Sciences & Technique Des scientifiques créent des lézards albinos grâce aux ciseaux génétiques Crispr

AFP

28.8.2019 - 00:07

Une équipe de scientifiques de l'université de Géorgie aux Etats-Unis a réussi à éditer le génome de reptiles pour la première fois grâce aux ciseaux génétiques Crispr, créant des mini-lézards albinos.

La manipulation pourrait améliorer notre compréhension des problèmes de vue chez les humains, espèrent les chercheurs.

«Il existe peu d'approches et de méthodes pour manipuler les embryons de reptiles, contrairement à d'autres espèces», dit à l'AFP Doug Menke, coauteur de l'étude publiée mardi dans la revue scientifique Cell Press.

L'outil Crispr (Crispr-Cas9 de son nom complet) est largement utilisé sur les souris, les poules et certaines espèces de poissons et de grenouilles -- il a même été utilisé sur des humains lors de la procédure controversée utilisée par un scientifique chinois pour donner naissance à des bébés résistants au virus VIH.

Ces ciseaux génétiques sont généralement utilisés sur des ovocytes fécondés, mais la technique est difficile à appliquer aux animaux qui pondent des oeufs.

Chez les reptiles, il est difficile de savoir exactement quand un oeuf est fécondé, car la femelle conserve le sperme du mâle pendant une relativement longue période avant la fécondation. Si on injecte Crispr trop tôt, il risque d'être gâché. Si on le fait trop tard, l'embryon aura trop grandi et sa membrane sera devenue trop dure pour être percée sans danger.

Les chercheurs se sont en revanche aperçus que la membrane transparente des ovaires leur permettait de voir les ovocytes qui allaient être bientôt fécondés. Ils ont injecté Crispr juste avant la fécondation, et cela a marché.

Mais pourquoi avoir choisi de rendre les lézards albinos?

La première raison est évidente: «Si on voit un bébé lézard albinos, on sait que cela a marché», dit Doug Menke.

Ensuite, la suppression du gène de la tyrosinase visé provoque l'albinisme mais sans tuer l'animal.

Enfin, ces manipulations intéressent les chercheurs car les humains atteints d'albinisme ont souvent des problèmes de vue. En travaillant sur les lézards, ils espèrent apprendre comment le gène affecte le développement de la rétine.

«Chaque espèce a beaucoup de choses à nous dire, à condition qu'on prenne le temps de développer les bonnes méthodes pour modifier les gènes», conclut Doug Menke.

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