Le Musée cantonal des Beaux-Arts (MCBA) à Lausanne propose jusqu'au 16 janvier 2022 de déambuler en ville avec l'artiste contemporain Francis Alÿs. L'exposition «As Long as I'm Walking» présente un survol de son travail vidéo centré sur la pratique de la marche.
L'exposition temporaire de l'artiste contemporain belge Francis Alÿs, "As Long as I'm Walking", est à voir dès vendredi et jusqu'au 16 janvier prochain au Musée cantonal des Beaux-Arts (MCBA) à Lausanne.
La marche en milieu urbain est au coeur des démarches performatives du vidéaste.
L'architecte de formation multiplie les approches: peinture, dessin, sculpture, installation, photographie et surtout vidéo.
Les déambulations urbaines de Francis Alÿs au MCBA à Lausanne - Gallery
L'exposition temporaire de l'artiste contemporain belge Francis Alÿs, "As Long as I'm Walking", est à voir dès vendredi et jusqu'au 16 janvier prochain au Musée cantonal des Beaux-Arts (MCBA) à Lausanne.
La marche en milieu urbain est au coeur des démarches performatives du vidéaste.
L'architecte de formation multiplie les approches: peinture, dessin, sculpture, installation, photographie et surtout vidéo.
«Par ses déambulations apparemment anodines, Francis Alÿs non seulement pense la ville, mais y façonne des récits, fait circuler des rumeurs, cartographie le tissu social par des actions tantôt brèves, tantôt déclinées sur le long cours, tour à tour tirant, poussant, portant un accessoire qui tient lieu d'indice pour lire la fable déroulée par le corps en mouvement», explique Nicole Schweizer, commissaire de l'exposition.
Architecte de formation, l'artiste pluridisciplinaire belge né en 1959 à Anvers s'est établi au Mexique en 1986. Venu participer à un projet d'aide du gouvernement belge à Mexico, victime alors d'un séisme, Francis Alÿs prend goût à cette mégalopole. Au cours de ses nombreuses promenades, il étudie et documente la vie quotidienne dans et autour de la capitale à travers des performances.
L'art, la ville, le social
Il développe peu à peu un travail interdisciplinaire, jouant entre l'art, la ville et son aspect social. L'architecte et ingénieur se tourne dès lors complètement vers les arts visuels, multipliant les approches: peinture, dessin, sculpture, installation, photographie et surtout vidéo. Avec toujours au coeur de ses démarches performatives: la marche en milieu urbain.
«La ville devient alors son matériau, le corps en mouvement et les règles du jeu qu'il se fixe ses instruments, tandis que le film nous restitue la trace de ses actions», relève la commissaire. Au cours des années, l'artiste étendra ses déambulations à d'autres espaces urbains – de New York à Londres en passant par La Havane, Venise, Kaboul ou Jérusalem -, réimaginant chacun d'entre eux par ses itinéraires revisités.
«Si toute son œuvre interroge le lien entre acte artistique et intervention politique, Francis Alÿs travaille toujours par allusions, avec une précision et une économie de moyens remarquables, préférant la polysémie poétique au commentaire politique frontal», commente Mme Schweizer.
«Tant que je marche»
Au MCBA, l'exposition «As Long as I'm Walking» ("Tant que je marche") est un survol de son travail vidéo de ces 30 dernières années. Le visiteur découvrira par exemple une série d'oeuvres initiées en 1999, les «Children's Games».
Dans ces vidéos réalisées dans divers pays, les «espaces imaginaires de l'enfance rejoignent les espaces fictionnels de l'artiste», à travers de multiples espaces de jeux, entre particularismes régionaux (moeurs, coutumes et rituels) et universalité des jeux favoris des enfants (chaise musicale, cerf-volant, billes, châteaux de sable, feuille-cailloux-ciseaux, etc).
Dans une des premières oeuvres, «The Collector» (1990-1992), le visiteur pourra se promener dans Mexico, suivant Francis Alÿs qui tire au bout d'une laisse un aimant monté sur des roulettes qui se couvre progressivement de tous les résidus métalliques se trouvant sur son passage. L'artiste se transforme ainsi en archéologue ou en détective ambulant, en quête d'indices.
Ligne verte
Autre oeuvre emblématique, «The Green Line» (2004), où il marche, un pot de peinture verte percé à la main, le long de la frontière résultant de l'armistice de 1949 entre Israël et les Etats arabes, «ligne verte» déplacée depuis la Guerre des Six jours de 1967 et l'occupation des territoires palestiniens à l'est de la démarcation.
Francis Alÿs «réactive ici la frontière originale en l'incarnant par sa marche et en créant au sol une coulée irrégulière de peinture verte, trace ténue mais bien réelle le temps de l'action».
Qu'il alterne actions simples, symboliques ou ironiques dans ses flâneries réalistes, poétiques ou engagées, l'artiste contemporain étudie et montre l'influence que peut avoir l'art sur la vie en milieu urbain, entremêlant sentiments humains et conflits sociaux.