Patrimoine industriel Un parcours-découverte sur les traces des abattoirs de Malley

ATS

1.10.2020 - 16:44

Une exposition retrace l'histoire des anciens abattoirs de Malley.
Une exposition retrace l'histoire des anciens abattoirs de Malley.
Source: Agence A.I.R, Patrick Martin, Archives cantonales vaudoises.

«Malley en quartiers», un parcours-exposition à ciel ouvert retrace l'histoire des anciens abattoirs de la Ville de Lausanne. A découvrir dès vendredi dans le quartier de Malley, dans l'ouest lausannois.

Ce projet de médiation culturelle, subventionné par l'Office fédéral de la culture, est le résultat d'une recherche de deux ans. Il revient sur les activités des abattoirs de Malley, de leur construction en 1945 à leur abandon en 2002. Et invite à réfléchir à notre rapport à l'animal et à la consommation de viande.

Un large programme de conférences, visites accompagnées, exposition, concerts et projections est à découvrir durant les trois jours d'inauguration, de vendredi à dimanche. La participation est gratuite, sur inscription. L'exposition-parcours restera en principe en libre accès jusqu'en février 2021, a indiqué à Keystone-ATS Salvatore Bevilacqua, chef de projet et président de l'Association Architecture, alimentation et urbanisme (AAU).

Neuf étapes

L'itinéraire est jalonné de neuf bornes-étapes qui résument les opérations de transformation de l'animal en un produit carné, et font le lien avec le contexte historique et social de l'époque. Le projet s'appuie sur les travaux de chercheurs de l'Institut des humanités en médecine CHUV-UNIL.

Malley, friche urbaine, est aujourd'hui en pleine mutation. Le quartier conserve les traces d'une «industrie de la viande», même si l'essentiel des installations a été démoli en 2015. Pour l'essentiel, seuls subsistent un bâtiment administratif et le haut-relief du sculpteur Pierre Blanc qui marquait l'entrée du site.

A la sortie de la Deuxième Guerre mondiale, Lausanne s'était dotée d’abattoirs industriels flambant neufs, modernes et hygiéniques. Avec l'automatisation et le travail à la chaîne, les conditions de travail y étaient parfois rudes: certains jours, on abattait de 05h30 à 18h00 à une cadence soutenue et dans un bruit assourdissant.

Précieux témoignages

Les chercheurs ont accordé une attention particulière à la collecte de sources orales auprès des anciens employés des abattoirs ainsi que des habitants du quartier. Il s'agissait d'une part de compléter les sources écrites par de précieux témoignages, d'autre part d'écrire une histoire vivante et inclusive, explique l'AAU.

«Ces abattoirs sont un condensé d'enjeux liés à l'alimentation, à la santé et aux questions juridiques des droits des animaux. On y parle aussi des travailleurs, de savoir-faire qui sont aujourd'hui en déclin ou remis en question», ajoute M. Bevilacqua.

Un site internet (www.malleyenquartiers.ch) accompagne le parcours et permet d'approfondir les thèmes abordés. Il est prévu qu'il soit encore enrichi de témoignages. Une publication suivra en février 2021.

Mémorial antispéciste

Jeudi, des militants antispécistes ont dressé un mémorial pour les animaux sur le lieu de l'exposition, sans autorisation. La stèle installée par l'association Pour l'Egalité animale (PEA) commémore la mort de 4'561'465 animaux tués dans les abattoirs publics de Lausanne, a indiqué PEA dans un communiqué.

«Si l'on comprend l'intérêt historique de ce projet, il est à déplorer que la question animale soit si grossièrement balayée. Les choix du programme trahissent une prise de position qui n'a rien d'anodin, tel que l'atelier sordide du dépeçage d'un animal», explique Pia Shazar, porte-parole de l'association. Alors que «Malley en quartiers» se vante «d'écrire une histoire vivante et inclusive», «nous nous permettons donc d'y greffer la voix des animaux, une fois de plus oubliés», ajoute-t-elle.

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