Interview Bear Grylls: «J’ai bien veillé à ce que Federer ne se blesse pas»

De Gil Bieler

6.6.2020

Il faut bien s’amuser un peu, non? C’est aussi le cas lors de l’expédition de survie de Bear Grylls (à dr.) en compagnie de Roger Federer.
Il faut bien s’amuser un peu, non? C’est aussi le cas lors de l’expédition de survie de Bear Grylls (à dr.) en compagnie de Roger Federer.
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Il a déjà mangé des excréments d’ours et poussé Roger Federer dans ses derniers retranchements: l’expert en survie Bear Grylls connaît la nature sauvage comme nul autre. Il dévoile dans cette interview des éléments essentiels lors de la pratique d’activités outdoor.

Bear Grylls, il semble que les activités de loisirs en plein air soient devenues un véritable phénomène de masse en Suisse au cours des dernières années. Est-ce aussi le cas en Grande-Bretagne?

A propos

Bear Grylls, de son vrai nom Edward Michael Grylls, est l’un des experts en survie les plus célèbres au monde. Le citoyen britannique est connu à la télévision grâce à des émissions telles que «Seul face à la nature» et «En pleine nature avec Bear Grylls» et il a déjà écrit plus de vingt livres. Avant de débuter sa carrière à la télévision, Bear Grylls a servi durant trois ans comme soldat au sein du SAS 21, les forces spéciales de l’armée britannique.

Oui, et nous avons quelques régions incroyables propices à l’aventure. Le parc national de Snowdonia est le cœur des massifs montagneux de Grande-Bretagne: j’en ai toujours le souffle coupé lorsque je vole en paramoteur au-dessus des sommets rocheux ou quand nous nous y rendons en randonnée en famille. C’est un véritable bijou situé à quelques encablures de la mer. Tout le pays de Galles est vraiment magique, on peut trouver ici tout ce qu’on veut: des montagnes, des forêts, des falaises bordant les côtes, des chutes d’eau et de profondes gorges. Nous passons ici la majeure partie de l’année, et j’y venais aussi souvent en tant que recrue du régiment du Special Air Service. Le sommet Pen y Fan est depuis cette période gravé dans mon cœur, pour le meilleur et pour le pire.

Comment et où vit Bear Grylls au juste?

Mon épouse et moi partageons notre temps entre notre vieille péniche à voiles sur la Tamise à Londres et notre maison sur une île au large de la côte septentrionale du Pays de Galles. Cette île est un endroit vraiment particulier pour nous, isolé, à l’abri de la frénésie du monde extérieur et comme une sorte de refuge pour notre famille durant les mois d’été. Nous avons trois garçons âgés de dix à seize ans qui adorent tous les montagnes et la mer. Nous aimons passer nos hivers en Suisse, notre dernier fils s’y rend également à l’école dans les montagnes. Notre famille a grandi en pratiquant le ski et le parapente, c’est fabuleux.

Vous avez accompagné différentes célébrités dans la nature pour votre émission «En pleine nature avec Bear Grylls». Laquelle vous a le plus impressionné?

Chaque épisode de la nouvelle saison m’a marqué, mais Cara Delevingne m’a réellement surpris. C’est une battante de nature qui est également venue en milieu sauvage avec cet état d’esprit. Son attitude positive et sa détermination l’ont aidée et écouter son histoire personnelle était vraiment poignant. Elle a dû surmonter d’énormes difficultés en grandissant et nous démontre que la volonté de persévérer vient de notre for intérieur et que l’on peut affronter toutes les difficultés et toujours aller de l’avant en faisant preuve de courage.

Comment s’est passé le tournage avec Roger Federer?

Je suis un grand fan de tennis, si bien que c’était une chose particulière que d’avoir emmené Roger Federer . J’ai fait extrêmement attention à ce qu’il ne se blesse pas! J’ai été frappé par sa positivité et la persévérance dont il fait preuve à tout égard et qu’il soit toujours prêt à faire face aux difficultés. De nombreuses personnalités renoncent à prendre des risques après avoir connu le succès et évitent de se rendre vulnérables, mais Roger a une telle attitude de champion qu’il continue à prendre des risques calculés et à sublimer son état d’esprit qui ne renonce jamais. Il a eu très froid durant notre expédition, à presque en perdre ses sensations aux mains. J’ai su que c’était ma chance de sortir mon mini set de ping-pong de mon sac à dos, mais il m’a quand même battu.

Quels conseils pouvez-vous donner pour renforcer son mental?

Il faut en tout premier lieu adopter une mentalité de survivant. Ne jamais renoncer, être obstiné, avoir une détermination de fer pour persévérer, également contre toute attente. Une telle approche est déterminante dans des expéditions de survie et s’avère en fin de compte plus importante que les connaissances ou aptitudes pures. La résistance est un muscle qui se renforce au fil des sollicitations. Cette flamme brûle à l’intérieur de chacun de nous et elle peut faire la différence. En l’associant à ton inventivité et ton courage dans les moments décisifs, tu auras la clé du succès pour survivre dans les milieux sauvages.

Quel est votre région préférée pour faire une incursion dans la nature sauvage?

Notre petit refuge sur notre île au nord du Pays de Galles reste notre lieu de prédilection, je me sens vraiment chez moi ici la plupart du temps. Nous ne disposons pas de l’électricité ni de l’eau courante et nous devons nous approvisionner tout seuls, les allées et venues ici sont donc toujours un peu aventureuses, surtout dans l’obscurité ou en cas de mauvais temps. La vie insulaire fait toutefois partie intégrante de notre famille, depuis que nos enfants sont tout petits. C’est l’endroit au monde où nous sommes le plus heureux. L’aventure, la solitude et la famille, voilà trois choses grandioses.

Ce qui a impressionné Grylls au sujet de Federer? «La positivité et la persévérance dont Roger fait preuve à tout égard».

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Vous êtes l’ambassadeur de la marque suisse de montres Luminox conçues pour les activités sportives et de plein air. Jusqu’à quel point vous êtes-vous investi dans le développement du modèle de la «Bear Grylls Survival»?

Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours porté des montres Luminox. C’était une montre que j’ai connue durant mon service militaire et que les Navy Seals, les forces spéciales de la marine, utilisent également depuis plus de vingt ans. Le lancement de mon propre modèle «Bear Grylls» était donc somme toute logique. J’ai besoin d’avoir un objet fiable capable d’endurer les tempêtes avec moi et résistant aux chocs. Et j’adore la manière dont sont conçues les montres, qu’elles puissent encaisser les coups. Elles renferment pleins d’innovations. La collaboration avec l’équipe de Luminox était géniale, ils ont été ravis d’essayer diverses nouveautés et notre groupe s’est ensuite chargé de tester les montres sur le terrain, en détruisant certaines aussi parfois. C’était plutôt drôle.

Vous avez déjà consommé toutes les sortes possibles d’animaux. Qu’est-ce qui avait le pire goût?

La liste est longue, allant de globes oculaires de yak gelés en Sibérie à des excréments d’ours en Transylvanie, de liquides intestinaux de chameau au Sahara à du cerveau de rat dans la forêt vierge d’Amérique du Sud et jusqu’à boire ma propre urine dans une peau de serpent à Mexico, tout était au niveau zéro. Mais personne n’a non plus affirmé un jour qu’on se régalait en mode survie ou alors ce serait trop simple.

Bear Grylls a répondu aux questions par écrit.

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