuvres que l'Américain Philip Guston sur le Ku Klux Klan.
L'exposition «n'illustre pas une mouvance quelconque. Elle présente des oeuvres puissantes et autonomes», a expliqué jeudi devant la presse Bernard Fibicher. Vidéos, peintures, dessins, broderies, collages ou sculptures: les créations hétéroclites de 14 artistes – souvent contemporains – sont à découvrir jusqu'au 15 mai prochain.
Pour Bernard Fibicher, un musée à un «rôle pégagogique» à jouer: «il nous apprend à percevoir les choses différemment». L'exposition, répartie sur trois niveaux, interroge, surprend, provoque parfois.
Vallotton et Hirschorn
Au premier étage, six gravures de Félix Vallotton datant de 1917 rendent compte de la Grande Guerre avec horreur et fascination. A côté, l'artiste engagé Thomas Hirschorn, avec «A ruin is a ruin» (2016), juxtapose ruines antique et contemporaine, en utilisant photocopies, feutre et adhésif sur du carton ondulé.
Sur une plage de Tel-Aviv, Sigalit Landau se filme nue en train de faire du hula hoop. Mais son hula hoop est en fil de fer barbelé, et blesse inlassablement son corps. Ce barbelé symbolise la frontière et la réclusion, en écho aux tensions entre Israël et Palestine.
Combattante kurde
Plus loin, une étagère en acier signée Banu Cennetoğlu rend hommage à Gurbetelli Ersöz, en matérialisant le journal qu'elle a tenu entre 1995 et son décès au combat en 1997. L'ancienne rédactrice en chef d'un journal pro-kurde avait choisi de prendre les armes auprès du PKK, après avoir été emprisonnée et torturée. Son journal, disponible jusqu'ici en turc et en allemand, sera publié dans un mois en français aux Editions d'En Bas, a annoncé Bernard Fibicher.
Le musée a réussi «l'exploit» d'obtenir quatre oeuvres de l'Américain Philip Guston, datant des années 1969 à 1971, où il représente des membres du Ku Klux Klan dans des poses quotidiennes telles que fumer un cigare ou conduire. Une apparente banalisation de la violence mais qui pousse à réfléchir.
Cage dorée et broderies sanglantes
A découvrir également: une fragile cage dorée et d'autres oeuvres de Michel François, des broderies de la Mexicaine Teresa Margolles réalisées par des associations de femmes à partir de linceuls dans lesquels des femmes assassinées ont été enveloppées ou encore une immense barricade de «résistance et de liberté» signée Fabrice Gygi.