Bâle Art «dégénéré» et «l'affaire Glaser» au Kunstmuseum

me, ats

20.10.2022 - 17:07

Le Kunstmuseum de Bâle présente le résultat de ses recherches sur la provenance de certaines oeuvres de ses collections dans le cadre de deux expositions. L'une est consacrée aux acquisitions d'oeuvres d'art dit «dégénéré» et l'autre à «l'affaire Curt Glaser».

Le tableau "La prisée" (1912), aussi appelé "Le Rabbin jaune", de Marc Chagall a été acquis par le Kunstmuseum de Bâle lors d'une vente aux enchères d'art dit "dégénéré" en juin 1939 à Lucerne. L'oeuvre avait été saisie par les nazis dans un musée allemand en 1937.
Le tableau "La prisée" (1912), aussi appelé "Le Rabbin jaune", de Marc Chagall a été acquis par le Kunstmuseum de Bâle lors d'une vente aux enchères d'art dit "dégénéré" en juin 1939 à Lucerne. L'oeuvre avait été saisie par les nazis dans un musée allemand en 1937.
ATS

20.10.2022 - 17:07

En 1939, le Kunstmuseum de Bâle a acquis 21 oeuvres majeures de l'art moderne que le régime national-socialiste taxait d'art «dégénéré». Ces oeuvres avaient été saisies par les nazis dans des musées allemands en 1937 et mises en vente sur le marché de l'art, a indiqué jeudi le musée bâlois.

Le Kunstmuseum «est la seule institution au monde ayant accepté directement un tel grand nombre d'oeuvres d'art provenant de l'ancien patrimoine muséal allemand», explique le musée. Ces acquisitions ont marqué le début de la collection d'art moderne du musée bâlois.

Plus de 21'000 oeuvres saisies

En 1937, les nazis ont saisi plus de 21'000 oeuvres dans les musées allemands. Il s'agissait essentiellement d'oeuvres d'artistes juifs ou abordant le thème du judaïsme. Parmi ces oeuvres, 780 peintures et 3500 oeuvres sur papier ont été qualifiées «d'exploitables à l'international», c'est-à-dire qu'elles pouvaient être vendues à l'étranger.

A la fin du mois de juin 1939, 125 de ces oeuvres ont été mises en vente à Lucerne. Le Kunstmuseum, qui voulait constituer une collection d'art moderne, a pris part à cette vente. Son objectif était d'acquérir le plus grand nombre possible de tableaux confisqués aux musées allemands. Le musée a alors demandé au canton de Bâle-Ville un crédit de 100'000 francs. Il n'a obtenu que 50'000 francs.

L'exposition «La modernité déchirée» présente les oeuvres acquises par le Kunstmuseum. On peut aussi y voir des projections en noir et blanc de nombreuses oeuvres d'art dit «dégénéré» détruites par les nazis qui jugeaient qu'elles n'avaient aucune utilité. Une salle entière est consacrée à cette «génération oubliée».

«L'affaire Glaser»

La deuxième exposition est consacrée à l'historien de l'art et collectionneur juif Curt Glaser (1879-1943). Directeur de la Bibliothèque d'art de Berlin, Curt Glaser a été mis à pied lorsque les nazis ont pris le pouvoir en 1933.

Le collectionneur a alors vendu aux enchères une grande partie de ses biens et il a émigré en Suisse. «Son destin et sa collection sombrèrent dans l'oubli», explique le Kunstmuseum. Lorsque Curt Glaser a mis en vente sa collection, le musée a acquis 200 dessins et gravures, parmi lesquels des oeuvres majeures d'Edvard Munch.

En 2008, le canton de Bâle-Ville a rejeté une première demande des héritiers de Curt Glaser qui réclamaient les 200 oeuvres conservées à Bâle. En 2017, le Kunstmuseum a examiné en détail les circonstances de ces acquisitions.

Sur la base de cet examen, Bâle-Ville a reconnu que la vente des biens de Curt Glaser résultait de persécutions exercées par le régime nazi et que le canton assumait une responsabilité en tant que propriétaire des oeuvres provenant de la collection Glaser.

Accord avec les héritiers

En mars 2020, le canton a conclu un accord avec les héritiers pour une solution qualifiée de «juste et équitable»: le Kunstmuseum conserve les oeuvres d'art et verse une compensation financière aux héritiers. Le musée s'engage aussi à consacrer une vaste exposition au destin de Curt Glaser.

L'exposition «De la défense de la modernité aux persécutions» retrace le parcours des oeuvres de la collection Glaser en mettant en valeur leur qualité et leur diversité. De nombreuses oeuvres de la collection dispersées dans le monde sont aussi exposées au Kunstmuseum.

www.kunstmuseumbasel.ch

me, ats