Environnement Les arbres résistent de mieux en mieux à la sécheresse 

ATS

12.3.2021 - 06:44

Les arbres peuvent s'adapter à des climats arides sur un temps long, selon une étude. Des espèces de chênes deviennent plus résistantes aux Etats-Unis. Des pins écossais sont eux capables de compenser partiellement de forts épisodes de sécheresse.

Keystone-SDA

19 espèces de chênes, implantées dans l'Ouest américain, sont extrêmement résistantes à la sécheresse (archives).
19 espèces de chênes, implantées dans l'Ouest américain, sont extrêmement résistantes à la sécheresse (archives).
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«On pensait que les chênes vivant dans un milieu très sec étaient ultra-vulnérables», explique Sylvain Delzon, chercheur à l'INRAE de l'université de Bordeaux, qui a participé à une étude menée par des scientifiques américains et publiée dans la dernière édition des Proceedings de l'académie nationale américaine des sciences.

Elle a montré que 19 espèces de chênes, implantées dans l'Ouest américain depuis les forêts humides tempérées de l'Etat de Washington au nord, jusqu'aux déserts au sud de la Californie, étaient «extrêmement résistantes à la sécheresse», selon M. Delzon.

Un épisode de canicule extrême peut être fatal à toute plante. En temps normal, l'eau qui l'alimente emprunte un circuit de vaisseaux allant des racines jusqu'aux feuilles, d'où elle s'évapore pour l'essentiel. Quand l'eau vient à manquer dans le sol et que la hausse des températures accélère son évaporation par les feuilles, la pression de la sève dans les vaisseaux chute.

Une embolie

«Et arrivé à un certain seuil, on a l'apparition de bulles d'air» dans les vaisseaux, autrement dit une embolie, qui, en bloquant la circulation de la sève, finissent par tuer la plante, explique le chercheur de l'INRAE.

Les chercheurs ont établi que les espèces de chênes étudiées avaient une «large marge de sécurité contre l'embolie», en ayant notamment développé des vaisseaux très résistants. Pour mesurer cette marge, ils ont comparé le moment en laboratoire où apparaissent les bulles d'air dans les vaisseaux d'une branche, au stress que subissent sur le terrain les vaisseaux d'un arbre soumis à un fort épisode de sécheresse.

Les espèces étudiées, qui ont évolué sur des millions d'années, «sont en mesure de résister à un climat encore plus sec que l'actuel», selon Sylvain Delzon. En revanche, face à un changement climatique très rapide, «est-ce qu'elles sauront s'adapter aussi rapidement? Rien n'est moins sûr», selon lui.

Pins écossais

En Ecosse, une équipe de scientifiques menés par Thomas Ovenden, de l'université de Sterling, a analysé la capacité de récupération d'un peuplement de pins sylvestres, appelés aussi pin du Nord, à la suite d'un épisode sévère de sécheresse.

En étendant leurs observations sur neuf ans après cet épisode, ils ont observé que, si les arbres enregistraient initialement un déficit de croissance, la plupart retrouvaient un rythme normal quatre à cinq ans plus tard. Certains enregistraient alors une «surcroissance» pendant quelques années, selon leur étude publiée dans le Journal of Ecology en janvier dernier.

«Cela n'a jamais atteint le point où ils auraient retrouvé la taille qu'ils auraient dû atteindre sans épisode de sécheresse, mais cela leur a permis de réduire le déficit», a expliqué Thomas Ovenden. Il faut, selon lui, considérer les effets d'un épisode de sécheresse sur un temps long et ne pas se focaliser sur le seul déficit de croissance qu'entraîne cet épisode.