Art Rétrospective «Niki de Saint Phalle» au Kunsthaus de Zurich

fa, ats

1.9.2022 - 16:52

Le Kunsthaus de Zurich retrace l'oeuvre de Niki de Saint Phalle (1930-2002) sous toutes ces facettes jusqu'au 8 janvier prochain. Le public y découvre que l'impact laissé par l'artiste franco-américano-suisse dépasse largement celui de ses mythiques «nanas».

Si l'univers de Niki de Saint Phalle ne s'est de loin pas limité à ses "nanas", celles-ci occupent tout de même une place importante dans la rétrospective du Kunsthaus.
Si l'univers de Niki de Saint Phalle ne s'est de loin pas limité à ses "nanas", celles-ci occupent tout de même une place importante dans la rétrospective du Kunsthaus.
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La rétrospective à voir dès vendredi réunit une centaine d'oeuvres de Niki de Saint Phalle, de ses premiers assemblages à ses performances en passant par ses énormes sculptures, son «jardin du tarot» en Toscane, ou encore ses activités théâtres, cinématographiques et architecturales. L'ensemble de son oeuvre a été «excentrique, émotionnel, sombre et brutal, plein d'humour, énigmatique et toujours provocant», souligne le Kunsthaus jeudi.

La légendaire «nana» de Stockholm

Considérée comme l'une des plus grandes artistes féminines du 20e siècle, Niki de Saint Phalle est connue du grand public pour ses sculptures de femmes obèses. Les voyageurs qui traversent la gare centrale de Zurich sont confrontés à l'une d'entre elles, «L'ange protecteur», suspendu dans la grande halle depuis 1997.

Mais la plus connue de «nanas» de l'artiste est sans doute celle exposée en 1966 dans le Musée des arts modernes de Stockholm. Intitulée «La plus grande putain du monde», elle pesait six tonnes et mesurait 27 mètres de long. Surtout, elle laissait le public la «pénétrer», un énorme trou accueillant entre ses jambes les visiteurs du musée, invités à la découvrir de l'intérieur.

«Nouvelle réaliste», comme Jean Tinguely

Niki de Saint Phalle s'était cependant déjà fait remarquer cinq ans plus tôt en invitant le public à viser des sachets remplis de peinture sur des figures en plâtre. L'évènement avait eu lieu dans une galerie d'art parisienne. Il lui a ouvert les portes de prestigieux musées.

A cette époque, l'artiste était le seul membre féminin du groupe des Nouveaux réalistes, dont faisait aussi partie le Suisse Jean Tinguely, son futur mari. La rétrospective zurichoise montre aussi de nombreuses photos, l'artiste ayant aussi travaillé comme modèle.

Fille d'une Américaine et d'un aristocrate français, Niki de Saint Phalle est née à Neuilly-sur-Seine (F) avant de grandir à New York. A 18 ans, elle se marie avec l'écrivain américain Narry Mathews. Le couple se sépare 12 ans plus tard, en 1960. Elle se remarie avec Jean Tinguely en 1971 et acquiert ainsi la nationalité suisse. Le duo réalise ensemble plusieurs projets artistiques.

L'art comme thérapie

Pour l'artiste trinationale, l'art a représenté une thérapie lui permettant de travailler sur son enfance difficile de manière innovative, courageuse et indépendante, décrit le Kunsthaus. Abusée sexuellement par son père, elle a aussi vécu un lien problématique avec sa mère. L'art lui a permis de se confronter à son propre rôle de femme.

Outre les galeries et les musées, Niki de Saint Phalle a aussi marqué les boutiques et les papeteries de sa présence. Elle a notamment financé une partie de sa vie d'artiste en créant et en commercialisant son propre parfum. Elle trace un lien entre art et commerce et le tire à son propre avantage.

L'exposition du Kunsthaus est réalisée en collaboration avec la Schirn Kunsthalle de Francfort (D). Son parcours est constitué d'espaces semi-ouverts. Le public s'y faufile et y circule autour d'une place, comme dans un village. De grandes fenêtres relient l'intérieur et l'extérieur des espaces. Il s'agit de la dernière présentation organisée par le directeur du musée Christoph Becker, qui part à la retraite.

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