Littérature De Ravenne au Vatican, l'Italie célèbre Dante, son «poète suprême»

ATS

25.3.2021 - 13:29

L'acteur Roberto Benigni devait réciter le XXVe chant du "Paradis" (ici en 2012 à Florence, archives).
L'acteur Roberto Benigni devait réciter le XXVe chant du "Paradis" (ici en 2012 à Florence, archives).
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Foison de lectures, expos, rééditions, et même une longue lettre du pape: l'Italie a lancé jeudi les manifestations marquant le 700e anniversaire de la mort de Dante. L'auteur florentin de «La Divine Comédie» est considéré comme le «père de la langue italienne».

Les principaux titres de la presse italienne consacraient leurs cahiers culturels à ce monument national entré il y a des siècles au panthéon des artistes immortels où reposent Michel-Ange, Léonard de Vinci et Marcello Mastroianni.

Né à Florence en 1265 et mort à Ravenne en 1321, Dante Alighieri a contribué à la naissance de la langue italienne en choisissant le dialecte toscan plutôt que le latin pour écrire son chef-d'oeuvre, «La Divine Comédie». Un voyage imaginaire que Dante réalise avec son guide Virgile à travers l'enfer, le purgatoire et le paradis.

Son succès a conduit d'autres auteurs du Moyen-Age, comme Pétrarque et Boccace, à écrire eux aussi en dialecte, posant les fondations de l'italien moderne.

Malgré la pandémie de Covid-19, qui a fait plus de 105'000 morts en Italie et contraint musées et salles de spectacle à fermer, une myriade d'événements sont prévus dans la péninsule pour célébrer le «Poète suprême». La plupart des manifestations organisées jeudi étaient retransmises sur le site vivadante.it.

Benigni en direct

A Ravenne, le syndic Michele De Pascale devait présider à la réception de l'huile offerte par la ville de Florence, dont Dante fut un édile avant d'en être exilé, pour entretenir «le flambeau éternel» brûlant devant le tombeau de l'écrivain.

Il a également accueilli mercredi, en présence de l'ambassadeur de France Christian Masset, une oeuvre exceptionnelle revenue pour la première fois dans la cité adriatique depuis 160 ans grâce à un prêt du Louvre: la «Madonna in Trono con Bambino» ("Madone sur le trône avec l'enfant"), une sculpture qui protégeait le sarcophage de Dante.

A Rome, l'acteur et réalisateur Roberto Benigni ("La Vie est belle") devait faire jeudi soir une lecture du XXVe chant du «Paradis» au palais du Quirinale en présence du président de la République Sergio Mattarella. L'événement est diffusé en direct par la chaîne de télévision publique Rai 1.

A Florence et Ravenne, on lira aussi sans interruption les milliers de vers des trois cantiques de la «Divine Comédie», L'Enfer, Le Purgatoire et Le Paradis.

Un «pèlerin pensif»

L'année de Dante est également l'occasion pour les éditeurs et la presse de publier anthologies, essais, livres d'art... Le quotidien La Repubblica, qui a déjà vendu les deux premiers opus, sort le troisième en supplément vendredi. Le journal a aussi imaginé un dialogue avec le poète «sur le monde balayé par la pandémie et nos péchés qui, 700 ans après sa mort, n'ont pas tellement changé: paresse et avarice».

Même le pape François a pris la plume. Il a rendu hommage à l'homme de lettres et politicien dont l'engagement, au XIVe siècle, dans un contexte de guerre ouverte entre factions rivales à Florence, l'éloigna de Boniface XIII, dont il souhaitait que son pouvoir se limitât aux affaires spirituelles.

Exilé, condamné à mort, spolié, précipité dans la solitude et la nostalgie, Dante est un «pèlerin pensif» dont «la vie est un paradigme de la condition humaine», écrit le souverain pontife. L'arrachement à sa ville natale fait cependant naître «sa vocation et sa mission» de créateur «pour lesquelles il se transforme en prophète d'espérance», poursuit-il.

Réhabilitation

Si François rappelle que Dante fut un proscrit, frappé d'une condamnation pour corruption notamment, d'autres entendent profiter de l'occasion pour le réhabiliter. L'avocat pénaliste Alessandro Traversi a invité d'autres avocats et des magistrats à réexaminer son procès lors d'une conférence programmée le 21 mai.

Le comte Sperello di Serego Alighieri, un astronome descendant en droite lignée de Dante, ainsi qu'un descendant de Cante de Gabrielli, le juge qui l'a banni de sa cité florentine, ont été conviés.