L'année 2018 a été une "année des extrêmes" pour les glaciers suisses qui, en dépit d'un hiver exceptionnellement enneigé, ont perdu 2,5% de leur volume en raison de la chaleur du printemps et de l'été.
Selon un rapport publié mardi par l'Académie des sciences naturelles helvétique, 2018 constitue l'une de ces années record dont la récurrence fait que les glaciers suisses ont perdu "un cinquième de leur volume au cours de la dernière décennie".
Et pourtant, après trois années au très faible enneigement, l'hiver 2017-2018 s'annonçait plutôt propice à une bonne protection des glaciers grâce des chutes de neige exceptionnelles.
C'est en effet la couche de neige recouvrant les glaciers qui les empêche de fondre.
"Jusqu'à la fin mars, il y avait encore, au-dessus de 2.000 mètres, plus de deux fois plus de neige que d'habitude" et "les hauteurs de neige étaient les plus élevées enregistrées au cours des 20 dernières années", ont ainsi noté les scientifiques.
Le glacier du Rhône, le 28 août 2018 près de Gletsch, en Suisse
Le glacier d'Aletsch, le 13 août 2018 en Suisse
2018, année des extrêmes pour les glaciers suisses
Le glacier du Rhône, le 28 août 2018 près de Gletsch, en Suisse
Le glacier d'Aletsch, le 13 août 2018 en Suisse
"Jamais un tel niveau"
Mais aux chutes de neige inhabituelles de l'hiver ont répondu des températures et une sécheresse extrêmes à partir de mars.
"Si l'été passé (juin-août) a été le plus chaud après 2003 et 2015, selon MétéoSuisse, la période avril-septembre a été "de loin la plus chaude jamais enregistrée" dans le pays, soulignent les experts.
A titre d'exemple, au sommet du Weissfluhjoch (2540 m) où se trouve l'Institut suisse pour l'étude de la neige et des avalanches, il n'y a pas eu une seule chute de neige supérieure à 1 cm entre le 17 mai et le 4 septembre.
Cela ne s'était jamais produit depuis le début des relevés il y a 81 ans.
Cette chaleur, couplée à la sécheresse, "a non seulement fait fondre les quantités énormes de neige hivernale (parfois jusqu'à 5 mètres sur les glaciers) mais il a en plus fait fondre la glace. Le total de la fonte (fonte de neige et de glace) n'a jamais atteint un tel niveau hormis au cours de l'année 2003", a expliqué à l'AFP Matthias Huss, responsable du Réseau suisse de relevés glaciologiques (GLAMOS) qui chaque année mesure et analyse les glaciers.
"Complètement disparaître"
"2003 reste la pire année pour les glaciers mais 2018 se situe assurément dans le Top 10 des 100 dernières années, et dans le Top 3 pour certains glaciers", a-t-il estimé, ajoutant: "s'il y avait eu le niveau de chutes de neige de 2017 par exemple, 2018 aurait sans doute constitué un record absolu".
Alors que le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) a, la semaine passée, de nouveau tiré la sonnette d'alarme sur la vitesse du réchauffement climatique, les experts suisses voient dans l'évolution de leurs glaciers l'expression même de ce qui est à l'oeuvre à l'échelle planétaire.
"Le recul des glaciers est directement lié au changement climatique", déclare ainsi M. Huss.
"Les glaciers sont très sensibles aux températures élevées de l'air, et celles-ci sont clairement liées aux concentrations élevées de CO2 dans l'atmosphère", explique-t-il.
Et si le réchauffement continue sur le même tempo, prévient cet expert, "de nombreux petits glaciers vont complètement disparaître" et "les plus gros glaciers vont continuer à beaucoup reculer".
Certes, dit-il enfin, "dans vingt ans, on pourra encore admirer des glaciers comme par exemple le grand glacier d'Aletsch (le plus grand glacier des Alpes, dans le canton du Valais, sud de la Suisse, ndlr) mais la disparition des glaciers va continuer à s'accélérer".
Les insectes sont-ils en train de disparaître?
Les insectes sont-ils en train de disparaître?
«Si les insectes disparaissent, l'ensemble de l'écosystème s'effondrera», assure l'entomologiste Doug Tallamy. «Le monde commencerait alors à se décomposer.»
Il est de plus en plus rare de retrouver son pare-brise rempli d'insectes morts après un long voyage. Ce constat n'a rien d'une preuve scientifique à lui seul, mais cumulées, de telles observations suggèrent que l'équilibre écologique est en plein bouleversement.
D'après une étude, le Canada et les États-Unis ont vu leur nombre de coccinelles baisser de 14 pour cent entre 1987 et 2006.
Pour l'instant, tout indique que les causes de cette hécatombe sont multiples: perte des habitats naturels, monoculture, utilisation généralisée d'insecticides pour éliminer les nuisibles.
La pollution lumineuse serait elle aussi à l'origine de la baisse du nombre d'insectes.
L'écologiste Toke Thomas Høye, de l'Université danoise d'Aarhus, a étudié la prolifération des mouches au Groenland, à 500 kilomètres de toute civilisation. Il a également observé une importante diminution de leur nombre sur place – moins 30 pour cent depuis 1996. Dans une étude, le scientifique associe ce phénomène à la hausse des températures.
Vu le manque de données plus anciennes, «nous ne savons pas exactement dans quelle mesure nous vivons une "anthropocalypse"», a déclaré May Berenbaum de l'Université de l'Illinois. Si les études isolées sont peu significatives, certains signes ne mentent pas et suggèrent qu'il y a un problème.
L'entomologiste David Wagner, originaire du Connecticut, observe également ce changement à l'occasion des camps de jeunesse estivaux auxquels il participe. Pour les jeunes, il devient de plus en plus difficile d'observer différentes espèces d'insectes sur place, explique-t-il. La jeune génération à laquelle il enseigne aujourd'hui considérera donc bientôt cette baisse du nombre d'insectes comme tout à fait normale. «Ils ne se rendent pas compte que nous risquons de faire face à une véritable catastrophe écologique.»
L'adoption de mesures comme la construction d'hôtels à insectes peut aider au maintien du monde des insectes, même dans les grandes villes.
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