Etude scientifique Des étiquettes de momies livrent la clé du climat de l'Egypte

uc, ats

4.4.2023 - 08:10

Des scientifiques genevois et bâlois ont entrepris une reconstruction du climat de l’Egypte ancienne romaine à l'aide des étiquettes en bois attachées aux momies. Il s'agit de mieux comprendre quels effets il a eus sur le cours de l'histoire.

Avant de faire embaumer les défunts, les familles égyptiennes avaient coutume d'accrocher une étiquette indiquant leur nom et celui des parents, avec parfois un petit texte religieux.
Avant de faire embaumer les défunts, les familles égyptiennes avaient coutume d'accrocher une étiquette indiquant leur nom et celui des parents, avec parfois un petit texte religieux.
Fonds national suisse

uc, ats

Avant de faire embaumer les défunts, les familles égyptiennes avaient coutume d'accrocher une étiquette indiquant leur nom et celui des parents, avec parfois un petit texte religieux. La pratique avait pour but d’identifier les morts, méconnaissables à leur retour sous leurs bandelettes, a indiqué mardi le Fonds national suisse (FNS) dans un communiqué.

Ces étiquettes de momies renferment de précieuses informations sur le climat de l’époque: comme tout objet en bois, elles présentent des cernes de croissance. Pour chaque cerne, une année s’est écoulée. Les années fastes sont marquées par de larges cernes – l’arbre a crû plus vite. Les périodes de sécheresse se reconnaissent aux espacements moindres.

Pour reconstruire le climat, plusieurs dizaines d’échantillons sont nécessaires. Il faut également comparer les cernes de croissance chez plusieurs espèces réagissant différemment aux conditions climatiques.

«Les étiquettes de momie constituent l’objet idéal», explique François Blondel, archéologue à l’Université de Genève, cité dans le communiqué. «Non seulement il y en a des centaines dans les musées du monde entier, mais elles sont faites de nombreuses essences comme les pins, le cyprès, le cèdre ou le genévrier».

Dater les événements climatiques

Dans la revue International Journal of Wood Culture, le chercheur présente une analyse des cernes de plus de 300 étiquettes. Certains chevauchements donnent une première esquisse du climat passé en Méditerranée orientale, dans l’actuel Liban, les îles grecques ou à l’embouchure du Nil, là où les arbres étaient prélevés.

Dans une prochaine étape, il s’agira de situer ces événements plus précisément dans le temps en trouvant des spécimens datables ou en établissant des recoupements avec d’autres bois de la même essence et de la même région. Les scientifiques envisagent également le recours au carbone 14.

En combinant plusieurs prélèvements dans le bois, effectués le long des cernes d’un même échantillon, on peut réduire statistiquement l’incertitude de la datation à pratiquement zéro, souligne le FNS.

Encore faut-il trouver les bons échantillons et obtenir l’autorisation des musées. «La quête vient à peine de commencer», conclut Sabine Huebner, professeure d’histoire ancienne à l’Université de Bâle et directrice du projet.