Exposition à Lausanne Palais de Rumine: l'exotisme, une question de point de vue

ATS

23.9.2020 - 13:18

L'exposition «Exotic ?» s'interroge sur les clichés qui se construisent au fil des siècles sur les autres cultures. Elle réunit dès jeudi au Palais de Rumine des centaines d'objets qui se trouvaient en Suisse au 18e siècle, en provenance de 35 institutions. A découvrir jusqu'au 28 février 2021 à Lausanne.

«Nous nous sommes demandés: qu'est-ce qui est exotique au siècle des Lumières. En fait, rien n'est exotique en soi. Tout est question de regard», résume mercredi Noémie Etienne, commissaire d'exposition et professeur à l'Université de Berne.

Le 18e siècle est une période clé dans la construction de ce regard, «dont nous sommes encore les héritiers. Il faut le regarder en face», ajoute-t-elle. Le résultat – réalisé en collaboration avec les trois musées de sciences et d'histoire de Rumine – est à découvrir dans les anciennes salles du Musée des Beaux-Arts, désormais installé près de la gare.

La première salle – en guise d'introduction – rassemble pour l'essentiel des objets tirés des vastes collections des trois musées locaux. Le tout est montré sans explication. Au visiteur interpellé de se demander s'il pense que c'est ancien ou non, exotique ou non.

Partir à l'étranger

Le visiteur plonge ensuite dans le coeur de l'exposition. D'emblée, un décor en forme de jumelles rappelle l'importance du regard porté sur les hommes et les choses. Les Suisses qui partent à l'étranger en ramènent des objets et parfois les nomment à leur guise. Une hache ostensoir est en fait une oeuvre symbolique de Nouvelle-Calédonie.

«Nous nous sommes intéressés aux Suisses partis à l'étranger, aux objets qu'ils en ont ramené et ce dont ils en ont fait», explique Mme Etienne. Ces voyages durent souvent plusieurs années. Leurs auteurs en ramènent des récits et des carnets de dessins.

La troisième salle renverse le regard et montre comment la Suisse devient progressivement un objet de curiosité. Les citadins découvrent et idéalisent les montagnes et le monde rural. Pour décorer son intérieur, on peut alors acheter des papiers peints panoramiques et colorés montrant des scènes campagnardes.

Pas de white-washing

Dans l'exposition, certaines oeuvres – notamment quelques tableaux sur l'esclavage – peuvent avoir un contenu ou une dénomination «sensible». «Fallait-il les montrer ou pas. Nous en avons beaucoup discuté et avons décidé que nous ne voulions pas de white-washing de l'histoire. Pas dans un musée où il y a une contextualisation» a ajouté Mme Etienne.

L'exposition est le fruit de quatre années de recherches. Les pièces exposées, rarement montrées, ont été précisément choisies, insistent les commissaires d'exposition.

En raison du coronavirus, le vernissage de l'exposition a été annulé. A la place l'entrée est offerte jusqu'à dimanche, pendant les quatre premiers jours d'exposition. Des ateliers, concerts, visites et rencontres accompagnent l'exposition.

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