Théâtre Vidy-Lausanne Sept pièces entre champs et forêts au Chalet-à-Gobet 

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12.5.2023 - 11:52

Le Théâtre Vidy-Lausanne propose en première européenne «Paysages partagés», une création signée Caroline Barneaud et Stefan Kägi. Sept pièces conçues par dix artistes européens sont à découvrir entre champs et forêts au Chalet-à-Gobet (VD). Rendez-vous les dimanches du 14 mai au 18 juin sur la plaine de Mauvernay.

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Dans cette forme de land art performative, théâtrale, éphémère et collective, les spectateurs se retrouvent à la campagne en début d'après-midi pour une excursion d'un autre genre, une balade artistique. Après avoir reçu une carte et un petit paquetage, ils embarquent jusqu'au coucher du soleil, à la découverte d'un territoire et de sept «variations sur le paysage» imaginées par des artistes.

Le tout dure sept heures, avec pauses et pique-nique. «Une expérience à grande échelle qui permet de poursuivre les projets de théâtre hors les murs», relève Vincent Baudriller, directeur de Vidy-Lausanne. Il rappelle que c'est la troisième fois que l'institution transporte ses scènes au Chalet-à-Gobet, sur les hauts de Lausanne.

Entrer en relation

Le projet artistique s'intéresse aux espaces naturels périurbains, fréquentés par tout un chacun: promeneurs, vététistes, joggeurs. «C'est bien l'ordinaire des relations avec le paysage qui est mis en perspective», a souligné Stefan Kägi lors d'une conférence de presse.

Sept artistes ou duos d'artistes de différentes disciplines artistiques – Chiara Bersani et Marco D'Agostin (I), El Conde de Torrefiel (E), Sofia Dias et Vítor Roriz (P), Begüm Erciyas (TR) et Daniel Kötter (D), Stefan Kägi (CH), Ari Benjamin Meyers (US) et Emilie Rousset (F) – ont été invités à penser des oeuvres courtes, aux dispositifs légers et mobiles, a décrit Caroline Barneaud.

En différents endroits, forêt, clairières, plaine de Mauvernay, leurs propos postulent que le paysage n'est pas une toile de fond lointaine. Il invite à s'immerger à l'intérieur, à entrer en relation autrement et collectivement, à déplacer les perspectives habituelles et à mettre l'invisible en lumière.

Arbres, oiseaux, sol, air

Le début de la dramaturgie – qui se déroule sur de courtes distances – commence dans un endroit frais, à l'ombre de la forêt. «Munis d'écouteurs, les spectateurs s'allongent sur une couverture. Ils regardent à la verticale, perspective inconnue dans le théâtre classique», note Stefan Kägi, auteur de cette première pièce.

Les participants se retrouvent à écouter plusieurs protagonistes: un forestier, une chanteuse japonaise, un météorologue évoquant la transformation en cours de la forêt, une psychanalyste se penchant sur l'inconscient de cet univers ou encore un petit enfant.

Le tout s'achève par une courte pièce du compositeur Ari Benjamin Meyers. Au total, quatre compositions pour les arbres, le sol, les oiseaux et l'air seront jouées en «live» le long du parcours, raconte Caroline Barneaud. Autre pièce audio, celle de Sofia Diaz et Vítor Roriz, entraîne deux groupes de publics dans une chorégraphie des corps.

Jean-Luc Chollet guest star

La Française Emilie Rousset récolte pour sa part la parole de spécialistes de la nature, dont celle d'une bioacousticienne. Elle accueille également en «guest star» l'ancien député UDC Jean-Luc Chollet avec «son tracteur qui n'est plus à l'âge des performances». L'agriculteur sert «quelques considérations personnelles» sur son expérience.

Autre expérience vertigineuse et quasi militaire proposée par Begüm Erciyas (TR) et Daniel Kötter (US): s'élever dans les airs avec des lunettes de réalité virtuelle. Chez les performeurs italiens Chiara Bersani et Marco D'Agostin, il s'agit d'explorer la relation entre nature et accessibilité. Enfin, après avoir fait partie de la scénographie, le paysage lui-même prend la parole.

Economique et militaire

Contrairement au land art monumental et ses oeuvres construites dans la nature, cette escapade permet de partager le temps, de respirer ensemble, de regarder dans la même direction, constate Stefan Kägi. «Ce qu'on laisse aux spectateurs, c'est des souvenirs lorsqu'ils reviendront», résume-t-il.

Outre les aspects politiques, sociaux, artistiques et environnementaux du paysage qui s'entremêlent dans ce parcours, le metteur en scène évoque également son caractère économique, le travail d'entretien des forestiers, du paysan qui produit du fourrage. Mais aussi un côté militaire: une partie de cette forêt est protégée, car elle était autrefois à l'arrière d'un stand de tir et le bois «ballé» (criblé de balles) est impropre à la construction.

«Paysages partagés» sera reproduit au Festival d'Avignon et à Berlin cet été. Puis à Milan, en Slovénie, en Espagne, en Autriche et au Portugal durant la belle saison 2024. Chaque théâtre ou festival partenaire produira une version locale, en dialogue avec l'équipe artistique et en s'appuyant sur les ressources alentour.

www.vidy.ch