Les arbres peuvent s'adapter à des climats arides sur un temps long, comme le montrent aux Etats-Unis des espèces de chênes plus résistantes qu'on ne l'imaginait, ou compenser partiellement de forts épisodes de sècheresse, selon une étude portant sur des pins écossais.
Chêne sessile vieux de 230 ans, dans la forêt de Berce, en France, le 8 mars 2021
Une forêt de chênes sessile dont certains serviront à la reconstruction de Notre-Dame. Photo prise le 8 mars 2021
Marquage des arbres dans la forêt de Bercé dans la Sarthes, le 8 mars 2021
En Amérique, des chênes très résistants à la sécheresse - Gallery
Chêne sessile vieux de 230 ans, dans la forêt de Berce, en France, le 8 mars 2021
Une forêt de chênes sessile dont certains serviront à la reconstruction de Notre-Dame. Photo prise le 8 mars 2021
Marquage des arbres dans la forêt de Bercé dans la Sarthes, le 8 mars 2021
Les arbres peuvent s'adapter à des climats arides sur un temps long, comme le montrent aux Etats-Unis des espèces de chênes plus résistantes qu'on ne l'imaginait, ou compenser partiellement de forts épisodes de sècheresse, selon une étude portant sur des pins écossais.
«On pensait que les chênes vivant dans un milieu très sec étaient ultra-vulnérables», explique à l'AFP Sylvain Delzon, chercheur à l'INRAE de l'Université de Bordeaux, qui a participé à une étude menée par des scientifiques américains et publiée dans la dernière édition des Proceedings de l'Académie nationale américaine des sciences.
Elle a montré que 19 espèces de chênes, implantées dans l'Ouest américain depuis les forêts humides tempérées de l'Etat de Washington au nord, jusqu'aux déserts au sud de la Californie, étaient «extrêmement résistantes à la sècheresse», selon M. Delzon.
Embolie
Un épisode de canicule extrême peut être fatal à toute plante. En temps normal, l'eau qui l'alimente emprunte un circuit de vaisseaux allant des racines jusqu'aux feuilles, d'où elle s'évapore pour l'essentiel.
Quand l'eau vient à manquer dans le sol et que la hausse des températures accélère son évaporation par les feuilles, la pression de la sève dans les vaisseaux chute.
«Et arrivé à un certain seuil, on a l'apparition de bulles d'air» dans les vaisseaux, -autrement dit une embolie-, qui en bloquant la circulation de la sève, finit par tuer la plante, explique le chercheur de l'INRAE.
Les chercheurs ont établi que les espèces de chênes étudiées avaient une «large marge de sécurité contre l'embolie», en ayant notamment développé des vaisseaux très résistants.
Pour mesurer cette marge, ils ont comparé le moment en laboratoire où apparaissent les bulles d'air dans les vaisseaux d'une branche, au stress que subissent sur le terrain les vaisseaux d'un arbre soumis à un fort épisode de sécheresse.
Les espèces étudiées, qui ont évolué sur des millions d'années, «sont en mesure de résister à un climat encore plus sec que l'actuel», selon Sylvain Delzon. En revanche, face à un changement climatique très rapide, «est-ce qu'elles sauront s'adapter aussi rapidement? Rien n'est moins sûr», selon lui.
En Ecosse
En Ecosse, une équipe de scientifiques menés par Thomas Ovenden, de l'Université de Sterling, a analysé la capacité de récupération d'un peuplement de pins sylvestres, appelés aussi pin du Nord, à la suite d'un épisode sévère de sècheresse.
En étendant leurs observations sur neuf ans après cet épisode --alors que la plupart des études portent sur deux ou trois ans--, ils ont observé que si les arbres enregistraient initialement un déficit de croissance, la plupart retrouvaient un rythme normal quatre à cinq ans plus tard.
Et surtout que certains enregistraient alors une «surcroissance» pendant quelques années, selon leur étude publiée dans le Journal of Ecology en janvier dernier.
«Cela n'a jamais atteint le point où ils auraient retrouvé la taille (de tronc) qu'ils auraient dû atteindre sans épisode de sècheresse, mais cela leur a permis de réduire le déficit», a expliqué Thomas Ovenden à l'AFP.
Il faut selon lui considérer les effets d'un épisode de sècheresse sur un temps long, et ne pas se focaliser sur le seul déficit de croissance qu'entraîne cet épisode.
«Nous savons très peu de choses sur la façon dont l'arbre consacre ses ressources à ce moment», dit-il. Il est possible par exemple qu'il s'efforce d'abord de rétablir ses réseaux racinaire et foliaire, avant de se remettre à grossir.
Ce qui fait dire à M. Ovenden que les études sur les arbres «nécessitent de prendre en compte la longue durée des processus à l'oeuvre pour qu'ils soient détectables».