Phénomène étonnant Des spécimens de requins menacés envahissent les côtes israéliennes

DPA/tjb

22.2.2019

Depuis fin novembre, des dizaines de requins ont été repérés au large des côtes israéliennes. Ils sont attirés par un phénomène non naturel.

Un nombre anormalement élevé de requins ont été repérés au large des côtes israéliennes au cours des derniers mois. Ils se rassemblent dans des eaux peu profondes au large de la ville côtière de Hadera, à environ 50 kilomètres au nord de Tel-Aviv.

«Ici, il y a parfois 50 à 100 requins qui grouillent», a déclaré l’océanologue Ejal Bigal à la Deutsche Presse-Agentur. Une telle population de requins gris et de requins sombres est un spectacle rare. Ils sont apparemment attirés par l’eau chaude rejetée dans la mer par une centrale électrique située à proximité, selon le scientifique de l’université de Haïfa.

Les requins aiment l’eau chaude

E. Bigal étudie depuis quatre ans ce qui entraîne ces spécimens vers la Méditerranée orientale. Au cours des 100 dernières années, 95% des requins ont été éradiqués en Méditerranée, explique-t-il. Comme ils préféraient les eaux peu profondes près des côtes, ils étaient capturés plus rapidement par les pêcheurs, indique le scientifique. De plus, les requins gris («Carcharhinus plumbeus») se reproduisent tardivement, souvent après 20 ans seulement, précise-t-il. Selon lui, il est d’autant plus étonnant de voir un si grand nombre de spécimens d’espèces menacées au même endroit.

Les chercheurs de l’équipe d’E. Bigal attribuent la présence de ce grand nombre de requins à la centrale électrique voisine. Celle-ci rejette de l’eau chaude dans la mer et c’est exactement à cet endroit que les animaux se rassemblent. «Au milieu d’un jacuzzi», plaisante E. Bigal. Récemment, les scientifiques ont commencé à collecter des échographies des animaux en plus d’échantillons de sang et de tissu.

La forte population de poissons attire peut-être également les prédateurs dans la région, soutiennent-ils. Il est établi que les requins qui viennent chaque année ne sont pas les mêmes. E. Bigal le sait, puisqu’il a déjà équipé 41 spécimens de capteurs pour suivre leurs déplacements. Deux requins gris sont déjà venus à Hadera il y a deux ans, tandis que les autres sont nouveaux, explique-t-il.

Une proximité qui soulève des questions

Pour E. Bigal, Hadera est un site unique, dans le bon sens du terme comme dans le mauvais: les conditions créées par la centrale électrique sont certes artificielles, mais les eaux peu profondes constituent selon lui un «laboratoire en pleine nature». Il n’est pas nécessaire de sortir les animaux de l’eau pour les étudier, affirme-t-il. Cependant, il se demande si la proximité avec les humains est idéale. Les plongeurs aiment se fondre parmi les requins, qui sont visibles depuis la plage à l’œil nu.

«On ne peut empêcher le "shark watching"», estime E. Bigal. Il y voit une occasion de sensibiliser les gens. En fin de compte, les requins sont extrêmement importants pour l’écosystème, car ils mangent des animaux marins malades et régulent les populations d’autres espèces, explique-t-il.

Les scientifiques supposent qu’ils pourront observer les requins jusqu’en mai. Par expérience, ils savent qu’ils retourneront ensuite dans des eaux plus froides.

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