Un chiroptérologue du Muséum d'histoire naturelle de Bourges nourrit une jeune chauve-souris le 30 juin 2020
Une pipistrelle est nourrie au crayon à aquarelle au Muséum d'histoire naturelle de Bourges, le 30 juin 2020
Un chiroptérologue tient une chauve-souris dans sa main au Muséum de Bourges le 30 juin 2020
Un chiroptérologue manipule une pipistrelle au Muséum de Bourges le 30 juin 2020
Bourges, «Panthéon» français des chauves-souris
Un chiroptérologue du Muséum d'histoire naturelle de Bourges nourrit une jeune chauve-souris le 30 juin 2020
Une pipistrelle est nourrie au crayon à aquarelle au Muséum d'histoire naturelle de Bourges, le 30 juin 2020
Un chiroptérologue tient une chauve-souris dans sa main au Muséum de Bourges le 30 juin 2020
Un chiroptérologue manipule une pipistrelle au Muséum de Bourges le 30 juin 2020
«On est la Mecque, le Lourdes, ou pour les athées, le Panthéon des chauves-souris»: Bourges et son Muséum d'histoire naturelle sont devenus un centre incontournable de l'étude des chiroptères, dont la réputation a été ternie avec l'apparition de l'épidémie de Covid-19.
Soupçonnée d'avoir eu son rôle dans la transmission du coronavirus à l'homme, la chauve-souris n'a pas forcément les faveurs du public. Sauf dans la préfecture du Cher.
Depuis plus de trente ans, sous la houlette de Laurent Arthur, le Muséum compte, observe, étudie et cartographie les colonies de chiroptères du département. «On s'ennuyait le weekend, et le créneau chauve-souris n'était pas occupé. Personne ne travaillait sur ces petites bêtes», se souvient le directeur du musée.
«La carte qu'on faisait au début, c'était la carte des passionnés qui cherchaient autour de chez eux», se rappelle François Moutou, épidémiologiste à la retraite et collaborateur du musée.
Aujourd'hui, les 1.500 colonies répertoriées et les connaissances accumulées sont précieuses à l'heure où la biodiversité est un enjeu.
Bourges est même devenue «la Mecque» de cette espèce protégée. Tous les deux ans, la ville accueille ainsi plus de 500 spécialistes lors des «Rencontres nationales chauves-souris».
«On est un organisme scientifique atypique», savoure Laurent Arthur. «On n'est un pas un bureau d'étude, on n'est pas un centre de recherche, mais on est un peu tout ça en même temps. On est un service public».
La petite équipe du Muséum a ainsi mis au point ces derniers mois pour l'Inrae (Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement) des pièges à insectes qui permettent aux chauves-souris de s'évader, des nichoirs pour l'isolation des grands immeubles...
Le musée tente aussi d'installer des colonies chez les vignerons du Centre-Loire (Sancerre, Quincy, Menetou-Salon, etc.). «Les chauves-souris peuvent chasser tous les ravageurs de la vigne», apprécie M. Arthur. «Ça ne peut pas faire des miracles, mais quand il y a des pics de ravageurs, les chauves-souris peuvent écrêter. Et quand il y a des pics, c'est à ce moment-là que les vignerons sur-traitent».
- «Pas de risque» -
Régulièrement, le musée apporte son expertise sur des projets scientifiques ou industriels, comme les parcs éoliens, particulièrement nocifs pour différentes espèces de chauves-souris: les pipistrelles, oreillards, murins de Daubenton ou autres petits rhinolophes.
Le Muséum travaille aussi à la conservation de l'espèce en récupérant les petits abandonnés lors des déplacements des colonies.
Ils sont alors confiés à Aurélie Chrétien. La médiatrice scientifique du musée nourrit les pipistrelles, qui ne font que quelques grammes, au crayon à aquarelle. A la place de la peinture, «du lait pour chaton».
Pour les sérotines, plus grosses et à la dentition plus développée, la jeune femme utilise un gant en cuir. Le nourrissage s'effectue dans l'amphithéâtre du musée, les chauves-souris sont plus facilement récupérables en cas de décollage intempestif.
Pourtant utiles, pourtant fragiles, les chiroptères ne jouissent pas de l'image sympathique d'un autre pollinisateur comme l'abeille.
«Leur salle réputation, c'est de faire des crottes. Le guano est une contrainte pour les propriétaires. Mais le Covid-19 ne se transmet pas par le guano. Les gens ont peur des maladies», regrette Laurent Arthur, alors que la pandémie semble trouver son origine dans l'organisme des chiroptères, après passage par un autre mammifère, comme la civette ou le pangolin.
«Il semble que la chauve-souris possède une immunité particulière. Comme c'est le seul mammifère volant, il a une grande consommation d'oxygène pour alimenter ses muscles pectoraux», explique François Moutou.
Ce métabolisme très gourmand oxyde l'organisme, alors l'évolution a pourvu les chauves-souris «d'un matériel génétique qui répare l'ADN» et «ces gènes stimuleraient les défenses immunitaires». Les chiroptères pourraient ainsi porter de nombreux virus, sans que ces derniers ne les inquiètent.
Pas de crainte à avoir en France, assure pourtant l'épidémiologiste: «Il faut dire aux gens qu'il n'y a pas de risque. Les problèmes résident dans des pratiques que l'on n'a pas en France. Ici, on ne cuisine pas l'animal, on ne fait pas du civet de chauve-souris».
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