La Chaux-de-Fonds Des vitraux de Style sapin dormaient dans le sous-sol d'un entrepôt

js, ats

21.1.2022 - 15:13

Le Musée des Beaux-Arts (MBA) de La Chaux-de-Fonds (NE) a découvert des vitraux Art nouveau, qui dormaient depuis plus de 40 ans dans le sous-sol d'un entrepôt d'un entrepreneur. Cette trouvaille exceptionnelle sera exposée depuis le 30 janvier et jusqu'au 29 mai.

Ce vitrail est l'oeuvre de Jules Courvoisier et est dépourvu d'iconographies religieuses.
Ce vitrail est l'oeuvre de Jules Courvoisier et est dépourvu d'iconographies religieuses.
ATS

21.1.2022 - 15:13

Au début du mois de janvier, une collaboratrice de la Ville de La Chaux-de-Fonds découvre une annonce de vente pour un ensemble de cinq vitraux, rapidement identifiés, comme venant de l'ancienne chapelle de Cernier-Fontainemelon. Cette dernière a été construite en 1875 et sa décoration fut confiée aux élèves de l'Ecole d'art de la Métropole horlogère qui ont développé le Style sapin, une variante de l'Art nouveau, autour du peintre Charles L'Eplattenier.

Avant que la chapelle ne soit transformée d'un lieu de culte en habitation privée en 1977, «l'Opan (Office du patrimoine et de l'archéologie neuchâtelois) a fait des photographies qui nous ont très rapidement donné la certitude qu'il s'agissait des vitraux de cette chapelle», a déclaré à Keystone-ATS David Lemaire, directeur et conservateur du MBA.

Les équipes de conservation des musées des beaux-arts et d'histoire apprennent que ces vitraux avaient été confiés à un entrepreneur de la région et stockés dans un sous-sol inaccessible et oubliés de tous pendant plus de 40 ans. C'est la mise en vente du bâtiment qui a occasionné leur exhumation et leur redécouverte.

«Le vendeur nous les a vendus pour un prix dérisoire, qui ne payerait même pas le dédommagement d'un stockage. Il avait reçu plusieurs offres mais il s'est réjoui que les vitraux puissent être restitués à la collectivité et conservés dans le canton», a ajouté David Lemaire.

Restauration nécessaire

Ce groupe de vitraux est l'oeuvre de Jules Courvoisier, un artiste chaux-de-fonnier. Dépourvu d'iconographie religieuse, cet ensemble représente des paysages jurassiens centrés sur un élément de flore stylisé chaque fois différent. «La chapelle de Cernier-Fontainemelon est un témoignage très rare du Style sapin appliqué au travail du verre car les vitraux Art nouveau présents à La Chaux-de-Fonds étaient souvent importés de l'étranger, de France notamment», a expliqué David Lemaire.

«Ces vitraux n'ont pas une valeur marchande importante car ils mesurent 2,80 mètres de haut et sont encombrants mais ils ont une valeur patrimoniale et historique», a ajouté le conservateur.

Le sixième vitrail de l'ensemble avait déjà été acquis par le Musée d'histoire de La Chaux-de-Fonds en 2004 et est présenté de manière permanente dans la salle Art nouveau du MBA. «Chose étrange, seul ce vitrail avait passé sur le marché de l'art et avait été acheté à un antiquaire. Il lui manque l'ogive supérieure», a déclaré David Lemaire.

Les cinq autres vitraux seront exposés jusqu'à fin mai puis ils seront restaurés. «Il va falloir leur chercher une destination pour pouvoir les montrer au public de façon permanente et une piste serait la Villa Fallet que la Ville cherche à acheter», a ajouté le conservateur.

Artistes invisibles

La nouvelle exposition «Sortir du bois. A la lisière du style Sapin» présente aussi les oeuvres d'artistes souvent moins exposées dans le contexte du Style sapin et explore les ramifications de l'Art nouveau chaux-de-fonnier avec les objets rescapés du passé. Elle va présenter des dessins, des études, des céramiques, des oeuvres textiles de la décennie durant laquelle Charles L'Eplattenier et ses élèves ont adapté des particularités de la faune et de la flore du Jura pour les appliquer aux arts industriels, décoratifs et à l'architecture.

Un groupe d'artistes élargi a façonné le Style sapin et pourtant un certain nombre d'entre eux est resté invisible durant plus d'un siècle. «On y trouve sans surprise plusieurs artistes femmes», a expliqué le musée. L'exposition va notamment dévoiler le travail de Sophie L'Eplattenier, Marie-Louise Goering ou Henriette Grandjean.

js, ats