ProcèsPhotographe animalier jugé pour diffamation envers les chasseurs
dida, ats
1.7.2021 - 14:15
Un photographe animalier a comparu jeudi devant un Tribunal de police à La Chaux-de-Fonds pour avoir traité les chasseurs de «tueurs». Le Ministère public requiert une condamnation du prévenu à une peine pécuniaire de 45 jours-amende à 30 francs.
Keystone-SDA, dida, ats
01.07.2021, 14:15
ATS
«Les termes choisis ont été pesés et réfléchis. Ils s'appuient sur des considérations morales, éthiques et philosophiques et sont corroborés par des études scientifiques», a insisté le Chaux-de-fonnier lors de son interrogatoire jeudi. Selon lui, la chasse est un fléau pour la biodiversité et plus particulièrement pour les espèces telles que le tétras lyre, le lièvre variable ou encore la bécasse, toutes menacées dans les Alpes.
A la suite d'un appel à la mobilisation sur les réseaux sociaux, une quarantaine de personnes se sont rendues devant le tribunal pour manifester leur soutien au prévenu. Dans une ambiance pacifique, elles ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire notamment «La liberté d'expression, c'est aussi quand ça dérange».
Messages «injurieux»
La Fédération des chasseurs neuchâtelois a porté plainte contre ce photographe animalier pour diffamation, calomnie et injure à la suite de l'envoi, entre le 11 août et le 27 septembre 2020, de trois courriers électroniques. «Guerre et mort à la chasse», a-t-il écrit notamment dans l'un d'eux, en référence au rejet de la révision de la loi sur la chasse par les citoyens suisses.
Parmi les autres messages, l'un d'eux mentionne «le sinistre calcul» des chasseurs neuchâtelois avec la création de l'association Sauvetage faons Neuchâtel. Cette dernière utilise des drones pour survoler les prairies afin de localiser et protéger les faons avant les moissons. Une manière d'avoir «plus de chevreuils à abattre à l'automne» avait écrit le prévenu.
«J'ai été frappé de voir avec quelle malignité il arrive à détourner à son profit la création de cette association», s'est indigné l'avocat des plaignants au moment des plaidoiries. «On ne peut pas, en vertu du principe de la défense de la nature, injurier les chasseurs».
«C'est de la satire»
Le Chaux-de-fonnier ne visait pourtant pas de chasseurs en particulier, mais une pratique au sens large, a relevé son avocate, pour qui ces propos pourraient très bien se trouver dans un journal comme Charlie Hebdo. «C'est de la satire. Une simple critique n'est pas une infraction pénale», a-t-elle articulé.
Le tribunal devra rendre son verdict à la rentrée judiciaire. «Quel que soit le jugement, je continuerai de militer avec les mêmes termes», a assuré le photographe animalier.