Santé mentaleEnquête sur les effets «néfastes» de TikTok sur les enfants
ATS
3.3.2022 - 01:47
Accusé de nuire à la santé mentale des enfants, Tiktok fait l'objet d'une enquête sur ses algorithmes et méthodes de marketing auprès des jeunes. La procédure a été lancée par des autorités américaines qui peinent à répondre aux défis posés par les réseaux sociaux.
03.03.2022, 01:47
03.03.2022, 08:36
ATS
Une coalition de huit Etats américains, dont la Californie et la Floride, ont annoncé mercredi le lancement d'une enquête sur la très populaire application, connue pour ses vidéos courtes, musicales ou parodiques, habilement sélectionnées par des algorithmes en fonction des goûts des utilisateurs.
Les autorités reprochent à TikTok, une filiale du groupe chinois ByteDance, d'inciter les enfants à y passer toujours plus de temps. Aux Etats-Unis, TikTok est accessible aux moins de 13 ans tant qu'ils utilisent une version modifiée pour eux.
«Nos enfants grandissent à l'ère des réseaux sociaux – et beaucoup ressentent le besoin de se mesurer à ces versions filtrées de la réalité qu'ils voient sur leur écran», a déclaré Rob Bonta, le procureur général californien dans un communiqué.
«Nous savons que cela a des effets dévastateurs sur la santé mentale et le bien-être des enfants. Mais nous ne savons pas ce que les entreprises elles-mêmes savaient et depuis quand», a-t-il ajouté.
Dégâts psychologiques
Cette investigation fait suite à celle menée par de nombreux procureurs généraux sur Meta, la maison mère de Facebook. Ils reprochent au géant des réseaux sociaux de promouvoir Instagram auprès des plus jeunes et d'avoir ignoré des rapports internes sur les souffrances que peut susciter l'application, d'après des documents révélés à l'automne par la lanceuse d'alerte Frances Haugen.
Leurs propres recherches «montrent que l'utilisation d'Instagram est associée à des risques accrus de dommages à la santé physique et mentale des jeunes, notamment de dépression, de troubles de l'alimentation et même de suicide», avait alors souligné la procureure générale du Massachusetts Maura Healey.
«Meta n'a pas réussi à protéger les jeunes sur ses plateformes et a choisi à la place d'ignorer voire, dans certains cas, de renforcer des pratiques qui constituent une menace réelle pour la santé physique et mentale – exploitant ainsi les enfants pour faire des profits», avait-elle assené.
TikTok a réagi à l'annonce de l'enquête en promettant de «fournir des informations sur les nombreux mécanismes de sécurité et de protection de la vie privée que nous avons pour les adolescents», a indiqué un porte-parole.
«Nous sommes très soucieux de construire une expérience favorable au bien-être de notre communauté, et nous apprécions que les procureurs généraux se concentrent sur la sécurité des plus jeunes utilisateurs».
«Même numéro» que Meta
Les Etats américains veulent examiner les «techniques utilisées par TikTok pour encourager les jeunes» à y passer plus de temps, à réagir aux contenus et interagir avec les créateurs, ont-ils indiqué dans un communiqué mentionnant la Californie, la Floride, le Kentucky, le Massachusetts, le Nebraska, le New Jersey, le Tennessee et le Vermont. Il s'agit de «protéger les enfants et de soutenir les parents», a assuré le procureur général du Vermont, Thomas Donovan.
En septembre, Instagram a suspendu le développement de sa version destinée aux moins de 13 ans, mais d'une façon générale, les remontrances et accusations des élus et procureurs ont eu peu de conséquences tangibles sur les entreprises concernées.
Les autorités américaines ont eu beau durcir le ton ces dernières années contre les grandes plateformes qui ont accumulé d'immenses pouvoirs économiques et politiques, elles manquent de solutions concrètes et rapides, étant donné les délais dans les tribunaux ou les contraintes pour faire passer de nouvelles lois.
«Je ne crois pas que TikTok ait beaucoup de raisons de s'inquiéter», a commenté l'analyste Carolina Milanesi, de Creative Strategies. «Ils vont devoir faire le même numéro que Meta, c'est-à-dire détailler leurs fonctionnalités pour la sécurité», mais «cela ne va pas avoir d'effet sur les usages».
«Instagram a expliqué qu'il ne crée pas les contenus, ce sont les jeunes qui les mettent en ligne et les regardent. Bien sûr, mais ils ont quand même une responsabilité en termes de gestion des contenus, et c'est là que tout devient flou», a-t-elle conclu.