5 km sous terre Découverte de milliards de tonnes de bactéries «zombies»

tafi

5.1.2019

Les «bactéries zombies» et autres formes de vie produisent une énorme quantité de carbone dans les profondeurs de la Terre. Sur l'illustration, on peut voir un nématode qui vit à 1,4 km sous la surface terrestre.
Les «bactéries zombies» et autres formes de vie produisent une énorme quantité de carbone dans les profondeurs de la Terre. Sur l'illustration, on peut voir un nématode qui vit à 1,4 km sous la surface terrestre.
Gaetan Borgonie (Extreme Life Isyensya, Belgium)

Il existe un monde sous notre monde: dans les «caves de la Terre», à cinq kilomètres de profondeur, vivent des «bactéries zombies». La biomasse de la biosphère souterraine est presque 400 fois plus grande que celle de l'humanité.

La vie sur Terre prend des milliards de formes différentes. Cependant, la plupart ne se révèlent à nous que si l'on creuse profondément sous la surface de notre planète: sur place vivent des bactéries et d'autres organismes dont la biomasse est jusqu'à 385 fois plus grande que celle de l'ensemble de l'humanité.

Cela fait dix ans que le «Deep Carbon Observatory» étudie l'ampleur de la vie sous la surface terrestre. Plus de 1000 scientifiques originaires de 52 pays s'intéressent à la «biosphère profonde». Et leurs découvertes sont épatantes: si la vie sous terre, dans un environnement obscur, sale et oppressant, n'a rien de glamour, elle fait pourtant de nombreux adeptes, aussi diversifiés les uns que les autres – des micro-organismes affectueusement baptisés «bactéries zombies».

Sur cette image, on peut voir un type de bactérie qui se nourrit d'hydrogène. Des scientifiques ont découvert cette bactérie dans une fissure remplie de liquide et de gaz située à 2,8 km sous la surface terrestre, dans une mine à proximité de Johannesbourg, en Afrique du Sud.
Sur cette image, on peut voir un type de bactérie qui se nourrit d'hydrogène. Des scientifiques ont découvert cette bactérie dans une fissure remplie de liquide et de gaz située à 2,8 km sous la surface terrestre, dans une mine à proximité de Johannesbourg, en Afrique du Sud.
Greg Wanger (California Institute of Technology, USA) et Gordon Southam (The University of Queensland, Australia)

Les écosystèmes que l'on retrouve dans les profondeurs de la Terre constitueraient une sorte de «Galápagos souterrain», écrivent les scientifiques. Ils se composent de millions d'espèces encore inconnues, dotées d'une diversité génétique bien plus grande que sur la surface de la Terre et incluant les trois systèmes d'organismes vivants: les bactéries et archées (microorganismes sans noyau lié à la membrane) et les eucaryotes (organismes unicellulaires ou pluricellulaires composés de cellules comprenant un noyau ainsi que des compartiments liés à la membrane). Les chercheurs ont découvert de la vie jusqu'à cinq kilomètres sous la surface terrestre, mais il ne s'agirait pas encore d'une limite absolue.



La «matière noire» microbienne élargit considérablement notre vision de l'arbre du vivant. Les scientifiques pensent qu'environ 70 pour cent des bactéries et archées de la planète vivent sous terre. Leur biomasse s'élève jusqu'à 23 milliards de tonnes – et est donc 385 fois plus élevée que celle de l'ensemble de l'humanité. Les «caves de la Terre» habitées seraient deux fois plus vastes que le volume de tous les océans réunis.

À l'aide de foreuses spéciales, des scientifiques ont accédé à des couches de roche situées jusqu'à dix kilomètres sous la surface de la mer.
À l'aide de foreuses spéciales, des scientifiques ont accédé à des couches de roche situées jusqu'à dix kilomètres sous la surface de la mer.
ECORD/IODP

Mais de quoi vivent les microbes sous terre? Dans certains cas, de la seule énergie chimique de la roche, peut-on lire dans un rapport du «Deep Carbon Observatory». «On ne peut que spéculer sur la façon dont se déroulent les processus métaboliques dans ces conditions extrêmes. Cela a quelque chose de surprenant», a déclaré Rick Colwell de l'Université d'État de l'Oregon. Par ailleurs, les microorganismes sont très différents de leurs congénères de la surface terrestre et ont des cycles de vie qui correspondent en partie à des ères géologiques.

Les scientifiques du «Deep Carbon Observatory» sont conscients qu'ils ne sont qu'au début d'un long parcours de recherche. «L'exploration de la biosphère profonde ressemble à l'exploration de la forêt amazonienne. Il y a de la vie partout ainsi qu'un volume impressionnant d'organismes exceptionnels et inattendus», s'enthousiasme Mitch Sogin, du Laboratoire de biologie marine de Woods Hole, aux États-Unis, à la perspective du travail qui l'attend encore.

De magnifiques photos sous-marines

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