GenèveReproduction d'un tricycle d'Hiroshima au Musée de la Croix-Rouge
sn, ats
19.9.2024 - 15:02
La reproduction en bronze d'un tricycle retrouvé à Hiroshima le 6 août 1945 après l'explosion atomique trône désormais au Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge à Genève. La Campagne pour l'abolition de l'arme nucléaire (ICAN) la lui a offerte.
19.09.2024, 15:02
19.09.2024, 15:05
ATS
L'objet n'est pas entouré de protection, laissant la possibilité aux curieux d'avoir une expérience tactile. «C'était voulu», a affirmé à la presse le directeur du musée, Pascal Hufschmid.
Positionné dans le hall d'entrée, le tricycle sera l'une des premières composantes de la nouvelle exposition permanente, attendue dans quatre ans. Il rappelle que derrière chaque conflit, «ce sont des histoires d'individus, de familles, de personnes», insiste le directeur.
Le tricycle avait été récupéré près d'un enfant de trois ans, Shinichi Tetsutani. Blessé et brûlé, celui-ci était décédé quelques heures plus tard. Désormais, la famille de Shinichi parle à la nouvelle génération chez elle et plus largement au Japon de l'importance de cohabiter en paix.
Et le tricycle en est un symbole qui doit être partagé avec les populations du monde entier. «C'est un objet commun. Il peut être trouvé dans chaque famille», affirme Hitomi Hasebe, représentante des Tetsutani, dont cinq membres sur trois générations étaient jeudi à Genève. Un frère de Shinichi, trop âgé, a dû rester au Japon.
Plusieurs autres objets
L'objet, exposé dans la ville japonaise, avait été numérisé en 2021 au Japon. La reproduction par les artistes Akira Fujimoto et Cannon Hersey a ensuite été relayée à ICAN en 2022 à Genève. L'organisation l'a offerte jeudi au Musée et à la Ville de Genève. «La Croix-Rouge a été l'une des premières organisations internationales à se rendre à Hiroshima après le bombardement atomique», fait remarquer sa directrice exécutive Melissa Parke.
Pour les artistes, il faut garantir que les souffrances d'Hiroshima ne soient pas oubliées. Pour le jour où aucun rescapé de l'explosion atomique ne sera plus présent, insiste Cannon Hersey, dont le grand-père avait été l'un des premiers à révéler au monde les effets d'Hiroshima.
Il y a un mois, l'artiste était avec ses trois enfants dans la ville japonaise. Et avec la famille de son collègue Akiro Fujimoto. «Nos grands-pères se faisaient la guerre et nos enfants jouent ensemble», glisse-t-il. Selon lui, la relation américano-japonaise peut inspirer le Proche-Orient ou encore la Russie et l'Ukraine vers la paix.
«C'est pour le futur que nous travaillons», dit-il. Une trentaine d'autres objets d'Hiroshima ont été numérisés et seront reproduits pour être montrés dans toutes les régions du monde.
Pour la Ville de Genève, ce don constitue aussi un instrument pour un message plus politique. Cette oeuvre «nous rappelle que nous devons travailler sans relâche» pour l'abolition de l'arme nucléaire, estime le conseiller administratif Sami Kanaan.
Initiative lancée par ICAN
La Suisse n'a toujours pas rejoint le Traité d'interdiction de l'armée nucléaire, entré en vigueur en 2021, malgré une motion approuvée au Parlement fédéral. Prix Nobel de la paix, ICAN a lancé en juillet une initiative populaire face à cette situation.
L'attaque sur Hiroshima avait fait près de 150'000 victimes. Les rescapés, les Hibakusha, subissent toujours les effets de cette explosion.
«Nous espérons que l'oeuvre inspirera la Suisse et le Japon» pour qu'ils s'associent au traité, «alors que la menace d'un nouveau recours à l'arme nucléaire n'a jamais été aussi élevée», a dit Mme Parke. Près de la moitié des Etats ont ratifié cet accord, l'ont signé ou ont dit vouloir le rejoindre.