Neuchâtel a inauguré jeudi une œuvre artistique ainsi qu’une plaque explicative autour de la statue de David de Pury, un négociant qui avait fait en partie fortune avec l'esclavage. Le monument avait été au coeur des débats lors du mouvement «Black Lives Matter».
L'oeuvre "Great in the concrete" de l'artiste Mathias Pfund est visible à côté de la statue de David de Pury depuis jeudi à Neuchâtel.
Florence Chitacumbi, musicienne et Julie Courcier Delafontaine, membre de la commission de la culture, dévoilent la plaque explicative devant la statue de David de Pury jeudi à Neuchâtel.
Neuchâtel fait son travail de mémoire avec la statue de David de Pury.
Statue de Pury: oeuvre d'art et plaque explicative installées - Gallery
L'oeuvre "Great in the concrete" de l'artiste Mathias Pfund est visible à côté de la statue de David de Pury depuis jeudi à Neuchâtel.
Florence Chitacumbi, musicienne et Julie Courcier Delafontaine, membre de la commission de la culture, dévoilent la plaque explicative devant la statue de David de Pury jeudi à Neuchâtel.
Neuchâtel fait son travail de mémoire avec la statue de David de Pury.
«Une collectivité publique a le devoir de documenter son passé, y compris ses zones d’ombre. Sans cela, il n’est pas de société démocratique, plurielle et inclusive», a déclaré Thomas Facchinetti, conseiller communal en charge de la cohésion sociale, devant un parterre d'invités.
Dans la nuit du 12 au 13 juillet de 2020, la statue de bronze de David de Pury, installée sur la place éponyme, avait été maculée de peinture rouge, dans le sillage du mouvement «Black Lives Matter». Le monument avait aussi l'objet de deux pétitions, ce qui avait conduit à un rapport, prévoyant différentes mesures.
La plaque explicative a «pour but de situer brièvement la vie de ce négociant du 18e siècle et l’érection posthume de la statue. Il s’agit aussi et d’un hommage aux personnes privées de liberté, exploitées et déshumanisées dans le cadre du commerce triangulaire», a expliqué le conseiller communal. Douze traductions du texte de la plaque ont été réalisées et sont accessibles par QR-code sur le site de la Ville.
L'oeuvre lauréate, baptisée «Great in the concrete», a été dévoilée jeudi. En bronze sur un socle de béton, la sculpture de l’artiste genevois Mathias Pfund, fait apparaître David de Pury à l’envers, la tête fichée dans son socle, à la manière du renversement accidentel de la statue de Louis Agassiz à l’Université de Californie suite à un tremblement de terre au début du 20e siècle.
«L’œuvre superpose le souvenir de deux figures controversées liées à Neuchâtel et 'performe' une certaine fougue iconoclaste», a indiqué l’artiste genevois, auteur également d’un texte, «Whitey on the moon», à lire sur le site de la Ville et accessible par QR-code depuis la place Pury.
Sous la houlette de Pap Ndiaye
D’autres œuvres d’art – sélectionnées par un jury artistique sous la direction de l’actuel ministre français de l’Education nationale, Pap Ndiaye – pourraient à leur tour être installées devant la statue. Ce sera le cas, au printemps prochain, de «Ignis Fatuus» de Nathan Solioz, une évocation en lumière des âmes des esclaves morts lors de la traversée forcée de l’Atlantique en bateau, illustrant la triste réalité du commerce international transatlantique pendant des siècles.
D’autres actions de sensibilisation à l’inclusivité et de vulgarisation historique ont été lancées ou sont déjà visibles. Un parcours pédagogique et interactif, pour mieux connaître la participation de Neuchâtel dans l'entreprise coloniale, devrait voir le jour en ville l’an prochain.
La Ville souhaite également attribuer davantage de noms de places et rues à des femmes. Après la place Tilo-Frey en 2019, la place Agota Kristof, entre le collège latin et le quai Ostervald, sera inaugurée l’année prochaine. D’autres rues, voire d’autres formes d’hommage pourraient suivre.