Genève
Les syndicats à Genève lancent leur lutte après la signature fin septembre d'une nouvelle CCT dans le commerce de détail, qu'ils n'ont pas négociée. Prêts à geler l'ouverture des magasins le dimanche "pendant des années" s'ils ne sont pas associés, ils ont proposé jeudi une médiation pour relancer les discussions.
Unia avait dénoncé en juin 2016 la Convention collective de travail (CCT) avec un délai d'un an pour obtenir des compensations à l'extension des horaires pour l'ouverture des commerces trois dimanches par an. Depuis, il déplore l'absence de dialogue avec les associations patronales du secteur qui l'ont contourné pour conclure pour trois ans le nouvel accord avec la Société des employés de commerce (SEC).
"Les négociations n'ont pas eu lieu", a dit jeudi à l'ats un secrétaire syndical d'Unia, Jamal al-Amine. Et "c'est la première fois" qu'un arrangement est conclu dans une telle branche à Genève sans le syndicat majoritaire.
Selon Unia, la SEC n'est pas représentative et l'accord n'a pas été piloté par la section locale. Par ailleurs, des membres de l'ancien comité de la SEC locale sont employés dans des associations patronales.
Sous-enchère salariale
L'opposition porte surtout sur le contenu de la CCT, rejeté également par le Syndicat interprofessionnel des travailleurs (SIT), qui n'avait pas soutenu la dénonciation du précédent cadre. L'accord prévoit un gel des conditions salariales pendant trois ans, et fait la distinction entre le personnel au contact de la clientèle et celui actif dans les zones de stockage.
Or, le salaire minimal des employés qualifiés de la seconde catégorie diminue dans la nouvelle CCT. Autre reproche, le nombre d'heures de travail par semaine des étudiants, qui ne disposent pas d'indemnités pour les horaires particuliers, n'est plus limité. Et une réserve d'heures de 40 heures par employé, à utiliser deux fois par an, est prévue.
Par ailleurs, les associations patronales ont décidé d'augmenter à 50'000 francs leur contribution à la commission paritaire, mais cette mesure n'est pas garantie sur plusieurs années, selon Unia et le SIT. Et comme dans le nettoyage par exemple, les deux syndicats demandent un léger prélèvement, à discuter, sur la masse salariale, pour atteindre 400'000 francs au total et garantir des contrôles indépendants sur les sites des travailleurs.
Appel aux organismes patronaux
Pour sortir de ces divisions, Unia et le SIT demandent une médiation. Cette mesure sera discutée mardi prochain à la Commission consultative sur le commerce de détail. Depuis début juillet, le commerce genevois vit sous le régime du contrat type de travail.
La décision tripartite sur la nouvelle CCT devrait être prise en décembre. Si les représentants patronaux la valident, "ce sera une déclaration de guerre", selon Unia. Et si le conseiller d'Etat Pierre Maudet l'entérine, il sera responsable d'avoir favorisé la sous-enchère salariale à Genève, dit M. al-Amine.
Le syndicaliste annonce déjà que les magasins n'ouvriront pas le dimanche pour les remises de janvier. Mais Unia et le SIT sont prêts à des actions judiciaires qui pourraient geler cette situation "pendant des années". "Il n'y aura pas d'approbation de cette extension de la CCT", selon M. al-Amine. Des actions avec les employés pourraient être prévues.
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